Maubeuge | Trois ans de prison ferme pour un septuagénaire

Mercredi dernier, le tribunal d’Avesnes s’est penché sur deux délicates affaires d’agressions sexuelles et de violences sur mineurs, dont une sur personne vulnérable, impliquant le même prévenu.

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La tension était palpable dans la salle d’audience en raison des faits, particulièrement difficiles à entendre.

En décembre 2014, un papa porte plainte : son fils de 16 ans lui a révélé avoir été agressé sexuellement à plusieurs reprises par un voisin.

Le prévenu, âgé de 72 ans, lui aurait caressé les fesses, l’aurait embrassé puis forcé à s’agenouiller avant de lui imposer des «  bisous sur le sexe  » et de toucher le sien.

Un examen psychologique de la victime met en évidence un déficit intellectuel et une immaturité certaine, qui peut expliquer qu’il soit retourné plusieurs fois chez ce voisin, qui l’attirait chez lui avec des bonbons.

D’où la qualification de personne vulnérable.

Son père n’a pu contenir ses larmes en entendant le déroulé des faits.

«  J’ai le sentiment d’avoir failli à la protection de mon fils. Je m’en veux. Rendez la justice pour lui.  »

Les explications du prévenu sont confuses, voire contradictoires.

Il prétend avoir été perturbé, invoquant de nombreux examens médicaux mais dit aussi que c’était un simple jeu.

Il reconnaît avoir embrassé l’adolescent.

«  Pourquoi   ?, lui demande la présidente, Anne-Florence Spilette. Il vous plaisait ?  »

«  Je suis pas de ce genre-là, moi  », lâche le Maubeugeois.

Il avance que le jeune aurait inventé tout le reste pour l’embêter et argue qu’il n’a plus de rapports sexuels depuis des années, que ça lui est physiquement impossible.

Un « prédateur »

Un deuxième papa se présente au commissariat, en juillet 2016.

Son fils de 13 ans a raconté à sa mère qu’un de ses voisins, le prévenu, l’a attiré chez lui, a essayé de l’embrasser, s’est couché sur lui et a frotté son sexe contre le sien.

Il a réussi à se sauver après avoir reçu en plein visage une bombe de recharge pour briquets lancée par l’homme pour l’empêcher de fuir.

À la barre, le prévenu admet s’être frotté contre lui mais sans arrières pensées.

C’en est trop pour le procureur, Jean-Gabriel Senglat.

«  Pensez-vous continuer à mentir de la sorte ? Pourquoi n’assumez-vous vos actes et le fait d’être attiré par les enfants ?  »

Le prévenu fait mine de ne pas entendre et fuit les questions.

«  Et là subitement vous n’entendez plus rien, comme c’est bizarre !  », tonne-t-il.

Me Gilliard, l’avocat de la première victime, évoque «  sa malchance d’avoir croisé le chemin de ce prédateur  ».

Il pointe «  le détachement du prévenu et l’incohérence de ses explications  ».

Me Maison, l’avocate de la seconde, déplore que les familles n’aient «  aucun début de réponse  » et n’entendent «  aucun regret sincère  ».

Le procureur a requis 48 à 60 mois de prison ferme.

Pour Me Boudjema, «  la solution réside plutôt en un long suivi psychiatrique  ».

Le tribunal a finalement condamné Ahmed Ouffa à trois ans de prison ferme avec une injonction de soins.

Source : http://www.lavoixdunord

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