Montauban et Saint-Aignan | Le procès du prédateur sexuel Alain Masse

Mise à Jour du 18/10/2017 – Pour le déroulement du Procès d’Alain Masse :  Alain Masse, accusé des viols de deux fillettes : «C’est un complot pour m’accuser»

La session d’assises de Tarn-et-Garonne qui reprend aujourd’hui et s’achèvera vendredi, aura à examiner une affaire de mœurs ayant eu lieu à Montauban.

Cette première affaire qui mobilisera, dès ce matin, les six nouveaux jurés tirés au sort s’étalera jusqu’à mercredi.

C’est dans un sordide huis clos familial que la cour d’assises présidée par Alain Gaudino, va se plonger.

Placé en détention provisoire depuis avril 2015, Alain M., 52 ans, est accusé d’avoir violé l’une de ses nièces alors âgée de neuf ans.

Les faits se seraient étalés durant six ans, de 2009 à 2015, à Montauban et Lamothe-Capdeville.

L’instruction diligentée par la juge montalbanaise Nicole Bergougnan dévoilait comme souvent dans ce gendre d’affaire, d’autres victimes.

La demi-sœur de la victime témoignait, elle aussi, avoir été sexuellement agressée par son oncle entre 1991 et 1993, à Saint-Aignan, alors qu’elle n’avait que 8 ans.

La propre sœur de l’accusé révélait avoir aussi déposé plainte contre son frère il y a vingt ans le soupçonnant d’attouchements sur son bébé de 3 ans.

Faute de preuve suffisante, ces faits ont été depuis classés.

À la défense, l’avocat toulousain Me Emmanuel Tricoire ne manquera, sans doute, pas de relever les messages et photos ambiguës de l’une des victimes.

Des posts sur facebook et skype dont la jeune femme aujourd’hui âgée de 17 ans, a toujours dit qu’il s’agissait de faux : son compte ayant été piraté.

De leur côté, les conseils des parties civiles Mes Jean-Lou Lévi et Charlotte Lévi, et Me Valérie Durand pointeront, sans du doute du doigt, que c’est ce même oncle qui offrait de nombreux cadeaux à sa très jeune nièce.

Parmi ceux-ci, un téléphone portable lui permettant de maintenir sa coupable relation avec sa nièce.

Après avoir nié les faits durant toute l’instruction, Alain M. a fini avant la clôture de l’affaire, par avouer avoir eu des relations sexuelles avec la fillette, «librement consenties» selon lui.

Source : La Dépêche

«Peut-on être consentante à 13 ans avec un homme qui a 48 ans?»

L’interrogation du président Alain Gaudino, posée tout au long des dépositions des témoins, aura été le marqueur de cette deuxième journée du procès d’assises d’Alain Masse, accusé à Montauban et Saint-Aignan des viols de deux sœurs âgées au début des faits de 8 et 9 ans.

Une question choquante pour le commun des mortels qui n’en demeurait pas moins au cœur des débats de ce procès.

Aujourd’hui âgé de 52 ans, l’accusé a maintenu, hier encore, n’avoir jamais contraint Marie (le prénom a été modifié) lorsqu’il avait eu des relations avec elle lorsqu’elle avait 12 à 13 ans.

«J’étais amoureux d’elle», lâchait-il laconiquement.

Les dépositions du père, de la belle-mère et de l’un des frères de Marie enfonçaient, un peu plus, les jurés dans ce sordide huis clos familial.

«Je faisais confiance à Alain.

C’est sûr, il a fait des bêtises avec ces attouchements, c’est une chose, qu’il ait violé, là c’est autre chose…», témoignait le père de Marie.

«Vous êtes en train de nous dire qu’il n’y a pas eu viol?, le retoquait le président.

Elle était donc consentante à 13 ans?»

«Je pense qu’elle l’était : sinon pourquoi elle ne m’en a pas parlé»

«Parce que vous n’étiez pas proche»

«Vous rigolez !»,

lui répondait du tac au tac le chauffeur routier de Valence-d’Agen qui se voyait vertement repris à l’ordre et menacé d’un outrage à magistrat.

«J’ai vu les messages sur son téléphone, pour moi, elle a eu des relations consenties», expliquait ensuite à la barre la belle-mère de Marie ne cachant pas son animosité contre la jeune femme.

«Elle est aussi consentante à 9 ans?», lui demandait le président.

«Franchement, je ne sais pas», répondait-elle de façon déconcertante.

«Marie a alors menti?» «À moi, elle m’a toujours menti»

«Mais pourquoi pensez-vous qu’elle était d’accord pour ses relations?», poursuivait l’avocate générale B. Lacan.

«Elle lui donnait des rendez-vous secrets, il lui faisait des cadeaux, et elle cachait ses petites culottes quand je faisais la lessive».

Des réponses qui faisaient toucher le fond et qu’épaissir le climat si particulier de cette fratrie.

Pour y voir plus clair, le président avait dû réaliser un organigramme généalogique dévoilant l’absence de repères, et le mélange des genres.

Une famille sans repère

La veille, en effet, la mère des victimes confirmait avoir eu une relation avec l’accusé, son beau-frère, au même moment où celui-ci imposait des relations sexuelles à sa fille (Marie) âgée de 13 ans.

On découvrait aussi que l’une des sœurs de l’accusé avec qui ce dernier avait avoué une relation sexuelle à 27 ans, s’est unie en seconde noce avec l’ex-mari de l’une des tantes des victimes.

Un autre «oncle» dont on apprenait de la bouche de l’un de ses fils, venu confirmer que l’accusé lui avait demandé très jeune de le masturber sous la douche, qu’il faisait lui aussi l’objet d’une procédure judiciaire pour des attouchements sexuels sur mineur.

Enfin pour clôturer ce tableau familial éloquent, il ne faut pas oublier que la propre belle-mère de Marie est aussi sa tante, le père de l’adolescente s’étant remarié avec l’une des sœurs de sa mère.

Dans cet imbroglio, l’interrogatoire de l’accusé et ce malgré les efforts de son avocat Me Emmanuel Tricoire, n’allait pas non plus permettre de libérer la parole.

Incapable d’avouer la contrainte morale qu’il imposa pour obtenir ses faveurs sexuelles, Alain Masse l’était tout autant pour formuler des excuses.

Un point que relayèrent avec brio les deux avocates des parties civiles, Mes Charlotte Lévi et Valérie Durand.

«Durant deux ans, vous avez imposé à Lora âgée de 8 ans des pénétrations digitales, des cunnilingus sur la table de la cuisine alors que son petit frère était à côté dans le couffin», plaidait Me Lévi.

«À qui pouvait parler Marie?

À sa mère qui couche avec l’accusé.

À son père? Toujours absent.

À sa belle-mère? La parole est impossible», plaidait Me Durand.

Cette dernière prenait le temps d’expliquer les messages envoyés par sa cliente à l’accusé.

«Ils sont la preuve flagrante de la manifestation de son emprise sur elle, comme dans une secte».

Avec pédagogie, l’avocate générale Bérangère Lacan qui requérait 15 ans de réclusion criminelle, expliquait à la fois la contrainte morale imposée par l’accusé, et sa dangerosité actuelle.

Le verdict est attendu ce mercredi.

Source : La Dépêche

Mise à Jour du 20/10/2017 – Alain Masse, reconnu coupable de viols, a été condamné à 15 ans de prison Ferme.

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