Les réseaux pédocriminels n’existent pas | Round 61 | Réseau Arson-Aschbacher

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Un immense réseau international de réalisation de pédopornographie mené par deux français.
En Espagne, le plus gros réseau pédocriminel mis à jour jusqu’à présent a fait beaucoup parler durant l’enquête et jusqu’au jugement. Plus de 6.000 ans de prison ont été requis en première instance contre plusieurs membres de ce réseau d’ampleur internationale.

Le podcast complet de cet article est téléchargeable ci-dessous (clic-droit puis “enregistrer la cible du lien sous”) ou à retrouver sur notre chaine Youtube.

Podcast – Réseau Arson-Aschbacher (25′)

 

Les leaders du réseau seraient deux Français, aux connexions sulfureuses dans les réseaux pédocriminels de France, d’Espagne et de Belgique.

Début janvier, un article paru dans Sputnik évoquait un réseau pédocriminel dans lequel il y avait deux français, et dont tous les membres s’étaient enfuis grâce à une libération juste avant leur procès.

En effet, ce réseau est une petite partie, une antenne, dont les membres sont aussi liés à d’autres réseaux.

 

6.300 ans de prison requis contre 7 pédos en 1ère instance…

Le procès de première instance a eu lieu à huis clos sur 13 jours en octobre, et le procureur avait requis plus de 1.000 ans de prison contre deux membres de ce réseau, le plus important mis à jour en Espagne jusqu’à présent, pour prostitution de mineurs, viols, production et diffusion de pédoporno.

Plus de 300 films pédos ont été mis à leur actif, sur lesquels 103 mineurs différents au moins ont été comptabilisés mais seulement une trentaine ont été identifiés formellement.

Près de 600 clients dans 45 pays ont été identifiés ainsi qu’une trentaine de sites différents.

En première instance en 2019 les peines ont logiquement été très lourdes :

Au total 6.300 ans de prison ont été demandés par le procureur contre 7 types.

Dont trois étaient en fuite au moment du jugement.

  • 1.088 ans ont été requis contre José Cardona Serrat, récidiviste. Finalement la peine fut de 132 ans, la peine la plus importante. Il a été condamné pour association de malfaiteurs, utilisation de mineurs pour tourner de la pédopornographie et distribution, et plusieurs “abus sexuels”. En appel, il a pris 20 ans.
  • 1.016 ans contre Martín Rafael Chanzá Almudéver, déjà impliqué avec son vieil ami Cardona dans un réseau similaire dans les années 90 [1]. Il n’a finalement pris que 12 ans de prison pour tournage et distribution de pédoporno.
  • 1.179 ans contre Jean-Luc Aschbacher, qui était considéré comme le meneur du réseau, a finalement pris 240 ans en septembre 2022. On lui reproche plusieurs centaines de victimes, s’étant lancé dans la pédopornographie au tournant des années 2000.
  • 1.028 ans contre Fernando Aguilera Garrido, ex-policier et ami de longue date de Cardona, déjà condamné en mars 1994 à 39 ans puis 4 ans de prison en appel en 1996 pour corruption de mineurs. Il a finalement pris 20 ans de prison alors qu’il s’agit des mêmes faits que Chanzá Almudéver également récidiviste, qui n’a pris que 12 ans.
  • 710 ans contre Younes en-Naciri, d’abord victime et devenu complice. En cavale, il aurait été arrêté en 2022 mais n’a toujours pas été jugé.
  • 720 ans contre Christian Arson qui a pris 19 ans en appel faute de preuves sur son implication dans de nombreux faits et parce qu’il a nié en bloc.
  • 576 ans contre Miguel Aviles Fernández, récidiviste. Finalement il a eu 4,5 ans de prison pour exploitation de mineurs à des fins de pédopornographie et la distribution.

Et magie : avec le jugement en appel de mai 2021, qui concernait José Cardona Serrat, Fernando Aguilera Garrido et Martín Rafael Chanzá Almudéve et Miguel Avilés Fernández, les peines ont été fortement réduites à quelques années de prison [2].

Mais les deux français avaient pris la fuite avant le procès.

Quant aux clients, aucun n’a été inquiété semble-t-il.

Ce réseau a été démantelé, du moins en partie, en 2015-2017.

A l’origine une mère de famille s’est inquiétée de ce qu’il arrivait à son fils placé depuis peu dans un centre pour mineurs de Tortosa, à 100 km au nord de Valence.

Elle a alerté les services de la protection de l’enfance sur les allées et venues des mineurs dans ce centre, et l’Operación Trinity a été lancée.

Des jeunes d’un autre centre revenaient aussi dans l’établissement avec les poches pleines de tabac, du shit et un peu d’argent.

L’enquête a montré que ces jeunes étaient recrutés par des adultes pour des tournages pornos, et a mené vers l’appartement d’un couple de Français.

En mai 2015, trois types ont été arrêtés : les deux Français Jean-Luc Aschbacher et Christian Arson qui vivaient en Espagne depuis des années, et le Marocain Younes en-Naciri.

Ils ont été libérés ainsi que deux autres accusés, juste avant le procès et se sont enfuis d’Espagne.

En juillet 2016, les quatre autres ont été arrêtés après que les enquêteurs aient regardé les photos et vidéos des français : le bijoutier à la retraire José Cardena Serrat, Martín Rafael Chanzá, Fernando Aguilera et Miguel Avilés, tous récidivistes.

Un cinquième, ancien pilote, a été arrêté aussi mais on n’en a plus entendu parler.

La base de ce réseau était dans la région de Valence, où se déroulent aussi :

  • L’affaire du Bar Espana, où on retrouve un réseau de production de pédopornographie et même, de snuff movies, avec derrière la caméra le français Bernard Alapetite notamment, qui était déjà parmi les individus soupçonnés dans l’affaire du Coral avant qu’elle ne soit étouffée. Ce réseau-là était actif dans les années 90-2000 au moins.
  • L’affaire des meurtres de trois adolescentes à Alcasser en 1992, ville dont est originaire Rafael Chanzá.

Pour avoir plus de précisions lisez l’article réseau qui leur est consacré ici.

Les deux français, qui vivaient alors en couple, ont apporté leurs compétences en tournage et leur réseau de distribution de vidéos à l’international à partir de 2002, quand Aschbacher a créé sa boite de production “Productos Aschcom”.

Selon l’enquête, ils ont commencé à tourner de la pornographie, à vendre leurs films sur catalogue (2.000 titres étaient référencés) dans l’appartement d’Arson, et auraient inclus des mineurs dans leurs tournages en 2002, parce que leur boîte de production de porno gay périclitait avec le développement d’internet et du porno gratuit disponible en un clic.

Ils étaient pédophiles, mais ils ont commencé à entrer dans la criminalité en faisant du porno infantile parce que cela rapportait de l’argent“,

a expliqué un inspecteur de la police.

Aschbacher était propriétaire à Valence de deux boîtes, l’une de production audiovisuelle appelée “Aschcom SL” basée à Barcelone et l’autre de diffusion de magazines.

Avec Arson ils auraient commencé à réaliser leurs films pédopornos au tournant des années 2000, avec des mineurs trouvés un peu partout dans le pays.

En 2008 Aschbacher avait déjà été arrêté par la police espagnole pour des faits de pédocriminalité mais il s’en était sorti avec seulement 10 mois de prison.

Entre 2010 et 2015, la société de production aurait déclaré 106.988€ de chiffre d’affaires dont 95.000€ d’origine injustifiée.

Ce qui est peu, quand on connaît le prix de vente de la pédopornographie réalisée sur commande, où le film se vend au moins à quelques milliers d’euros.

Selon l’enquête, rien qu’en 2011, plus de 200 “clients” avaient fait des demandes de scénarios.

Cette année-là, le réseau a pris beaucoup d’ampleur avec l’arrivée de Younes et d’un autre pédo de la bande à Tortosa, à 100 km au nord de Valence.

3 millions de contenus ont été retrouvés, sur 1500 DVD et 12 disques durs.

Il y avait 2.000 films au catalogue de ce réseau.

Beaucoup de films auraient été tournés dans l’appartement d’un des français à Valence, à l’Albufera, à El Saler (d’autres zones de la ville) et à Xabia dans un chalet appartenant à Cardona, d’autres ont été tournés à Malaga ou à l’étranger.

Sur certains, on voit les accusés violer les mineurs.

En Espagne, ils payaient des gamins pris dans les rues, des immigrés ou des enfants de familles défavorisées, pour les filmer contre 10 ou 20€, jamais plus de 30€.

Certains des mineurs victimes étaient placés sous la responsabilité des services sociaux.

Les perquisitions réalisées chez Aschbacher et Arson et dans les locaux de sa boîte ont été fructueuses.

Ainsi, un article du JDD paru le 14 août 2016 explique :

« les enquêteurs ont mis au jour la bagatelle d’un million de documents, photos et vidéos mettant en scène des mineurs entre eux,

des ados violés par des adultes, voire des jeunes avec des animaux, et saisi un stock d’un millier de DVD.

La commercialisation s’effectuait sur Internet par la vente de clés de chiffrement permettant d’accéder à l’un des 28 sites

(Boyarabsex, Besteenstube, Gayboybook…) rattachés à sa société, ou par correspondance avec l’envoi de DVD par la poste.

Les enquêteurs ont pu tracer des gains de l’ordre de 80.000 euros en trois ans.

Jean-Luc A. est personnellement mis en cause dans les viols de huit mineurs ».

Une trentaine d’adolescents passés par la protection de l’enfance, parfois âgés de 11 ou 12 ans, de nationalité espagnole, mais aussi roumaine ou marocaine, ont été identifiés parmi leurs victimes.

Et trois d’entre eux étaient devenus des agresseurs.

 

Un réseau international

Mais ces pédos, notamment Chanzá et les deux français Aschabacher et Arson qui sont considérés comme les “cerveaux” du réseau, voyageaient aussi beaucoup à travers le monde.

Les enquêteurs ont retrouvé des traces de visites au Maroc, au Laos, au Kenya, en République Tchèque, en Roumanie, en Tunisie, en Turquie, en Thaïlande, au Cambodge, au Vietnam, au Sri Lanka, à Java, à Bali et aussi en France où des films ont été tournés selon les enquêteurs espagnols.

Selon Interpol, au moins 103 victimes de ce réseau entre 2002 et 2015 ont pu être retrouvées,

alors que plusieurs centaines d’autres n’ont pas été localisées“, précisait Sputnik.

Les enfants avaient entre 10 et 17 ans selon les médias, et la justice espagnole pense qu’il y a beaucoup plus que les 103 victimes identifiées.

Certains des garçons récupérés pour les photos et vidéos pornos, n’avaient que 6 ou 7 ans, comme l’ont montré les contenus saisis.

Youness en-Nasiri était d’abord une victime :

il apparaissait mineur sur les premières vidéos d’Aschbacher et Arson,

qui ont fini par le garder avec eux comme appât et comme complice.

Il parlait arabe, les deux Français lui ont appris à filmer.

Il est ainsi devenu leur responsable informatique de la bande et le coordonnateur avec le Maroc où il faisait un voyage chaque année en compagnie de Fernando Aguilera, Martin Chanza et José Cardona Serrat.

Les deux derniers ayant déjà été condamnés en 1998, dans le cadre d’un autre réseau de prostitution de mineurs et de pédoporno actif de 1986 à 1996 [3], et de nouveau en 2003 pour “abus sexuels sur mineur” quand ils ont pris chacun 4 ans et demi de prison.

Chanza a encore eu une troisième condamnation [4].

En 2012 et 2013, Younes a ouvert 28 noms de domaines internet, pour y mettre en ligne des plateformes payantes ou gratuites de contenus pédopornos.

Les pédos avaient aussi un catalogue avec les photos de “castings” de mineurs étrangers, et des demandes écrites de clients de confiance ont été retrouvées, dans lesquelles ils précisaient ce qu’ils voulaient, quels scénarios, quel type d’enfants.

598 clients dans 45 pays ont été trouvés dans les fichiers des pédos, et certains en Espagne ont fait l’objet de procédures.

Parmi eux, il y avait aussi des producteurs de films.

Et beaucoup de Français.

En juin 2018, la Guardia Civil annonçait que 12 personnes avaient été arrêtées, dont un instituteur de maternelle et un prof de lycée, et 31, visées par une enquête, dans le cadre de l’Operación Trinity.

En 2009, Younes et les deux autres pédos sont allés à Bucarest où ils ont ajouté au moins 6 enfants dans leur banque de films.

En 2010 et 2011, ils sont allés au Maroc où ils ont entrepris de créer un lieu dédié aux tournages et aux agressions de mineurs.

Ils ont circulé dans les zones les plus pauvres du pays et ont filmé des enfants, dont certains avaient 8 ans, contre de l’argent.

L’objectif était aussi d’organiser des voyages pour des groupes de pédos occidentaux pendant la période hivernale, d’abord au Maroc, sur le mode “tour opérateur”.

 

Une justice fort arrangeante depuis 25 ans

Les médias se sont interrogés sur les sorties de prison de cinq pédos de la bande, avant le premier procès.

Notamment la libération de Cardona et Chanzá après seulement 1 an et demi de préventive.

Leur parcours de récidivistes interroge : pourquoi une telle clémence ?

En 1996 et 2002, ils avaient déjà été condamnés pour viols de mineurs et pédopornographie, activité qui aurait commencé en 1984.

Arrêté à Valence en 1994 avec Chanzá, Cardona avait pris 23 ans de prison, transformés en 6 ans par la cour suprême en novembre 1996, dans cette affaire qui était déjà à l’époque “le plus gros réseau pédophile” découvert dans le pays, et auquel appartenait aussi Vicente Soler Romaguera, assassiné en décembre 2016.

C’est la police des États-Unis qui a envoyé les premières cassettes aux autorités espagnoles en 1994.

9 types avaient été condamnés dont Cardona, reconnu coupable d’avoir produit au moins 10 films pédos et d’avoir prostitué un mineur handicapé.

27 mineurs victimes, âgés de 8 à 16 ans ont été identifiées, dont une seule fille, et 64 enfants victimes ont été dénombrés d’après les vidéos.

Cependant, une des victimes, issue d’une famille défavorisée, a déclaré avoir été la victime de trois des pédos de la bande, depuis l’âge de 3 ans.

Les peines ont été très légères, officiellement en raison d’un changement du code pénal supprimant la corruption de mineurs, et parce qu’il y avait un flou sur la qualification des faits (on notera que la majorité sexuelle a aussi été remontée de 13 à 16 ans).

C’est ainsi que finalement, en 1996, quatre pédos ont eu des peines entre 3 et 6 ans de prison, et que les trois autres, dont Romaguerra qui a pourtant été identifié sur une vidéo où il viole un mineur, ont été acquittés.

Ces jugements ont fait scandale et sous la pression de l’opinion publique, les législateurs ont rapidement renforcé les peines contre les pédos.

A cette époque, Chanzá vivait juste à côté d’Alcasser, la ville où trois adolescentes ont été massacrées par un réseau de pédos VIP protégés par la justice et les autorités.

Des vidéos ont aussi été distribuées en France, mais on n’en a pas entendu parler.

Parmi les accusés : un prof d’informatique américain dans un collège privé de Valence (Thomas McGuire), un sergent de gendarmerie.

Aux États-Unis, un autre enseignant impliqué dans le réseau depuis 1986, Eugene Leithiser, a été condamné pour production et distribution de pédoporno dans cette affaire, et à cette occasion, la plus grosse quantité de pédoporno à l’époque, a été saisie.

McGuire et Leithiser se connaissaient depuis les années 80, et s’échangeaient déjà des contenus pédopornos, par courrier puis via Internet.

McGuire a pris 135 ans dans le volet espagnol du dossier et a aussi été jugé aux USA pour avoir distribué les films du réseau de Valence et d’autres contenus.

Dès leur sortie de prison, Cardona et Chanzá ont repris, toujours à Valence, leur activité de corruption de mineurs et production de pédopornographie.

En mai 2002, ils ont donc été à nouveau condamnés, Cardona à 4 ans et demi [5] et Chanza à quelques mois de plus.

En sortant ils ont recommencé au plus tard en 2008.

Ils proposaient à des ados du quartier, de leur entourage ou des jeunes migrants, de faire des photos puis des films pour eux contre quelques euros, si besoin en les alcoolisant ou en les droguant, et parfois avec l’aide des deux français pour les tournages et la distribution.

Cardona et Chanzá ont été arrêtés dans l’Operación Trinity en juillet 2016 et placés en détention provisoire.

Mais bizarrement, une juge a décidé de les libérer en février 2018

moyennant une caution qualifiée de ‘très faible’ par des sources légales”, précisait un article de presse.

Pourtant, la police a retrouvé dans les nombreux disques durs et appareils saisis, des films de viols d’enfants de tous les âges, y compris de moins de 4 ans, auxquels ils faisaient subir diverses violences sexuelles, y compris sado maso.

 

Si on en juge par la chronologie des faits qui leur étaient reprochés dans la procédure de 2016, ils n’arrêtaient pas et avaient de nouveau accumulé des millions de fichiers pédopornos.

Dans ce réseau, il y avait aussi Vicente Soler Romaguerra, un faux médecin selon certaines sources, assassiné en décembre 2016 par trois jeunes d’origine roumaine, âgés de 18 à 22 ans au moment des faits.

Ils l’auraient torturé puis asphyxié dans son appartement.

Évidemment, ce crime n’aurait rien à voir avec les antécédents de la victime, bien qu’il les avait invités chez lui et leur avait offert de la coke en échange de relations sexuelles.

Bien qu’ils aient utilisé sa carte de crédit, il a fallu un an avant de les arrêter en Roumanie et en Angleterre et d’identifier un troisième type en Espagne.

Peu après son acquittement de 1996, il a été condamné pour des faits similaires.

Notons au sujet de la Roumanie, que c’était une destination de voyage, de Cardona et Chanzá.

Une fois sur place ils contactaient des jeunes tous azimuts, pour des séances de photos “érotiques”, le même modus operandi que celui utilisé au Maroc et probablement ailleurs.

Quant à Fernando Aguilera Garrido, alors qu’il était encore dans la police, il avait déjà été condamné en 1994 pour des agressions sexuelles d’une vingtaine de mineurs qu’il avait pris en photo et filmés.

Il a été condamné à 39 ans de prison, mais ne devait en faire que 12, avant que sa peine soit ramenée à 4 ans.

A l’époque, il avait déjà réussi à être libéré de leur préventive, juste avant le procès.

 

Le parcours des deux Français, bien insérés dans le marigot pédocriminel

Enfin, du côté des trois fugitifs, les deux Français qui s’étaient réfugiés en France – “le paradis des pédos’, avaient un long parcours dans la pédopornographie.

Et avant cela, dans la pornographie.

Aschbacher était “directeur artistique” de films pornos depuis le début des années 90.

En 1991, il a participé au tournage du film “Noces rituelles”, puis en 1992 de “Trafic Féminin” et “U elle aime”, produits par Gérard Menoud, patron sulfureux de la société de production de porno “X-Defi”, ex “Défi-Productions”, liquidée en 1999 qui était un militant pour la “libération de la pornographie” [6].

En 1994, Menoud a été condamné à Perpignan à 3 ans de prison pour diffusion de pédoporno et banqueroute frauduleuse (sa maîtresse, directrice financière de la boîte, a été condamnée et devait verser 120.000 €).

Il n’était pas présent à son jugement.

Il est passé en correctionnelle, car comme ce fut le cas pour Bernard Alapetite, jugé séparément dans le même dossier “Ado 71” en tant qu’organisateur du réseau, on a oublié les charges de production de pédopornographie, et il n’a été jugé que pour diffusion et reproduction de films produits en Allemagne dans le cadre de ce réseau “Ado”.

Les “peines” ont donc été particulièrement minimalistes.

Et comme Alapetite, Menoud défendait des positions franchement à droite, voire carrément nazies.

Avant cela, Menoud avait déjà été

condamné 19 fois pour des affaires de mœurs ou de malversations financières” selon un article paru en 2002.

Il a, de nouveau été inculpé en 1997, mais les charges étaient apparemment insuffisantes, et il a été libéré de préventive en septembre 1998.

Les acteurs des films pornos étaient tous majeurs selon les justificatifs fournis.

Il a été condamné en 2002, en son absence pour diffusion d’images de mineurs, usage de faux et détournement de fonds, et extradé de Madagascar où il était parti vivre.

Par ailleurs, Menoud a été dénoncé par un certain Didier Pellerin, alias “maitresse Roxanne”, dans le cadre de l’affaire Zandvoort, un réseau de production de pédopornographie aux Pays-Bas connecté avec la Belgique, lui-même accusé par l’association belge Morkhoven au début des années 2000.

Un jeune, ex-victime devenu pédo dans ce réseau, nommé Robert Jan Warmerdam, a parlé d’un réseau de production de films pédopornos à Amsterdam, dont les pratiques devenaient de plus en plus trash, et il a expliqué devant la police, avoir lui-même tué un garçon de 13 ans dans un snuff-movie.

Warmerdam a déclaré en audition, avoir rencontré Dutroux régulièrement dans un bar pédo d’Amsterdam en 1994 – 1995, années où il enlevait des gamines dans les rues de Belgique, une grande mode à l’époque apparemment.

Il l’a aussi rencontré, a-t-il aussi expliqué, “aux Rex Production et Roxanne Films Production,

au 111 chemin Admiraal de Ruijter, dans une villa de la banlieue d’Amsterdam,

qui selon lui, exploitaient bien des enfants“, relate un article de l’association Morkhoven sur le site de la Fondation Princesse de Croy.

Deux sociétés appartenant à Pellerin, tenancier d’un bar sadomaso à Amsterdam qui fréquentait le Dolo, le bar bruxellois tenu par un couple de français où traînait Michel Nihoul, l’un des complices de Dutroux, proche des milieux politiques, ainsi que des flics, des magistrats, des politiques, des pédos notoires, souvent d’anciens coloniaux.

Quant à la boîte de Menoud, Defi Productions, elle a été citée dans le volet “Abrasax” de l’affaire Dutroux et Menoud a été entendu par les enquêteurs belges.

Abrasax était un groupe de partouzeurs satanistes belge, proche de la Wicca et très certainement pédocriminels, puisque l’endroit ressemble à celui indiqué par une victime de l’affaire Outreau en France et par Samir Aouchiche, victime du réseau Krypten dans les années 90.

Et Défi Productions diffusait des vidéos de la Wicca réalisées par “Maîtresse Roxanne”.

Lors de son audition, semble-t-il écarté de l’enquête comme l’ensemble des pièces intéressantes ou presque, Menoud aurait déclaré que Dutroux et le riche homme d’affaires suisse, Daniel Messinger qui possédait une villa à Saint-Raphaël et faisait aussi dans le porno, se connaissaient et s’étaient même rencontrés à plusieurs reprises.

De fait, au début des années 90, Dutroux passait parfois des vacances dans le sud de la France.

Selon l’article “Les belles relations de Dutroux “l’isolé”, en 1994 Messinger a été

mis en cause dans la disparition de deux jeunes françaises et inculpé de séquestration et de proxénétisme. 

Après six mois de prison, malgré des charges accablantes, on l’a libéré.

Il a aussitôt pris la fuite.

L’enquête disposait pourtant de ses carnets personnels où il expliquait à quel point il appréciait les relations sexuelles avec les enfants

et comment fonctionnait sa filière de trafic d’enfants avec l’Asie et les pays de l’Est“.

Aujourd’hui, Menoud serait devenu trans sous le nom de Géraldine C., auteur de romans pornos notamment, et tenant des propos antisémites ou racistes sur Twitter ou VK.

Aschbacher et Arson ont finalement été retrouvés et arrêtés en France par la police en mai 2021 [7] dans le silence médiatique en France, puis en juillet, ont été extradés en Espagne et placés en détention préventive… quelques jours ou semaines à peine.

En effet, comme la détention préventive ne peut excéder 4 ans, Arson a été libéré dès le 15 juillet 2021 et Aschbacher en septembre 2019.

Ils ont été jugés à huis clos de novembre 2021 à février 2022, ayant demandé des réductions de peine (ils avaient pris chacun autour de 700 et 1.000 ans de prison, tout de même), ils nient ou tentent de minimiser les faits en déclarant par exemple, que les mineurs étaient consentants.

Cette question est hélas toujours au cœur des débats.

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Le traitement de cette affaire dans les médias espagnols a été certes intensif, mais en réalité les faits ont été grandement minimisés.

Par exemple, il n’est généralement question que de poses “érotiques” demandées aux enfants, alors que des scénarios scabreux comprenant des viols par les adultes ou entre enfants, étaient demandés par les “clients”.

Vu la bienveillance des autorités et les connexions des deux “cerveaux” du réseau, leurs liens avec Alapetite notamment, on ne peut que s’interroger sur la partie immergée de l’iceberg et s’attendre à un volet bien plus sombre.

[1] Un des pédos de ce réseau, Vicente Soler Romaguera, un faux médecin qui a été battu et étouffé par deux jeunes dans son appartement de Valence en décembre 2016, pile quand l’enquête sur le réseau avec les deux Français battait son plein, et 5 mois après l’arrestation de son vieux copain Cardona.

[2] Ils ont pris 4 ans (et 2 ans pour Chanzá) pour appartenance à un groupe criminel + 9 ans (et 7 ans seulement pour Chanzá) pour la distribution, + 7 ans pour Serrat pour utilisation de mineurs, 9 ans pour Garrido.

Serrat a encore pris trois fois 5 ans, 6 ans, 7 ans et 8 ans ½ pour « abus sexuels » de mineurs, et Fernández 7 ans, + d’autres peines pour d’autres délits.

Au final toutes les peines ont été confondues pour un maximum de 20 ans pour Serrat et Garrido, 12 ans pour Rafael Chanzá, et 4 ans ½ pour Fernández.

[3] Mais leur peine exacte est inconnue.

En tout cas, elle n’a pas dû être bien longue, puisqu’ils ont encore été arrêtés en 2002.

[4] Ils sont libérés, en décembre 2006 pour Chanzá, et septembre 2008 pour Cardona.

[5] Très procédurier, Cardona s’est payé le luxe de lancer une procédure à la cour européenne des droits de l’homme qui lui a donné raison, considérant en 2010, que la justice espagnole n’avait pas été impartiale à son encontre en le laissant en préventive pendant l’instruction.

[6] Selon le site ProChoix, Menoud a financé un colloque organisé par l’association Ornicar de Thierry Meyssan sur « la pornographie en Europe » au début des années 90.

Mais le congrès n’a pas eu lieu parce que Menoud a été arrêté en 1992.

[7] On a peu d’infos sur cette interpellation.

Ils ont été arrêtés grâce à un mandat d’arrêt international, à Six-Four-les-Plages près de la Seyne-sur-Mer.

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