
Morlaix | L’ancien entraîneur d’escrime condamné pour agressions sexuelles sur mineures
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 27/05/2025
- 14:15

Les sourires ont remplacé les larmes sur les visages.
Trois jeunes filles ont soufflé de soulagement lorsque le président de la chambre correctionnelle du Tribunal judiciaire de Brest a déclaré coupable lundi 19 mai leur ancien entraîneur au club d’escrime de Morlaix.
L’homme, âgé aujourd’hui de 41 ans, a été condamné à deux ans de prison avec sursis.
Il ne pourra plus jamais travailler au contact de mineurs.
L’affaire avait éclaté en juin 2021, lorsqu’une psychologue scolaire avait alerté le procureur.
Une adolescente lui avait confié son mal-être et dénoncé des agissements de son maître d’armes.
Il invitait les filles à se doucher chez lui
Entre 2016 et 2020, l’intéressé a reçu chez lui à plusieurs reprises de jeunes escrimeuses pour des séances de “renforcement musculaire” qui se poursuivaient par des massages ambigus ou des temps de relaxation.
Il invitait ensuite ses élèves à profiter de sa salle de bain pour se doucher.
Plus de 4.000 images pédopornographiques et 20 vidéos seront retrouvées au domicile du suspect.
Parmi elles, des scènes d’adolescentes sous la douche enregistrées à leur insu.
Trois licenciées du club sont identifiées, dont une très jeune née en 2008.
Un choc pour les parents, dont certains sont bénévoles à l’ECM.
Le père d’une victime est même devenu ami avec l’éducateur.
Les filles, âgées aujourd’hui de 17 ans pour l’une et 22 ans pour les deux autres, racontent leur souffrance à la barre.
Crises d’angoisse, insomnies, troubles alimentaires, idées suicidaires…
“Mon adolescence a été volée”, sanglote l’une d’elles.
Elle a depuis quitté les dojos :
“L’escrime est le seul sport que j’ai aimé, mais c’était devenu un calvaire.”
3 ans avec sursis requis
Le prévenu n’a encore jamais eu affaire à la justice.
Grand et costaud, la barbe fournie et les cheveux noirs hirsute, il s’exprime calmement et reconnaît la plupart des faits, invoquant une “curiosité malsaine” et l’envie de “transgresser un interdit”.
En revanche, l’homme nie les agressions :
“Je n’ai jamais passé la main sous un vêtement.”
Un jour, il accueille les filles avec un jogging troué laissant apparaître son sexe.
À la barre, il plaide l’accident involontaire, voire l’acte inconscient.
L’avocate de la Fondation pour l’Enfance appelle le tribunal à ne pas banaliser la détention d’images pédopornographiques, faisant un parallèle avec l’affaire Le Scouarnec.
“C’est déjà un passage à l’acte, j’appelle ça du recel de viol d’enfant”, s’indigne-t-elle. Pour Me Elma Kraisnik, l’avocate des victimes et de leur famille, “ce flot d’images révèle une attirance perverse pour le corps de l’enfant”.
“On se demande quelle aurait été la prochaine étape”, abonde la procureure Elsa Guyonvarch, qui demande 3 ans de prison avec sursis.
L’avocate de l’ancien entraîneur, Me Marine Garrec, tente en vain d’obtenir la relaxe pour les faits d’agression sexuelle, qui selon elle “n’ont pas eu lieu”.
Son client finit par s’excuser à la toute fin de l’audience :
“Je suis sincèrement désolé du tort que j’ai causé. Le plus douloureux pour moi c’est tout le mal que j’ai pu faire à ces jeunes filles. Je voulais les emmener vers le haut, mais au contraire je les ai envoyées par le fond.”
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