Nevers | Viols incestueux : 13 ans de réclusion pour le père, 6 ans de prison pour la mère

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Ensemble, ils ont commis des privations de soins et plusieurs autres formes de maltraitances.
Dans la soirée du mercredi 2 juin, la cour d’assises de la Nièvre a reconnu un couple de quadragénaires coupables de tout ce que leurs enfants avaient révélé sur eux, soit le catalogue des horreurs d’une vie familiale gangrenée par les abus sexuels et les violences.

Le jury est réapparu à 23 h, après trois jours de débats et un peu plus de sept heures de délibérés. Toutes les parties civiles étaient présentes dans la salle. Leur père et leur mère n’ont exprimé aucune émotion à la lecture du verdict par le président Sami Ben Hadj Yahia.

Les demandes du parquet ont été suivies sur la requalification des faits. Seul l’homme a été condamné pour des viols. Sa compagne l’a été pour des agressions sexuelles. Ensemble, ils ont commis des privations de soins et plusieurs autres formes de maltraitances.

L’accusé encourait 20 ans de détention ; 15 ans avaient été requis. Il a écopé de 13 ans de réclusion criminelle. L’accusée encourait 10 ans ; 7 ans avaient été requis. Elle effectuera 6 ans d’emprisonnement.

Dans ses motivations, la cour a mis en avant la précision et la constance des déclarations des enfants, ainsi que la profondeur de leurs troubles, opposées aux personnalités manipulatrices de leurs parents et à leurs explications qui n’ont pas été jugées crédibles.

Le père soutient, notamment, que plusieurs de ses filles ont été victimes d’attouchements lors de leur placement dans un foyer éducatif et qu’elles ont pu, dans une grande confusion émotionnelle, le mêler à ces souvenirs. Ainsi, son hypothèse a été rejetée.

Le retrait total de leur autorité parentale

« La gravité de ces faits impose le retrait total de l’autorité parentale », a énoncé le président. Le couple n’a plus aucun droit sur les parties civiles. À leur sortie de prison, ils ne pourront pas, non plus, exercer d’activité bénévole ou professionnelle en contact habituel avec des mineurs.

Enfin, ils seront soumis à un suivi socio-judiciaire, de dix ans pour lui et de sept ans pour elle, comprenant une injonction de soins.

Source : lejdc.fr

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Ce dernier n’a pas voulu parler de ses « parents » devant les gendarmes. Il a employé un autre mot :

« Les monstres ».

Après s’être intéressée à la personnalité de la mère des victimes, dans la matinée de lundi 31 mai, la cour d’assises de la Nièvre s’est penchée, dans l’après-midi, sur le profil du père.

Un psychiatre dépose :

« Il m’a donné l’impression qu’il prenait un certain plaisir à tenter de me faire croire à des choses qui n’étaient pas vraies ».

L’expert a deviné « un goût pour la dissimulation et la manipulation » chez cet homme de 45 ans, qui élude précautionneusement le récit de soi « par des réponses très directes mais inconsistantes, qui coupent court à toute tentative d’approfondissement ».

Par exemple, lorsque le psychiatre aborde le placement successif de tous les enfants de l’accusé par les services sociaux, celui-ci rétorque ne pas savoir pourquoi. Avec « une grande assurance » et sans trahir de « pénibilité personnelle ».

Il sait pourtant qu’ils ont dénoncé des violences sexuelles et physiques.

Sa fille adoptive, notamment, a raconté qu’il la faisait monter dans son camion lors de ses missions d’intérim dans le transport routier. Elle avait 16 ans. Il s’arrêtait sur des parkings pour lui lécher le sexe.

Il reconnaît ces rapports qu’il décrit comme pleinement consentis, voire imposés par l’adolescente.

« On s’était énormément rapprochés, car on pouvait parler ensemble. Pas comme avec sa mère, qui s’emportait rapidement. Après… on est allé trop loin. »

La jeune fille en a parlé très vite. Puis s’est rétractée. Sur pression de sa mère, soutient-elle. Elle a déposé plainte une fois devenue adulte et maman à son tour.
La procédure lancée dans l’Yonne a été jointe à celle ouverte dans la Nièvre après les révélations des autres parties civiles encore mineures.

Celles-ci, lors des auditions, ne sont quasiment pas parvenues à parler de ce qu’elles ont vécu. Elles ont préféré le dessiner (les images, particulièrement dérangeantes, sont projetées à la cour).

Les familles d’accueil, qui les ont recueillies, ont été témoin des expressions de leurs intenses troubles intérieurs et de comportements masturbatoires frénétiques, inadaptés à leurs âges.

En défense du père, Me Élodie Picard malmène le directeur d’enquête, lorsqu’il est appelé à la barre. Elle considère que les questions du gendarme aux parties civiles étaient fermées et qu’il a pu y avoir confusion avec des agressions sexuelles dont certaines ont été victimes dans les foyers éducatifs qu’elles ont, un temps, fréquentés.

L’avocate lance :

« Quand je vois ce procès-verbal, je fais des bonds ».

Précisions. Le procès se tient à huis clos, durant trois jours, au palais de justice de Nevers.

À la demande de l’avocat général, le Journal du Centre peut assister aux débats. Conformément à notre charte de déontologie et afin de garantir l’anonymat des parties civiles, qui dénoncent des violences sexuelles durant leur minorité, nos articles ne comprennent aucun nom ni lieu.

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