Nevers | 4 ans ferme pour un père incestueux qui agressait sa fille dans les années 90

Un sexagénaire a été condamné mardi 13 novembre par le tribunal correctionnel de Nevers pour des agressions sexuelles sur sa fille, adolescente dans les années 1990.

Illustration © Frédéric LONJON

“Nous sommes dans l’horreur”, décrit l’avocate de la victime, Me Clémence Mathieu. “D’autant qu’il n’hésitait pas à culpabiliser sa fille. Il lui rappelait que sa mère était malade et que, si elle ne voulait pas qu’il aille voir d’autres femmes, il fallait qu’elle se laisse faire…”

“Vous avez tué l’enfance de votre fille”, assène le procureur, Alexa Carpentier, à Jacky, 63 ans, lors de son procès, mardi 13 novembre, devant le tribunal correctionnel de Nevers.

“Vous avez mis sa vie en vrac et vous ne le regrettez même pas.

Vous regrettez seulement pour vous-même, de vous retrouver là.”

Jacky admet qu’il s’est retrouvé dans le même lit que sa fille, qu’il y a eu des attouchements.

“Mais jamais de pénétration, ça c’est certain.”

Il ajoute :

“Ça venait d’elle.

Je faisais semblant de dormir pour… pour ne pas être le fautif.

C’était une faiblesse de ma part.”

Les dépositions de la victime sont bien différentes.

Le président, Jean-Luc Alliot, les lit au prévenu.

Dans tous les détails, y compris les plus insupportables.

“Mais vous me posez des questions délicates, là”, réagit Jacky.

“Délicates ?

C’était avant qu’il fallait trouver cela délicat”, rétorque le magistrat.

Quand il est demandé au retraité de décrire sa fille, “méchante” est le premier mot qui lui vient.

Tout ceci serait une conspiration pour le dépouiller.

Face aux gendarmes, il est allé jusqu’à la trouver “vicieuse”.

C’était lui la victime, lui qui était violé par sa fille.

“C’est bien connu, les élèves de sixième sont des allumeuses”, s’agace la procureur à l’évocation de ces déclarations.

La victime a déposé plainte vingt ans après le début des faits.

Elle a hésité longtemps “par peur de représailles” de Jacky sur elle et sur sa mère, révèle Me Clémence Mathieu.

Le prévenu est, à l’appui, décrit par plusieurs témoins comme un “tyran domestique”, violent, infidèle, manipulateur.

Me Vincent Billecoq, en défense, s’insurge contre une enquête uniquement à charge.

“Ces témoins étaient tous sur une liste fournie par la partie civile à la gendarmerie.

Pourquoi personne d’autre n’a-t-il été interrogé ?

J’aime la justice, moi, je n’aime pas la corrida, je n’aime pas la mise à mort.”

En pointant “le petit sourire en coin qu’a eu le prévenu durant l’audience, y compris pendant la plaidoirie de la partie civile”, Alexa Carpentier maintient le portrait d’un personnage “sans vergogne”, “sans empathie”, “dangereux”, ainsi que dépeint dans l’expertise psychiatrique.

Elle demande cinq ans de prison dont quatre ans ferme.

La prévention porte sur des agressions sexuelles, pas sur des viols, un crime passible de la cour d’assises.

Le parquet a choisi de correctionnaliser l’affaire, avec l’accord de la partie civile.

Le tribunal suit les réquisitions.

Juridiquement, Jacky n’a jamais défloré sa fille.

Mais la justice l’a néanmoins désigné coupable d’un “meurtre de sa féminité”, selon une autre formule d’Alexa Carpentier.

Il n’a plus le droit d’entrer en contact avec le reste de sa famille.

Et il est désormais privé de ses droits civiques et civiles.

Source : Le Journal du Centre

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