Muret | Procès en appel annulé : «Ma fille doit comprendre»

Violée par un voisin qui a été condamné à 10 années de prison, une enfant attendait le procès en appel de son bourreau. Il n’aura pas lieu. Sa mère et son père ne comprennent pas.

Violée par un voisin qui a été condamné à 10 années de prison, une enfant attendait le procès en appel de son bourreau. Il n’aura pas lieu. Sa mère et son père ne comprennent pas.

Vanessa respire profondément et sèche ses larmes d’un revers de main.

Cette mère de famille s’avoue «très déprimée».

«Depuis que j’ai découvert ce que ma fille a vécu, c’est très difficile. La découverte des viols, l’instruction, le procès, attendre l’audience d’appel… Ce deuxième procès n’aura pas lieu et nous ne comprenons pas.»

Entre juillet 2012 et juillet 2013, à Muret, une petite fille alors âgée de 7 à 8 ans, a subi des viols.

Un voisin lui avait proposé des cours de guitare.

«Je me suis longtemps méfiée, même opposée, avant d’accepter», se souvient la mère qui croisait ce père tous les jours dans son immeuble.

Un enchaînement d’événements a provoqué la découverte des crimes.

«Ce jour-là, j’ai tourné comme un lion en cage. Je voulais descendre un couteau de cuisine à la main mais j’ai pensé à ma fille, à mon fils. Je n’ai pas voulu les abandonner.»

Face aux questions de la mère en colère, le voisin, Denis Baldacchino a lâché :

«Je suis désolé mais je n’étais pas moi-même ce jour-là…»

En réalité, l’enquête des gendarmes puis l’instruction ont démontré de multiples viols.

«Chez le juge, j’ai regardé toutes les photos. C’était… J’ai tenu. Sur les derniers clichés, j’ai découvert une petite fille qui n’était pas la mienne.»

Le père de l’enfant n’a pas pu.

«Moi je regardais les ciseaux sur le bureau du juge… Mon avocate m’a obligé à sortir.»

Ces investigations supplémentaires ont confirmé ces autres viols sur une deuxième victime.

Devant la cour d’assises de la Haute-Garonne, l’accusé a reconnu la totalité des faits.

Décrit «manipulateur et pervers» par les experts, Denis Baldacchino a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle avec 5 années de suivi sociojudiciaire.

«L’avocat général avait requis 18 ans. L’appel du parquet était donc logique.»

Seulement après 14 mois de patience, «et son lot d’angoisse», le parquet général s’est désisté.

«Nous ignorons pourquoi. Nous avons juste reçu un courrier du président de la cour d’assises d’appel, celle du Tarn.»

Une surprise, une terrible déception.

«Ma fille, qui a 12 ans, ne comprend pas. Elle a le sentiment qu’on lui vole quelque chose. Nous nous interrogeons. Pourquoi se désister ? Pourquoi abandonner les poursuites contre un violeur d’enfant ? Nous méritons une explication. Ma fille attend des réponses. Ces réponses elle en a besoin pour reconstruire sa vie !»

Source : La Dépêche