Limoges | Dix ans ferme pour avoir violé sa fille de 9 ans et abusé de son fils et son beau-fils

« C’est le plus beau cadeau que vous pouviez faire à votre fille », estime le président de la cour d’assises, alors que l’accusé, dès l’entame du procès, vient de reconnaître les faits qu’il a toujours niés depuis le début de l’enquête, en 2011.

C’est cette année-là que sa fillette, âgée de 9 ans, les révélera, dans une institution où elle est placée.

Son comportement sexuel avec d’autres enfants de ce foyer d’accueil alerte les éducateurs ; l’enfant ne verbalise pas, mais ses dessins, dans lesquels elle se représente notamment accroupie devant son père, sont sans équivoque et lorsqu’elle évoque ses relations sexuelles avec lui, un quadragénaire d’apparence timide, elle dit bien « j’ai fait l’amour avec mon papa », mais elle ne prononce jamais le mot “amour”, elle l’épelle.

L’amour, justement, n’est pas absent de cette relation coupable, à laquelle sont également associés, de manière plus sporadique semble-t-il, son frère et son demi-frère.

La fillette n’aura de cesse, en effet, de soutenir son papa, jusqu’à inverser les rôles : chez le juge d’instruction, lors d’une confrontation, c’est elle, encore inconsciente des interdits, qui lui conseille de dire la vérité et d’assumer ses actes !

La mère, elle, peine à expliquer les raisons pour lesquelles elle s’est trouvée démunie devant cette situation, qu’elle avait pourtant dénoncée en 2009, quand elle a quitté l’accusé, mais sa plainte a été classée sans suite.

Les experts qui se sont succédé à la barre ont souligné les conséquences graves de ces actes que la morale réprouve et que la loi réprime, entraînant notamment et rapidement des retards scolaires.

« C’est un viol, mais c’est aussi une effraction psychique, venant de quelqu’un qui est pourtant censé la protéger? », précise l’un d’eux.

« Elle voudrait oublier tout ça, suturer », conclut un autre, qui parle d’une « déficience intellectuelle légère » chez l’adolescente.

La jeune fille, aujourd’hui âgée de 15 ans et présente à l’audience, vit désormais dans une famille d’accueil et suit une scolarité normale en classe de 3e.

Mieux, elle se destine au secteur de l’aide à la personne ou de la petite enfance.

Toutefois, malgré l’insistance toute en nuances du président, elle n’a pu dire que quelques mots à la barre, avant de fondre en larmes, le président préférant alors suspendre l’audience :

« C’est dommage que mon père ait fait ça, car ça a gâché toutes ces années », a-t-elle pu seulement articuler.

Le regard dans le vague depuis qu’il a entendu les réquisitions du procureur, l’homme répond par la négative au président qui lui demande s’il a quelque chose à ajouter, puis se ravise et se tourne vers sa fille :

« Je te demande encore pardon » lâche-t-il, alors que de vrais sanglots se bousculent dans sa gorge.

À défaut d’expliquer le comportement de l’accusé « puisqu’il n’a pas voulu fendre l’armure », l’avocat général appuie là où ça fait mal :

« Vous apprenez à votre fillette de neuf ans à mettre un préservatif  ?

Vous faîtes une fellation à son demi-frère, faveur que vous avez sollicitée pour lui avoir regonflé le pneu de son vélo ?

En pénétrant votre fillette, vous n’êtes pas seulement entré dans son corps ; vous êtes entré dans sa vie, vous êtes entré dans son avenir et vous les avez détruits » assène Gilbert Émery.

« Enfin, on touche à l’immonde lorsque vous accusez, dans le cabinet du gynécologue, son demi-frère d’avoir violé votre fille » ajoute-t-il avant de requérir une peine de dix ans de prison ferme.

Dans un silence pesant, Me Corine Dhaeze-Laboudie, défenseure de l’accusé, a voulu insister sur le fait que son client, jamais condamné jusque-là, « ne présente aucun caractère de dangerosité. Dans ces conditions, poursuivait-elle, une peine de prison n’aura aucun sens ».

Trois heures plus tard, la cour d’assises a estimé, de son côté, que l’innocence d’une fillette volée par son propre père méritait une sanction exemplaire, malgré ses aveux tardifs mais bienvenus : dix ans de prison ferme.

Marcel Oudot

Source : Le Populaire & Le Populaire 

Source(s):