La Roche-sur-Yon | Prison ferme pour le père incestueux sur ses trois filles

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Le père de famille éduquait ses trois filles à coup d’agressions sexuelles
Un Vendéen de 64 ans a été jugé pour agressions sexuelles sur ses trois filles, lorsqu’elles étaient enfants. Des années après les faits, il a été reconnu coupable.

Les trois filles ont subi des agressions sexuelles répétées pendant leur enfance.

C’est un enfer que ces trois sœurs ont vécu, au domicile familial de Rosnay, en Vendée.

Aujourd’hui âgées d’une vingtaine et trentaine d’années, les trois victimes ont porté plainte contre leur père.

L’homme de 64 ans qui se présente à la barre du tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon, ce lundi 20 mars 2023, est jugé pour agression sexuelle sur mineur de 15 ans par ascendant ou personne ayant autorité.

Des faits commis entre 1997 et 2022.

Une plainte libère la parole

Tout commence en août 2021, quand la plus grande des trois sœurs, Thaïs*, décide de porter plainte contre son père pour agression sexuelle.

Elle raconte aux enquêteurs une scène qu’elle a vécue quand elle avait 8 ans : recroquevillée dans le garage de sa marraine où elle passait des vacances, elle ne voulait pas rentrer chez elle à cause des attouchements que lui faisait subir son père.

À l’époque, la fillette dénonce, mais personne ne la croit.

Les deux autres sœurs retrouvent la mémoire

Sa plainte, des années plus tard, libère la parole de ses deux jeunes demi-sœurs.

Fleur* et Suzanne* racontent des scènes de bains avec leur père nu, et des siestes dénudées.

En lisant les témoignages qui figurent au dossier, la présidente du tribunal, Isabelle Jubineau, résume :

« Vous les faisiez jouer avec votre sexe en érection dans le bain, vous faisiez bouger votre sexe pour les faire rire.

Une fois, vous êtes sorti fâché parce qu’elles avaient trop joué avec »

Puis elle poursuit :

Vous aviez pour habitude de vous promener dans la maison le sexe à l’air

Le prévenu reconnait :

« Ça m’arrivait quelquefois »

En grandissant, les filles se rendent compte progressivement que le comportement de leur père n’est pas normal.

La Juge ajoute :

« Quand elles étaient adolescentes, vous entriez régulièrement dans la salle de bains pour les regarder »

qui cite également les « câlins bizarres » avec des mains aux fesses, décrits par les trois filles.

Au dossier, des clichés à caractère sexuel des fillettes, immortalisées par leur père, et des vidéos de ses filles tournées pendant leur enfance.

Face au tribunal, cheveux gris, crâne dégarni, veste de survêtement bleue sur le dos, l’homme, qui se défend seul, n’a pas d’explications tangibles.

Il reconnaît un bain et une sieste. Point.

Il souffle à la barre :

« Elles m’ont touché le sexe, dans le jeu »

Et encore :

J’ai le souvenir d’une sieste dans le lit avec les deux filles.

Elles m’ont touché, mais ce n’est pas moi qui avais demandé ça et ça n’a duré que quelques secondes.

J’estimais qu’un enfant qui découvre un corps, il n’y a rien de dramatique…

« Il y a beaucoup d’imagination »

La présidente du tribunal insiste :

« Pourquoi vos filles parlent d’actes répétés ? »

Le père estime :

« Dans le souvenir qu’elles ont, il y a beaucoup d’imagination, on n’est pas dans la réalité »

Tour à tour, à la barre, les trois sœurs, en larmes, racontent les mêmes scènes.

Et les retentissements violents de ces agressions sexuelles sur leurs vies.

En lisant les expertises, la juge énumère  :

L’expertise psychologique des trois victimes met à jour des points communs : « angoisse d’abandon, de rejet, hypervigilance, troubles de l’alimentation, état d’alerte et de contrôle, peur des hommes, traumatisme psychique majeur »

Maître Stéphanie Guedo, avocate des victimes déclare :

Ces trois femmes sont fracassées

L’aînée a sombré dans l’addiction de drogues dures avant se sortir la tête de l’eau « grâce à son conjoint et ses deux enfants ».

La plus jeune est internée régulièrement à l’hôpital psychiatrique depuis deux ans pour des tentatives de suicide répétées.

La procureure de la République n’a aucun « doute sur la crédibilité des victimes » et pointe le déni complet du prévenu.

La Procureure de la République :

D’un côté, il reconnaît les deux scènes en question, mais de l’autre, il ne se reconnaît pas comme un agresseur, à aucun moment.

Et de rappeler la définition d’une agression sexuelle :

Attouchement de nature sexuelle imposé par violence, menace ou surprise.

« Quand on a cinq ans, il n’y a pas de connaissance sexuelle.

Lui seul savait.

C’est là un aspect pervers de son comportement.

Les enfants, on peut leur faire faire n’importe quoi en leur faisant croire que c’est un jeu et c’est ce qu’il fait. »

Deux ans ferme

Le tribunal suit à la lettre les réquisitions.

Le prévenu est condamné à trois ans de prison dont deux fermes et un an de sursis probatoire pendant deux ans.

Il a l’interdiction d’entrer en contact avec les victimes, de se présenter à leur domicile, l’obligation de soins et ne peut plus exercer d’activité en lien avec des mineurs.

Il est également inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles et violentes (Fijais).

La constitution de parties civiles des victimes a été retenue : le prévenu devra verser 6 600 € à chacune d’entre elles pour dommages et intérêts et frais de justice.

* Les prénoms ont été modifiés.

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