Limoges | Vingt-deux ans après les faits, un homme condamné pour l’agression d’une petite fille de dix ans

Un homme de 50 ans a été condamné à Limoges à trente-six mois de prison dont dix ferme après avoir agressé une fillette de dix ans, en 1995

Il lui aura fallu seize ans pour oser franchir la porte d’un commissariat et déposer plainte contre son agresseur.

1er août 1995

Céline (*) a dix ans. Elle vient de passer une partie de l’été au centre de loisirs et le spectacle de fin de séjour se prépare.

Le directeur du centre, âgé de 28 ans, la conduit dans une salle pour préparer son rôle et essayer son costume.

Céline entre et voit un costume rose moulant, une grosse tétine façon “farce et attrape”.

Le directeur lui dit de se déshabiller entièrement pour enfiler son costume avant de lui demander : « Sur la tétine, tu préfères de la confiture ou du Nutella® ? ».

Sans comprendre, la petite choisit le Nutella®.

Puis le directeur lui met un loup sur le visage recouvert d’un mouchoir pour lui cacher la vue.

« Suce le Nutella® mais surtout ne mords pas, ne mets pas les dents », commande le directeur.

1er août 2011

Après avoir révélé les faits à ses parents, à son compagnon, après avoir subi pendant des années des migraines, des troubles du comportement, une paresthésie des jambes due à « quelque chose de bloqué en elle », d’après les médecins, Céline a porté plainte.

Depuis, ses symptômes se sont atténués.

15 septembre 2017 

Après une instruction de plusieurs années ouvertes sur la qualification de viol aggravé, le mis en cause a finalement été poursuivi devant le tribunal correctionnel de Limoges pour agression sexuelle.

Âgé aujourd’hui de cinquante ans, le mis à cause a toujours nié avoir mis son sexe dans la bouche de la petite et assure qu’il s’agissait bien de la tétine.

Même si elle, dit avoir « vu des poils » et que « la consistance ne ressemblait pas à du plastique ».

« À l’époque, j’étais attiré par les enfants, concède le prévenu qui s’explique péniblement. Je lui ai demandé de mettre la sucette dans la bouche. Cela m’excitait et je me suis masturbé ».

Même si la qualification de viol a été abandonnée, le procureur de la République, Gilbert Emery, n’a pas manqué de faire part de sa conviction.

« Je vais débuter mes réquisitions par une citation de la victime : “C’est ça qui est terrible… C’est du ressenti, du “vu par en dessus”. Mais je le sais. Reste cette interrogation qui rend les choses si difficiles à vivre”. Elle a des certitudes. […] Dans une autre procédure, une jeune fille relate les mêmes faits et parle de “Totoche magique”… Nul doute que la totoche en question est le sexe de Monsieur. La victime attendait de cette procédure qu’il avoue ce qu’il a fait. Mais c’est un opportuniste, un prédateur qui avait savamment calculé ce qu’il allait faire et qui sait que s’il avoue, les faits seront requalifiés en crime ».

Déjà condamné en 1997

Deux ans après les faits, le mis en cause a été poursuivi et condamné pour agressions sexuelles sur cinq mineures lors d’une randonnée pédestre et condamné à trois mois de prison ferme suivis d’une mise à l’épreuve comportant une obligation de soins et une interdiction définitive d’exercer une activité avec des mineurs.

Il assure aujourd’hui avoir changé.

L’expert-psychiatre a conclu à sa non-dangerosité.

« J’ai suivi les soins, même après la mise à l’épreuve. En détention, j’ai réfléchi, et puis j’ai rencontré mon épouse, j’ai eu un AVC, un cancer, après on voit la vie autrement… Aujourd’hui, j’ai un fils de dix ans et une fille de cinq ans ».

Dix mois de prison ferme

Mais le procureur ne croit pas à cette “guérison”.

« La non-reconnaissance des faits, ça me gêne. Lui, dit ne plus se faire peur… mais la pédophilie, on n’en guérit pas comme ça », a-t-il déclaré avant de requérir cinq ans de prison dont un avec sursis mise à l’épreuve.

Alors que l’avocate de la défense, M e Fabienne Cogulet, a plaidé une requalification des faits en exhibition sexuelle et une dispense de peine, le tribunal a suivi la position du procureur en condamnant le mis en cause à 36 mois de prison dont 26 assortis d’un sursis mise à l’épreuve pendant deux ans, avec obligation de soins. Rattrapé par un passé qu’il n’avait pas fini de payer.

Source : www.lepopulaire.fr

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