Lens | Un pédo se déguise en policier et agresse une 20ène d’adolescents

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« Nous avons dix-neuf victimes en 23 jours, quasiment un enfant agressé par jour »
Un homme a comparu devant le tribunal correctionnel de Béthune pour répondre de neuf épisodes d’agressions sexuelles sur des enfants et des adolescents en 2017 et 2018 dans le secteur de Lens. Il se faisait passer pour un policier et prétextait un contrôle pour les toucher.

Dans le public, cinq parents et presque autant d’ados angoissés à l’idée d’écouter les explications d’un homme qui a changé le cours de leur vie.

D’autres, absents, sont représentés par des avocats.

Tous cherchent à savoir « pourquoi », avec une méthode bien rodée, Alexandre Hanot a agressé sexuellement une vingtaine d’adolescentes dans différents secteurs du bassin lensois.

À chaque plainte, les descriptions sont les mêmes.

Un homme à vélo s’approche d’un groupe d’ados, se présente comme un policier (il porte un t-shirt « police » et un pistolet à air comprimé) et prétexte un contrôle pour glisser ses mains sur des fesses, sous des vêtements, caresse des jambes, s’attarde sur les poitrines ou les parties intimes.

Les premiers faits sont recensés à Sallaumines, en août 2017, et à Oignies en septembre.

Le mois d’avril 2018 est cauchemardesque.

La procureure Annabelle Margueritte relève:

« Nous avons dix-neuf victimes en 23 jours, quasiment un enfant agressé par jour »

Les plaintes arrivent de Méricourt, Wingles, Leforest, Orchies.

Toutes les victimes sont mineures.

L’une d’elles a huit ans.

« On n’est pas sur un moment d’égarement »

Les investigations permettent de confondre Alexandre Hanot, grâce au bornage de son téléphone.

Du matériel correspondant aux descriptions est retrouvé, et les identifications sur des planches photo acculent cet homme aujourd’hui âgé de 42 ans.

Il reconnaît les faits, sauf un attouchement sur un garçon et une pénétration digitale sur une fille.

Quand le président Gilot lui laisse la parole, Alexandre Hanot veut exprimer:

« La honte. J’ai tellement honte. Je demande pardon, même si pour elles ça ne change rien. J’ai besoin de le faire. Je ne me reconnais pas. »

Simon Gilot rappelle la répétition des faits, et qu’« on n’est pas sur un moment d’égarement. »

Pour le prévenu:

« Ca me dégoûte, je n’étais pas moi-même. Psychologiquement, ça n’allait pas. »

Les interrogations du président demeurent :

« Il y a quelque chose de l’ordre de la préparation. Pourquoi avoir utilisé cette fausse qualité de policier ? »

L’idée lui est venue quand, un jour, il a voulu faire peur à des jeunes qui fumaient des pétards.

Il déclare:

« Ça fait peur et ça donne confiance »

La procureure, s’attardant sur la technique du « faux policier », tempête:

« Nous avons un prédateur devant nous : les enfants sont dans l’incapacité de réagir, leur agresseur représente l’autorité. Quand vous avez 8, 9,10 ou 12 ans, comment voulez-vous qu’un enfant se dise “ce n’est peut-être pas un policier”. »

Elle avait requis six ans de prison, le tribunal a condamné Alexandre Hanot à quatre ans d’emprisonnement, et à une série d’obligations.

Il est désormais inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles et devra indemniser des victimes.

Le prévenu a dix jours pour faire appel.
Des adolescentes brisées, et des familles traumatisées

Les circonstances dans lesquelles Alexandre Hanot a opéré ont été débattues.

Il déclare:

« Psychologiquement, ça n’allait pas »

Evoquant aussi son alcoolisation et son attirance d’alors pour les jeunes filles.

Tout serait terminé:

« J’ai fait mon suivi, j’en avais besoin. »

La procureure s’étonne :

« Ces infractions, il les a commises alors qu’il était inséré, en couple et avait un travail. »

Pour son avocat, Me Xavier Brunet:

« Mon client était en manque affectif, isolé, solitaire. Il va aller au plus facile. La première fois, c’est le hasard d’une rencontre, rien n’est élaboré. »

Du côté des victimes, l’audience a été éprouvante.

Une jeune fille a su aller jusqu’à la barre :

« je ne prends pas en compte ses excuses, il nous a brisées. »

Une maman témoigne :

« J’ai une fille qui a réussi à mettre une carapace pour venir ici. »

Un papa culpabilise : il est policier et était au courant de ces épisodes d’agressions:

« On cherchait partout ce monsieur depuis plusieurs mois. »

Sa fille a ensuite été une victime.

Il aurait aimé revenir quelques jours plus tôt pour lui interdire d’aller dans ce parc:

« On est traumatisés. Je ne peux plus aller sur la voie publique pour défendre les gens. J’ai l’impression d’avoir loupé quelque chose. »

D’autres témoignages reviennent : des ados qui ne veulent plus sortir, perturbées, psychologiquement fragiles (l’une d’elles a fait une tentative de suicide), apeurées, qui manquent de sommeil et de confiance en elles.

Des angoisses et des cauchemars sont décrits, et des interrogations sont formulées sur le rapport aux hommes de ces adolescentes en construction, signalent plusieurs avocats.

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