Lille | L’oncle incestueux qui avait soustrait sa nièce de 12 ans sera finalement jugé pour viols

L’oncle, de 38 ans son aîné, entretenait une relation avec sa nièce depuis ses neuf ans.

 Serghei Turcanu – Getty Images/iStockphoto

Francesco A. savait qu’il faisait quelque chose d’illégal, puisqu’il avait demandé à la jeun fille de ne pas parler de leur relation pour qu’il « n’aille pas en prison ». L’oncle exerçait sur elle une « réelle autorité de fait et contrainte physique ».

Une juge d’instruction lilloise a ordonné le renvoi aux assises d’un homme de 52 ans qui avait soustrait sa filleule en mai 2018 à la sortie du collège.

L’affaire avait fait la une de la presse. En juin 2018, la police nationale diffuse un avis de recherche.

Lorie, 12 ans, est partie « volontairement » à la sortie de son collège de Tourcoing avec Francesco A., son oncle, venue la chercher dans une camionnette blanche, expliquent les enquêteurs.

La préadolescente, en fuite depuis un mois, est susceptible d’être enceinte.

Les médias relaient abondamment les investigations. La jeune fille est finalement retrouvée quelques jours plus tard.

Amoureuse, confie-t-elle alors. L’oncle, qui jure n’avoir eu aucune relation sexuelle avec Lorie et n’avoir fait que la protéger d’un parent violent est, quant à lui, placé en détention provisoire.

Très vite, il apparaît que Francesco A., de 38 ans son aîné, entretient une relation avec l’enfant depuis ses neuf ans.

La mère de Lorie affirme avoir constaté des gestes déplacés un mois avant la fuite, et admet auprès de la police avoir intercepté des messages de la jeune fille à son oncle et « parrain de cœur », dans lesquels elle disait l’aimer.

Des copines de collège témoignent en disant que Lorie leur a parlé de son projet de fuite des mois auparavant. La préadolescente jurait être enceinte, relatent-elles, et vouloir élever son enfant avec son oncle.

Une « longue emprise », selon l’expert psy.

Le 15 mai, Lorie remplit ainsi son sac d’affaires, part au collège et demande à ses amies de répéter partout qu’elle ne reviendrait pas avant ses 18 ans et qu’elle s’apprête à s’envoler pour les États-Unis.

La police la retrouvera finalement un mois plus tard à Berck-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais.

Interrogée, Lorie commence par couvrir son oncle. Elle admet avoir eu des rapports sexuels, mais affirme ne jamais avoir été violentée ou menacée.

Elle observe cependant que Francesco A. savait qu’il faisait quelque chose d’illégal, puisqu’il lui avait demandé de ne pas parler de leur relation pour qu’il « n’aille pas en prison ».

Les examens médicaux infirment une quelconque grossesse, mais confirment, en revanche, les rapports sexuels.

Francesco A., son oncle, finit par avouer, mais reconnaît seulement une relation pendant la période de fuite.

Réinterrogée en octobre 2018, Lorie, elle, ne parle plus de relation consentie. Elle affirme qu’elle n’arrivait pas à parler, lorsque, interrogée pour la première fois par la police, elle avait défendu son oncle.

Elle soutient n’avoir jamais été à l’initiative des rapports sexuels et avoir parfois ressenti du dégoût.

Pour la juge d’instruction :

« Il est de jurisprudence constante que Lorie n’avait pas le discernement nécessaire [au vu de son âge, NDLR] pour octroyer quelque consentement qu’il soit à un acte sexuel sur sa jeune personne ».

Et que son oncle exerçait sur elle une « réelle autorité de fait et contrainte physique ».

« Il est intéressant d’observer le cheminement psychologique de cette jeune fille qui commença la procédure d’instruction avec une réelle volonté d’épargner son oncle […] puis qui, tout au long du dossier, aidée par les psychologues, commençait à se détacher de cette relation qualifiée “d’emprise” par l’expert et ainsi être capable de se positionner comme victime. »

Et la juge de renvoyer Francesco A. devant les assises pour viols et soustraction de mineur, conformément aux réquisitions du parquet révélées par Le Parisien.

Me Damien Legrand, avocat de l’oncle, assure que :

« Le droit ne pourra pas répondre à toutes les questions qui se posent dans cette procédure, qui prend acte d’un procès. Il est évident que justice ne sera correctement rendue que si la cour d’assises accepte d’entendre, au-delà de l’interdit social, tout ce que cette relation avait de particulier. »

 

Source : lepoint.fr

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