L’Aigle | 3 ans avec sursis pour agression sexuelle sur plusieurs baby-sitters mineures

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Pédocriminel En liberté

Les faits ont été commis à son domicile entre 2012 et 2019
photo d'une adolescente tendant la main pour échapper a l'agression
Près de L’Aigle (Orne), un homme de 36 ans a été condamné à trois ans de prison avec sursis après plusieurs agressions sexuelles sur des baby-sitters de ses enfants.

Un homme de 36 ans demeurant dans le Pays de L’Aigle (Orne) comparaissait ce mardi 2 mars 2021 devant le tribunal judiciaire d’Argentan pour des faits d’agressions sexuelles imposées sur des mineures de quinze ans et moins de quinze ans.

Les faits ont été commis à son domicile entre 2012 et 2019 avec un mode opératoire quasi identique.

Il profitait des très jeunes baby-sitters qu’il employait.

Le dossier est révélé à l’autorité judiciaire par un dépôt de plainte en novembre 2018.

Une maman signale les dégradations du comportement de sa fille âgée de 13 ans.

Elle en serait arrivée à se scarifier allant même jusqu’à vouloir se suicider.

Cette adolescente explique à sa mère qu’au cours d’un baby-sitting, l’homme lui aurait montré son sexe, il lui aurait demandé de lui faire une fellation et lui aurait même montré un film pornographique mettant en scène son couple.

La femme de cet homme n’est autre que la cousine de ses parents.

Leur travail les oblige à avoir recours à une baby-sitter.

Mais lui est toujours présent avec les baby-sitters.

L’enquête des gendarmes établie qu’il y a eu plusieurs faits et plusieurs victimes mais toutes n’ont pas souhaitées déposer plainte, freinées par la honte.

La jeune victime, présente au tribunal, explique que la première fois qu’elle est allée chez lui, il lui a simplement demandé si cela ne la dérangeait pas qu’il se masturbe devant elle.

Il n’y a eu ce soir-là que des propositions.

Elle ne voulait plus y retourner mais c’est son père qui l’aurait obligée.

Le père, également présent à l’audience, explique que c’est lui qui a poussé sa fille à y retourner une deuxième fois.

« Il s’agit de la famille, c’était une entraide, mais je ne savais absolument rien de se qu’il se passait ».

Il revient avec des godemichés

La seconde fois, il lui fait regarder un film pornographique.

Il a sorti son sexe et lui a demandé de le prendre dans sa main pour le masturber.

Il va même jusqu’à lui demander une fellation.

Poursuivant sa dérive, il ira chercher dans leur chambre à coucher une boîte contenant divers godemichés.

Au cours de cette soirée il parviendra à lui caresser la poitrine sous ses vêtements.

Elle lui échappe en allant prendre sa douche mais à son retour il est toujours en train de se masturber.

Elle reconnaît qu’elle a eu du mal à en parler car elle ne voulait pas faire d’histoire dans la famille, faire du mal à ses parents.

« J’avais honte, il faisait partie de la famille ».

« Reconnaissez-vous les faits ? » demande la présidente.

Sa réponse est à peine audible.

« Je reconnais en partie les faits mais je ne lui ai pas demandé de me masturber.

Je l’ai fait seul après qu’elle est allée se coucher ».

« Elle est votre baby-sitter, elle n’a que treize ans, vos enfants sont là, comment se fait-il que vous ayez ce comportement » ?

« Je ne sais pas ».

C’est la maman qui prend à son tour la parole pour exprimer sa colère.

« Cet homme a eu deux ans de soin et aujourd’hui aucun scrupule, il ne reconnaît rien.

Il ne se remet pas en cause, ce n’est pas lui.

Il a abusé de nos enfants.

Il a détruit la famille ».

Elle se dit également surprise d’apprendre que cet homme est toujours bénévole dans un centre de loisirs.

« Je ne sais pas comment il s’y prend, mais il est toujours en présence de jeunes.

D’autres enfants ont été victimes des comportements de cet homme.

Une de mes nièces m’a dit qu’il s’était présenté nu face à elle à la piscine ».

Les gendarmes poussent leurs investigations et découvrent plusieurs autres victimes qui reconnaissent avoir reçu du prévenu des photos et des messages à caractères sexuels.

L’une d’entre elles confira l’avoir rencontré dans un cinéma et il lui aurait demandé de le masturber pendant la séance ce qu’elle a été contrainte d’accepter sur son insistance.

« Qu’est ce qui vous a pris là encore » ? « Je ne sais pas »

Toujours dans le cadre d’un baby-sitting, une autre jeune fille âgée elle de 15 ans et demi se présente chez ce couple.

Vers minuit, la maman reçoit un appel de sa fille qui lui demande de venir la chercher, que les choses ne vont pas.

Elle se confiera à sa mère plus tard.

Cette jeune fille serait venue deux fois.

La première visite elle explique que le prévenu avait un comportement un peu louche.

Un mois plus tard, à cette occasion, il la caresse sur les parties intimes et lui demande de se laisser faire que cela leur fera du bien à tous les deux.

C’est à ce moment-là qu’elle est prise d’une crise de panique et appelle sa maman.

« Qu’est ce qui vous a pris là encore » ?

« Je ne sais pas » répète-t-il d’une voix toujours aussi basse.

La maman explique au tribunal que sa fille n’a pas eu la force de se présenter à l’audience.

A la suite de ces faits, elle a développé du psoriasis sur une grande partie de son corps.

Il s’agissait pour elle d’une première expérience professionnelle.

La Présidente lui demande ce que sa fille attend de ce jugement.

« Elle veut rapidement tourner la page et elle s’inquiète beaucoup pour les enfants de ce couple, elle a peur qu’il fasse du mal à ses enfants ».

Plusieurs baby-sitters qu’il emploiera se retrouveront dans des situations semblables.

« Êtes-vous attiré par les très jeunes femmes » ?

« Non pas du tout ».

Pourtant il sera découvert lors d’une perquisition effectuée à son domicile des disques durs contenant une quantité importante de photos de très jeunes filles déguisées en écolière.

« Vous ne reconnaissez pas l’entièreté des faits alors ces jeunes filles mentent » questionne le procureur de la République ?

« Je reste sur ce que j’ai dit, je ne vais pas avouer ce que je n’ai pas fait ».

« Quel intérêt avaient-elles à mentir » ?

« Je ne sais pas ».

« Si ces filles ne vous avaient pas repoussé lorsque vous tentiez de glisser votre main sur leurs parties génitales, qu’est-ce que vous auriez fait » ?

« Je ne sais pas, les choses ne se sont passées ».

« Vous êtes toujours en couple aujourd’hui avec votre épouse » ?

« Oui, mais c’est plutôt de la cohabitation, elle a eu du mal à accepter ».

« Elle ignorait tout » ?

« Oui ».

L’avocate qui représente les intérêts d’une victime se dit déçue :

« j’attendais à cette audience que cet homme reconnaisse, exprime des regrets, mais rien […]

Rendez-vous compte de l’horreur de cette enfant de 13 ans qui voit sur ces vidéos sa propre cousine dans des ébats sexuels.

La seule chose qui compte pour lui, c’est ses besoins sexuels ».

Elle revient sur la honte de cette jeune fille dont la vie a été brisée et qui a même tenté de se suicider, qui dans son mal-être a dû arrêter ses études.

Elle sollicite une indemnité de 6 000 € au titre des dommages et intérêts de 850 € pour les frais de procédure.

Elle explique que les parents de sa cliente sont aujourd’hui divorcés.

Ce couple a explosé lorsque cette affaire a éclaté.

« Imaginez, c’est le couple de la victime qui a explosé et non celui du prévenu qui lui vit toujours en famille, tranquillement comme si de rien n’était ».

Elle se constitue partie civile également pour ce couple et demande une indemnité de 2000 € et 650 € pour les frais de procédure.

Pour le ministère public « Nous sommes face à un pervers et ce n’est pas moi qui le dit mais un expert psychiatre ».

L’enquête minutieuse a permis d’identifier plusieurs victimes avec un mode opératoire quasi identique.

« Que se serait-il passé si personne n’avait dénoncé les faits » ?

Il souligne un désastreux néant, « aujourd’hui on n’a rien, on n’a pas d’explication, même pas d’excuse ».

Les propos du prévenu ne sont que dénégations.

Cependant les faits sont caractérisés et il requiert une peine d’emprisonnement de trois ans totalement assortis d’un sursis simple accompagné d’un suivi socio-judiciaire pendant deux ans avec une injonction de soins, interdiction d’entrer en contact avec les victimes, payer les sommes dues au trésor public, interdiction d’exercer une activité en lien avec les mineurs pendant quatre années.

Constate son inscription au FIJAIS (Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes) et demande la confiscation des scellés

« J’ai honte de ce que j’ai fait »

Pour la défense, « ce n’est pas parce qu’il ne parle pas beaucoup qu’il n’a pas de regret, il a du mal à parler ».

Elle reconnaît qu’il aura fallu cette garde à vue pour que le déclic opère et rappelle qu’il a voulu mettre fin à ses jours ce qui l’a conduit à être hospitalisé en psychiatrie pendant un mois.

Il a sur la sexualité un curseur qui n’est pas le même que le nôtre.

Pour elle, son client doit aujourd’hui être condamné au regard de sa personnalité et pour ce qu’il a commis.

Elle évoque des réquisitions lourdes avec des interdictions qui arrivent beaucoup trop tard.

Elle demande également au tribunal de réduire à de plus justes proportions les indemnités réclamées.

« Monsieur, vous avez la parole en dernier, avez-vous quelque chose à ajouter, qui n’aurait pas été dit » lui demande la Présidente ?

« Bien sûr que si j’ai des regrets, j’ai honte de ce que j’ai fait ».

Le jugement

Le tribunal déclare cet homme coupable de l’ensemble des faits qui lui sont reprochés et le condamne à une peine de 36 mois d’emprisonnement intégralement assortis d’un sursis simple, un suivi socio-judiciaire pendant deux ans avec injonction de soins et en cas de non-respect, une peine de prison d’un an.

Il lui est fait interdiction d’entrer en contact avec les victimes, interdiction d’exercer toute activité en lien avec des mineurs pendant deux ans.

Le tribunal constate son inscription au FIJAIS et ordonne la confiscation des scellés.

Il devra indemniser les victimes.

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