Jacques Waynberg | La castration chimique est réversible et contournable

Il est possible de contrer l’effet de la castration chimique en une semaine, en prenant de la testostérone

Laurent Wauquiez président des Républicains

Laurent Wauquiez propose la castration chimique pour les violeurs, dans le sillage de l’affaire Angélique, du nom de l’adolescente de 13 ans violée et tuée par un homme déjà condamné pour “viol avec arme sur mineure de moins de 15 ans”.

“Les prédateurs sexuels doivent soit subir une castration chimique, soit rester en prison. Il faut ouvrir la possibilité pour le juge de rendre obligatoire la castration chimique”, affirme Laurent Wauquiez, qui a annoncé qu’une proposition de loi serait déposée en ce sens.

De faire, la castration chimique existe déjà en France. Elle est possible mais la législation actuelle interdit de l’imposer.

Le juge peut en revanche contraindre un condamné pour agression sexuelle à suivre une injonction de soins, s’il veut pouvoir bénéficier d’une liberté conditionnelle. C’est dans le cadre de cette injonction de soins que le condamné et son médecin peuvent décider de suivre ce type de traitement.

En quoi consiste une castration chimique ?

Le sexologue Jacques Waynberg

Une castration chimique n’est pas une véritable castration car il n’y a ni mutilation ni ablation des parties génitales. Ce n’est pas non plus une stérilisation. C’est un traitement, qui consiste en une injection tous les trois mois ou en une prise régulière de comprimés.

Ces médicaments sont des “anti-androgènes” qui simulent la production d’hormones, notamment de testostérone, afin que le cerveau n’en produise plus et que la libido soit coupée.

La castration chimique” est donc un traitement réversible, comme le dit lui-même Laurent Wauquiez. Certains professionnels, comme le sexologue Jacques Waynberg, parlent ainsi de “camisole chimique”, que l’on peut retirer.

Il est également possible de contrer l’effet de ces “antihormones”, de prendre de la testostérone, ce qui annulerait les effets en une semaine.

Quels problème ça pose ?

Les professionnels médicaux sont en accord sur la question : le consentement du patient est nécessaire pour que le traitement soit efficace.

Outre le fait que la castration chimique soit réversible et contournable, elle doit, selon Jacques Waynberg ou la professeure de psychiatrie Florence Thibaut, s’accompagner d’un suivi psychologique.

“La prise de ces médicaments anti-androgène s’accompagne d’un suivi psychologique et, parfois, de thérapies comportementale ou cognitive ou bien d’une psychothérapie. Le patient devient alors davantage disponible pour travailler d’autres points, comme, par exemple, l’estime de soi”, indiquait Florence Thibaut dans Le Point, en 2009.

À l’époque, l’homicide de Marie-Christine Hodeau par un homme déjà condamné pour le viol et l’enlèvement d’une adolescente avait soulevé une controverse semblable.

En 2009 également, le docteur Jean-Pierre Choquet indiquait :

“il faut qu’il y ait un sentiment de culpabilité et une envie d’évoluer. Le traitement hormonal ne suffit pas à lui seul”.

Si Laurent Wauquiez évoque bel et bien un “accompagnement médical et psychiatrique”, il trouve “absurde” d’avoir le consentement du violeur et estime que si ce dernier refuse le traitement, “il devra rester en prison, en rétention de sûreté”.

En plus de remettre en cause l’efficacité du traitement, l’absence de consentement pose un problème d’éthique médicale. La déontologie médicale, établie par le Conseil de l’Ordre des Médecins, interdit en effet à un médecin d’administrer un traitement à un patient contre son gré.

Quels pays appliquent la castration chimique ?

Plusieurs pays européens, comme l’Allemagne, la Belgique, le Danemark ou la Pologne, prévoient la castration chimique pour les violeurs récidivistes, sans jamais l’imposer.

Dans certains cas, elle peut se substituer à une peine de prison, si le viol ne s’accompagne pas de contrainte directe, comme au Danemark.

Aux États-Unis, la castration chimique peut en revanche être imposée par un juge dans plusieurs états. C’est le cas en Californie, dans l’Iowa ou en Floride, si le violeur est un récidiviste.

Source : lci

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