Locminé | Peine dérisoire pour un homme qui a agressé plusieurs ado et violé l’un d’eux

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Étienne T. entre dans sa chambre, l’embrasse, lui baisse le pantalon, lui fait une fellation.
Un homme de 40 ans a été condamné pour des agressions sexuelles sur des garçons mineurs. Il nie tout en bloc.

Toute l’histoire est partie d’une soirée de crémaillère, organisée le 6 juillet 2019 à Locminé.

Une centaine de personnes sont invitées à cette fête, qui réunit notamment des familles qui se sont liées d’amitié lors de précédentes vacances en camping.

« L’impression d’avoir affaire à un pédophile »

Ce soir-là, un adolescent alerte son père.

En panique, le jeune garçon, Pierrick*, explique qu’un homme l’a approché, enlacé plusieurs fois, tenté de l’embrasser, et lui a touché le ventre et le torse.

L’adolescent explique à son père, « qu’il a eu l’impression d’avoir affaire à un pédophile ».

Le père observe l’agresseur de son fils toute la soirée et constate que l’homme tente de s’approcher des adolescents.

Après la fête, la famille porte plainte

Le lendemain, la famille porte plainte.

L’organisateur de la soirée est entendu, tombe des nues et alerte les parents des enfants présents à cette soirée.

C’est alors que « la parole se libère », selon les mots de la présidente du tribunal de La Roche-sur-Yon, devant lequel Étienne T., un homme de 40 ans, comparaissait lundi 27 septembre à la barre pour une série de faits « d’agression sexuelle imposée à un mineur de 15 ans et de plus de 15 ans », mais aussi pour « captation et diffusion d’image à caractère pédopornographiques ».

La parole se libère

Une autre famille, parents de David* et Théo*, dépose alors plainte contre le quarantenaire. David*, 17 ans aujourd’hui, révèle les agressions qu’il a subies et qu’il avait jusqu’alors cachées à ses parents, « parce qu’il avait peur et par volonté de les préserver ».

Il a d’abord assisté à l’agression de son petit frère Théo*, à l’été 2015.

Étienne T. est entré dans la chambre où les deux frères dormaient, il s’est glissé dans le lit, sur le petit garçon endormi et lui a fait des bisous et des attouchements jusqu’à ce que David* le chasse de la chambre.

Il agresse le garçon la nuit

Un an plus tard, à l’été 2016, alors que David* dort, Étienne T. entre dans sa chambre, l’embrasse, lui baisse le pantalon, lui fait une fellation.

Le garçon alors âgé de 12 ans est pétrifié, fait semblant de dormir et se retourne pour faire partir son agresseur.

La présidente du tribunal explique en lisant la déposition de l’adolescent:

« Il se sent très mal, il tente de vous éviter »

L’avocate des victimes et la procureure précise au cours de l’audience:

« Des faits qui aujourd’hui, relèveraient de la Cour d’Assises »

Au fil du temps, une relation se noue entre David* et Étienne T., relation que le prévenu qualifie de « père-fils ».

La présidente du tribunal rajoute:

« Je vous fais un résumé de l’historique des conversations que l’on a trouvé sur Messenger : vous dites que David vous manque, que vous l’aimez, que vous voulez un câlin, qu’il est beau gosse. Vous cherchez à savoir ce qu’il se passe dans sa vie amoureuse »

103 photos à caractère pédopornographique dans son ordinateur

Suite aux plaintes déposées, des investigations sont menées.

L’ordinateur d’Étienne T. est saisi et les enquêteurs retrouvent 103 photos à caractère sexuel, essentiellement des images d’enfants très jeunes, dénudés.

L’enquête révèle également plusieurs recherches sur internet avec les occurrences « ado endormi », « ado nu blanc massage », « gay adolescent ».

Placé en garde à vue à deux reprises, Étienne T. explique aux enquêteurs :

« Je suis excité quand je vois des adolescents avoir des relations sexuelles. »

Mais à la barre, il explique simplement :

« C’était de la curiosité. »

Le prévenu nie en bloc tous les faits qui lui sont reprochés.

Il justifie les attouchements et les embrassades par le « jeu »:

« J’ai peut-être eu des gestes déplacés, mais je n’ai jamais touché un enfant, je ne le ferai jamais. »

Son avocate remet en doute la parole des adolescents en démontrant point par point les « incohérences » entre les dépositions devant les enquêteurs et les déclarations faites à la psychologue ou aux parents.

Elle déclare:

« Ne faisons pas un mini Outreau »

« Pourquoi j’aurai été raconté tout ça ? »

Les deux adolescents à l’origine des plaintes viennent témoigner à la barre.

David, qui était engagé chez les Jeunes sapeurs-pompiers à l’époque déclare:

« Je confirme que tout cela est vrai. Pourquoi j’aurai été raconté tout cela à mon âge ? Je respirai la joie de vivre, je ne voulais créer de problème à personne »

Sa maman décrit une descente aux enfers « pendant deux années très difficiles ».
Crises d’angoisse, somnifères, stupéfiants :

« S’il est là aujourd’hui, ce n’est pas pour lui, mais pour éviter que d’autres enfants subissent la même chose que lui. »

Pour l’avocate de la défense, Maître Justine Alves:

« la dangerosité sexuelle du prévenu est avérée »

« les SMS sont édifiants, on y voit une emprise sur l’adolescent. La contrainte est caractérisée par la différence d’âge entre lui et ses victimes. »

« Vous gardez les yeux fermés »

La procureure pointe un prévenu « qui ne veut pas voir, qui garde les yeux fermés »:

« Non, Monsieur T., ce n’était pas une relation amicale ni amoureuse. Ce sont des agressions, commises sur une période très étendue et sur plusieurs victimes. Heureusement qu’aujourd’hui, nous avons David* et Pierrick*, pour dire que si, ça s’est passé, et qu’ils n’étaient pas d’accord »

La procureur requiert quatre ans de prison, dont un an avec sursis, un suivi socio-judiciaire, et une obligation de soins avec l’interdiction de rentrer en contact avec des mineurs et une inscription au Fichier des agresseurs sexuels.

Reconnu coupable

Étienne T. est reconnu coupable par le tribunal et condamné à deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis.

Il est soumis à un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans, devra se soigner et a l’interdiction de rentrer en contact avec les victimes ainsi qu’avec des mineurs, hormis ses enfants.

Il sera inscrit au fichier des délinquants sexuels.

Aux deux frères victimes d’agression sexuelle, il devra verser 3000 et 5000 €, ainsi que 1500 € à chacun de leur parent, et 1200 € au titre des frais d’avocat.

Pour l’adolescent à l’origine de la plainte, il devra verser 1500 € et 500 € à chacun des parents ainsi que 800 € de frais d’avocat.

Enfin, il doit également verser 500 € à chacun de ses trois enfants (le sien et ceux de sa femme) sur lesquels il était également accusé d’avoir tourné et diffusé une vidéo pornographique.

L’homme a dix jours pour faire appel.

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