Montpellier | Jorge Martins gourou de la secte Anathor condamné à 18 ans de prison

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Anathor, du polyamour aux viols
Accusé de viols et d’abus de faiblesse, le gourou Jorge Martins, un faux psychothérapeute devant la justice à Montpellier

Après quatre ans de détention provisoire, l’homme à l’origine d’Anathor, une communauté aux allures de secte, comparaît à partir de ce mercredi 24 septembre devant la cour criminelle de l’Hérault.

Il est accusé de faits de viols, d’agressions sexuelles, d’abus de faiblesse et de dérives sectaires.

À partir de ce mercredi 24 septembre 2025, un psychothérapeute autoproclamé, accusé de « viols, d’agressions sexuelles, dont plusieurs sur mineurs, d’abus de faiblesse et de dérives sectaires », comparaît devant la cour criminelle de l’Hérault, et ce jusqu’au 30 septembre.

En détention provisoire depuis quatre ans, l’homme de 51 ans devra répondre de ces actes, notamment des accusations portées par d’anciens adeptes de la communauté d’Anathor, qu’il a lui-même fondé au cœur de Montpellier.

Il encourt jusqu’à vingt ans de réclusion criminelle.

Anathor, du polyamour aux viols

Tout commence en 2019, dans un bar du centre-ville montpellierain.

À cette époque, l’accusé réunit lors de conférences sur le développement personnel des jeunes adultes, pour la plupart des étudiants, indique La Gazette de Montpellier.

Lors de celles-ci, l’homme y défend notamment le polyamour (le fait d’aimer plusieurs personnes en même temps) et prône la « libération émotionnelle ».

À force d’échanges, le petit groupe, devenu la communauté d’Anathor, s’installe dans un appartement dans le quartier historique de l’Écusson, au cœur de la ville.

Comme le détaille Midi Libre, l’accusé « louait des chambres à ses disciples, dispensait des conférences […] animait des stages payants, tout comme quand il tirait les cartes de tarot à ses proies, des jeunes gens » aux « parcours cabossés », isolant ces derniers de leur cercle familial et amical, selon un ancien adepte ayant dénoncé ses agissements.

C’est ici que l’homme, aujourd’hui âgé de 51 ans, incite les membres de sa communauté, qualifiée de dérive sectaire par la Miviludes, « à avoir des relations sexuelles, parfois collectives, sous l’emprise de drogues comme le LSD ou la MDMA », poursuivent nos confrères de La Gazette.

Derrière celui qui se prétend « psychothérapeute » et « psychologue » sur son site internet, se cache en réalité un ancien commercial, issu d’une famille de témoins de Jéhovah, qui ne dispose d’aucun diplôme médical, indiquent nos confrères de France 3 Occitanie.

Le quinquagénaire décrit comme « provocateur, imbu de sa personne et impulsif », avait pour habitude de faire « s’agenouiller ses fans devant lui », détaille le quotidien Midi Libre, citant l’enquêtrice de personnalité.

« Si une femme s’est fait violer c’était qu’elle le désire au fond d’elle », défend le faux professionnel lors des conférences qu’il anime.

Lors de ses supposées séances de psychothérapie, l’accusé va jusqu’à entretenir un rapport sexuel avec une jeune femme pour que son petit ami « travaille sur la notion de jalousie », rapporte la presse locale.

Plusieurs plaintes à son encontre

En septembre 2021, l’homme, qui faisait l’objet de signalements depuis des mois, est finalement arrêté.

Plusieurs de ses « patientes » ont fini par porter plainte, expliquant avoir été sous emprise et que certaines relations sexuelles leur avaient été imposées en raison de leur fragilité ou par la prise de stupéfiants, indique l’Agence France-Presse (AFP).

Il est alors mis en examen pour « exercice illégal de la médecine », « détention et usage de stupéfiants », mais aussi « abus de faiblesse ».

Le quinquagénaire avait notamment été signalé par l’ARS Occitanie (Agence régionale de santé) avant d’être incarcéré, précise France 3 Occitanie.

Des violences sexuelles dans la sphère familiale

Devant la cour criminelle de l’Hérault, l’homme devra également répondre des accusations de sa fille et de ses deux anciennes belles-filles pour des faits de violences sexuelles alors qu’elles étaient mineures.

En 2016, une plainte à son encontre avait notamment été déposée par l’une des filles de son ex-compagne.

Cette dernière, qui l’accuse également de violences, avait été mise en examen pour « complicité de viol », avant de bénéficier d’un non-lieu.

D’autres accusations s’ajoutent à ce dossier, notamment celles de la propre fille de l’accusé, « qui évoque des gestes déplacés ».

Elle rapporte « que son père lui a fait boire de l’alcool à 9 ans, lire des livres érotiques à 11 et fumer du cannabis à 15 ans », énumère Midi Libre.

L’homme conteste les viols sur mineures

« Je conteste toujours les viols sur mineures », a déclaré l’accusé au premier jour de son procès.

Quant à son exercice de « psychothérapeute », l’accusé a finalement concédé :

« J’étais parti du principe que j’avais assez de compétences pour aider, mais c’est devenu n’importe quoi », rapporte l’AFP.

« On faisait quelques séances, on devenait amis, il y a des moments où c’est venu », a-t-il également précisé, à propos des relations sexuelles au sein du groupe, ajoutant avoir toujours laissé « les gens disposer de leur propre volonté ».

Le verdict est attendu le 30 septembre.

Le gourou présumé de la secte Athanor de Montpellier n’aurait pas fait que des victimes au sein de sa communauté.

Jorge Martins Correira est également poursuivi pour des violences, contraintes et agressions sexuelles sur son ex-compagne mais aussi sur ses deux belles-filles, à l’époque âgée de 6 et 13 ans.

En 2015, Jorge rencontre son ex-compagne qui a déjà deux filles, alors âgée de 6 et 13 ans.

Des belles-filles assises face à lui, au premier rang du public, qui l’accusent de viols par pénétration digitale et d’agressions sexuelles.

Des faits qui auraient été commis pendant quatre ans.

Son ex-compagne est présente aussi, Jorge Martins Correia est accusé de violence, contrainte et agressions sexuelles à son encontre.

Drogue, viols, et corruption

L’aînée des deux sœurs déclare à la barre avoir été droguée, puis violée.

La plus jeune parle de pénétration digitale.

Des faits qualifiés d’incestueux par la cour d’appel.

Jorge Martins Correia aurait aussi eu un comportement plus que douteux avec sa propre fille.

Il lui aurait fait boire de l’alcool à 9 ans, lire des livres érotiques deux ans après et fumer du cannabis à ses 15 ans.

L’adolescente consommait également des champignons hallucinogènes, du LSD et de la MDMA avec les adeptes de l’Athanor.

Elle témoigne aussi du fait que son père était obsédé par le sexe, et précise qu’il laissait des jouets sexuels visibles et accessibles.

Climat familial toxique

“Les viols c’est horrible, mais le pire c’est de voir comment il nous a tous détruits”, témoigne la plus jeune des deux belles-filles.

Car les deux sœurs racontent aussi un climat familial toxique.

Leur mère, violentée par le présumé gourou.

Des scènes de sexe entre adeptes de la microcommunauté l’Athanor, auxquelles elles assistent, depuis le trou d’une grille d’aération.

Des scènes de baignades collectives nues dont elles sont également témoins.

L’expertise psychologique de l’une des belles-filles révèle:

“L’histoire de vie semblait témoigner d’un environnement familial insécure, avec des carences affectives, des violences psychologiques ayant favorisé une estime de soi fragile et une perte totale de repères”.

Céline Aubert-Egret, journaliste à France 3 Occitanie qui a couvert le procès, raconte :

“À la fin du témoignage de l’aîné, à la sortie du tribunal, les gens avaient les yeux rouges, la mine défaite. On voyait qu’ils étaient vraiment chamboulés. La défense n’a d’ailleurs pas voulu répondre à notre interview à ce moment-là”.

Une plainte en 2017… tombée dans l’oubli

Des faits qui conduisent à l’arrestation de Jorge Martins Correira en 2021, puis à son incarcération.

Pourtant, dès 2017, une plainte pour agression sexuelle avait été déposée par le père et la grand-mère des belles-filles.

Une plainte pour laquelle Jorge Martins Correira n’aurait jamais été entendu.

Ce sont les signalements de Florent Descroix, le lanceur d’alerte sur des agissements de dérives sectaires, qui auraient finalement conduit la justice à s’intéresser à nouveau à cette plainte.

Présumé gourou et prétendu psychothérapeute

Trois types de victimes sont à distinguer au cours de ce procès, le témoignage des belles-filles, l’abus de faiblesse reconnu sur huit adeptes de l’Athanor ainsi que l’agression sexuelle sur l’une des membres du groupe, mais aussi des chefs d’accusation sur une patiente que le psychothérapeute autoproclamé a suivi à son cabinet.

Autiste Asperger, la patiente a été droguée par Jorge Martins Correia, qui lui a soutiré 1.500€.

En effet, Jorge Martins Correira se prétendait psychothérapeute depuis 2011 et a reçu des dizaines de patients à son cabinet.

“Dès ce moment-là, il a commencé à proposer à des personnes des pseudo-suivis thérapeutiques. Par ce biais-là, il arrivait à avoir une approche sexuelle avec ses patients”, relate Maître Guilaine Michel, avocate de l’ex-compagne de Jorge Martins Correia.

D’après les adeptes et ses proches, ces microsectes sont en pleines expansions depuis la crise du Covid-19, particulièrement sous l’accroche psychothérapeutique.

Les victimes, treize au total, sont nombreuses à présenter un profil fragile et de quête identitaire.

L’accusé, fils de témoins de Jéhovah, conteste toute emprise et l’ensemble des accusations portées à son encontre.

Un jeune couple, ex-adepte de Jorge Martins Correia, accusé de dérive sectaire, d’agressions sexuelles et de viol sur fond d’usage de drogues, a raconté à la cour criminelle de l’Hérault comment l’emprise s’est peu à peu refermée sur eux.

Lorsque Julien (le prénom a été modifié) se présente à la barre ce vendredi 26 septembre, il reconnaît ne toujours pas comprendre ce qui s’est passé.

« Comment j’ai fait pour suivre ce gars, ce pervers ? J’étais jeune, en construction, je pense que j’avais besoin d’aide, d’être accompagné par un vrai thérapeute. Je n’ai que ça comme explication », lâche-t-il devant les juges de la cour criminelle de l’Hérault à Montpellier

L’émotion à fleur de peau. Julien a 23 ans lorsqu’il fait la rencontre de Jorge Martins Correia qu’il trouve alors « charismatique », persuadé de la chance qu’il a de le fréquenter.

« J’avais un passé compliqué avec les femmes, je pensais qu’il allait m’apprendre et m’aider à vaincre une de mes failles, mon manque de confiance en moi ».

Une séance à quatre sur fond de relations sexuelles et prise de drogue

C’est lui qui propose à sa compagne Lucie (prénom modifié), également partie civile au procès, de rencontrer Jorge Martins Correia, elle qui souhaitait expérimenter le polyamour, l’un des tantras qu’affectionne tout particulièrement le pseudo-thérapeute qui règne sur sa communauté de L’Athanor.

Pour l’anniversaire de cette dernière, Julien lui offre un cadeau particulier : un massage tantrique à quatre mains réalisé par Jorge Martins Correia et sa compagne de l’époque.

« Moi je n’étais pas très partant, j’étais plus en quête de développement personnel. Mais j’étais amoureux de Lucie… » souffle Julien à la barre.

Là, premier dérapage, avec une pénétration digitale de Jorge Martins Correia sur Lucie en présence de Julien.

« Je me souviens que je pleure beaucoup », raconte-t-elle à la barre.

« Jorge Martins Correia avait-il recueilli votre consentement ? » lui demande alors la cour.

« Non », répond Lucie.

« Malgré les pleurs de Lucie, Jorge Martins Correia a réussi à nous faire croire que c’était thérapeutique.

Ce sont les premiers événements que j’ai acceptés. Je me dis que je devais déjà être sous emprise car jamais je n’accepterais de telles choses aujourd’hui », analyse à la barre Julien qui évoque le lendemain d’une séance à quatre sur fond de relations sexuelles et prise de drogue.

« Je ressens beaucoup de honte sur ce qui s’est passé. Je n’avais jamais eu de rapport avec un homme, encore moins âgé de 45 ans alors que j’en ai que 23 ! Jorge Martins Correia me disait que pour avoir confiance avec les femmes, il fallait d’abord aller avec des hommes. »

« Il m’a humilié publiquement, me criant dessus, me disant que j’étais une merde »

Malgré tout, Julien revient à chaque fois vers la communauté de L’Athanor, « comme si c’était le meilleur moyen d’accepter ce qui s’était passé », analyse-t-il depuis, tiraillé par la peur d’avoir « manqué quelque chose », d’autant que lorsqu’il n’est pas là, Jorge Martins Correia se rapproche avec insistance de sa compagne Lucie.

La même qui a raconté à la barre sentir « devoir passer à la casserole » :

« Avec le recul, je réalise que j’ai toujours vécu dans cette ambiance », confie-t-elle, évoquant un père abusif durant son enfance.

Elle finira par céder à celui qui lui assure « que dégoût et désir sont les deux faces d’une même pièce », se souvient-elle.

Durant une séance en particulier, la compagne de Jorge Martins Correia lui tient les bras pendant une relation sexuelle avec lui.

Sur le moment, Lucie est « sidérée » se souvient-elle, mais ne proteste pas.

Une ultime séance, sous LSD, marque la rupture pour Julien avec la communauté Athanor et son guide.

Il raconte en larmes :

« Je n’étais pas d’accord que Jorge Martins Correia couche avec Lucie alors il m’a humilié publiquement, me criant dessus, me disant que j’étais une merde, que je n’arriverai jamais à rien. J’ai fini par terre, en pleurs. Ce jour-là, il a cherché à m’anéantir. »

« Comment expliquez-vous aujourd’hui avoir admis tout cela, que pour ne plus être jaloux il faut voir sa compagne être aimée par un autre homme, que pour apprécier une femme, il faut d’abord aimer être avec un homme ? » égrène le président de la cour criminelle en questionnant Julien.

« On était tout le temps ensemble, pendant des mois. Aller à l’extérieur me faisait peur », répond le jeune homme.

Même l’avertissement de ses proches sur ce Jorge qu’ils trouvaient « bizarre », n’y changera rien.

« Ils m’ont fait confiance », murmure Julien.

Lucie quittera Athanor quelques semaines plus tard pour rejoindre Julien avec qui elle est toujours en couple.

Après « des heures de thérapies », elle confie avoir fini par comprendre « que tout ce (j’ai) vécu n’était que des viols », bien loin de tout (poly) amour.

L’accusé doit être interrogé ce lundi.

Le gourou condamné ce 30 septembre par la cour criminelle à 18 ans de réclusion criminelle, dont 12 ans de sûreté, pour des viols sur ses adeptes et sur deux ex-belles-filles lorsqu’elles étaient mineures ainsi que de corruption de mineure sur sa propre fille.

Âgé de 51 ans, Jorge Martins Correia a fondé une association de type sectaire, l’Athanor, dans laquelle il s’était autoproclamé psychothérapeute.

Il a également été condamné pour abus de faiblesse à l’encontre notamment de membres de la communauté dont il était le dirigeant incontesté.

Cette peine est conforme aux réquisitions prononcées lundi par l’avocat général, Jean-Luc Beck, mais elle est inférieure de deux ans à la peine maximale de 20 ans de réclusion que l’accusé encourait en théorie. En détention provisoire depuis quatre ans, il dispose de 10 jours pour faire appel.

Des relations sexuelles sous LSD et ecstasy

La cour a reconnu coupable cet homme au discours souvent confus d’avoir usurpé le titre de psychothérapeute, d’avoir dirigé une association de type sectaire – l’Athanor, qu’il avait fondé à Montpellier – et d’avoir placé sous un système de contrainte physique ou morale quatre de ses adeptes dans une « colocation » où il incitait ses adeptes à avoir des relations sexuelles sous LSD et ecstasy, de puissants hallucinogènes.

Les juges ont aussi condamné l’ancien gourou pour avoir violé une jeune femme qui avait fréquenté la communauté lorsqu’elle avait 22 ou 23 ans, notamment lors d’un « massage tantrique ».

À la barre, elle avait expliqué s’être sentie forcée de « passer à la casserole » pour satisfaire cet homme qui n’admettait pas la contradiction.

« J’imagine leur avoir toujours laissé le choix »

Jorge Martins Correia a aussi été jugé coupable du viol d’une ex-compagne, active à ses côtés au sein de l’Athanor.

Cette femme d’une cinquantaine d’années a dans un premier temps été poursuivie pour complicité, avant de bénéficier d’un non-lieu et de se porter partie civile, estimant après coup avoir été également sous son emprise et avoir été violée.

Dans son réquisitoire, l’avocat général avait estimé que les faits la concernant n’étaient pas prouvés mais la cour en a donc décidé autrement.

Les juges ont en outre jugé l’ex-gourou coupable de viols sur deux ex-belles-filles lorsqu’elles étaient mineures et de corruption de mineure sur sa propre fille.

« Je m’excuse auprès de tout le monde d’avoir été un sombre idiot qui ne voulait jamais avoir tort », a déclaré Jorge Martins Correia avant que la cour se retire pour délibérer.

« J’imagine leur avoir toujours laissé le choix », avait-il toutefois ajouté.

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