Montbert | Un père pédo accusé de viol sur sa fille se suicide avant son jugement
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 30/03/2023
- 03:44
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C’est la première fois à Nantes qu’un accusé se suicide au cours de son procès « depuis 25 ans », selon les observateurs attentifs de l’actualité judiciaire de la Loire-Atlantique.
Jeudi 23 mars, au lendemain de l’ouverture de son procès, ce père de famille, accusé de viol sur sa fille entre 2009 et 2016, à Montbert, n’est pas revenu au palais de justice : jeudi 23 mars 2023, il a été retrouvé pendu à un arbre dans cette commune qu’il a habitée pendant 7 ans, par les gendarmes d’Aigrefeuille-sur-Maine, avec sa convention obsèques et le numéro de téléphone de son épouse sur lui.
La cour criminelle n’a donc pas eu d’autre choix que de prononcer l’extinction de l’action publique à son égard, mais le procès de son ex-compagne s’était poursuivi malgré tout, à la demande, de leur fille.
Cette mère de famille était poursuivie pour non-dénonciation.
Un nouveau renvoi du procès, pour ne juger que sa mère, était en effet difficilement concevable : il avait déjà été renvoyé une première fois en octobre 2022, la justice étant si sinistrée qu’elle n’avait pas pu trouver en une semaine de remplaçant à un magistrat malade…
Elle avait témoigné sur instagram
La victime, dont le compte Instagram est suivi par 400 00 followers, avait à vrai dire déjà fait connaître son histoire, en témoignant à visage découvert dans une vidéo diffusée par O-Rigines, un média 100 % vidéo.
Placée dans une famille d’accueil par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) à 6 ans, l’étudiante de 23 ans y racontait comment son père s’était « donné l’objectif de [la] dépuceler avant [ses] 15 ans et demi » dès qu’il a été autorisé à la revoir.
Elle croyait alors que ses « caresses » étaient « normales », c’était pour lui « apprendre » comment faire avec son « futur amoureux », selon lui.
Lors de l’enquête, ce chômeur qui préférait « vivre la nuit » et qui était capable de jouer au poker en ligne « jusqu’à dix-huit heures par jour » avait assumé «être gueulard » : il attendait « le respect » et « l’obéissance » de sa « feignasse » de fille unique, après avoir lui-même connu « dix foyers en onze ans » et un père qui le battait « à coups de ceinturon ».
Il n’hésitait pas à la menacer de la « déposer en forêt comme leur lapin » et d’aller « dans un magasin pour acheter un autre bébé » .
Cette famille était en fait arrivée sur Nantes en provenance du Mans (Sarthe) dans l’espoir de « se débarrasser de proches qui n’en avait que pour leur argent » , selon les propos des parents rapportés par des travailleurs sociaux.
Une éducatrice avait présenté ce père de famille comme « assez parano » et « ayant peur des intrusions » dans la maison familiale.
Sous traitement médicamenteux, il s’était déjà livré à une première « tentative de suicide« par le passé, avait complété sa fille.
« Un charognard sur un bout de viande »
La fille déclare:
“Il se branlait devant moi, me demandait de faire des choses et avait fait des pénétrations avec les doigts”
Une de ses amies de collège à Aigrefeuille-sur-Maine avait d’ailleurs confirmé le caractère « paranoïaque » du père de famille incestueux:
« Il ne voulait pas qu’on prenne en photo sa fille et que sa famille puisse être localisée sur les réseaux sociaux »
Julie Taxil l’avocate de la partie civile déclare:
« Le fait qu’il soit joueur de poker pourrait paraître anecdotique, mais en réalité cela ne l’est pas tant que ça : un joueur de poker se doit de faire preuve de vigilance, d’anticipation et d’avoir toujours un coup d’avance pour garder la tête froide »
« Je ne sais pas si madame a été un pion entre ses mains, mais elle a prononcé onze fois le mot « pardon » sur la page et demi de retranscription de son audition. »
Sa cliente avait d’ailleurs « terriblement envie de pardonner » à sa mère pour son silence « mais il faut qu’il y ait ce temps judiciaire », soulignait l’avocate : la fille avait « besoin d’être crue« devant la cour criminelle de la Loire-Atlantique.
« Elle n’a aucune culpabilité à porter »
De la même manière que Julie Taxil avait « adapté » sa plaidoirie aux « conséquences éminemment dramatiques » du suicide du père, l’avocate générale avait elle aussi commencé son réquisitoire en évoquant ce « contexte bien particulier ».
L’avocate générale:
“J’imagine l’état de sidération dans lequel peut être la famille”
Toutefois, elle regrettait que la victime ne reparte pas avec « une vérité judiciaire« à l’issue de ce procès qu’elle attendait depuis 2017.
La représentante du parquet avait bien pris soin d’insister:
« Elle n’a aucune culpabilité à porter : elle n’est pas coupable du geste de son père, il en est l’unique décideur »
Si l’extinction de l’action publique a été constatée, il n’en reste pas moins que, pour la société que je représente, monsieur est coupable des attouchements et des pénétrations qu’il lui a imposées.
« Placée dans une situation morale complexe« , l’avocate générale avait néanmoins décidé de requérir une peine « importante » à l’égard de la mère de famille : elle « avait connaissance » a minima des « mauvais traitements », des « punitions inadaptées« et des « atteintes à la pudeur« de son compagnon, qui « visionnait des films pornographiques à la vue de tous ».
Dans ces conditions, elle avait requis douze mois de prison avec sursis simple pour cette chauffeure-livreure qui travaillait de nuit pendant que son compagnon jouait au poker en ligne.
Mais Loïc Cabioch, l’avocat de la défense, a finalement convaincu la cour d’acquitter purement et simplement sa cliente.
Elle et sa fille sont tombées dans les bras à l’issue du verdict.
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