La Réunion | L’assassin de la petite Shana prend 30 ans

Le verdict est tombé en fin de journée. Ce lundi 10 novembre, la cour d’Assises des mineurs de Saint-Denis a condamné le jeune homme accusé de l’assassinat de la jeune Shana à 30 ans de réclusion criminelle, soit la peine maximale, avec la levée de l’excuse de minorité.

30 ans de réclusion criminelle requis

En fin de matinée, le parquet avait requis 30 ans de réclusion criminelle, et la levée de l’excuse de minorité. Des réquisitions suivies par les jurés qui ont délibéré pendant une heure et demi.

L’accusé aura un suivi sociojudiciaire de dix ans avec soins, et interdiction d’entrer en contact avec la coaccusée, déjà condamnée à 20 ans de prison.

Un crime “d’une gravité extrême”

Après l’énoncé du verdict, la présidente a déclaré que “la cour a jugé que ce crime était d’une gravité extrême”.

Sans la levée de l’excuse de minorité, l’accusé encourrait 20 ans de réclusion criminelle.

Jusqu’ici, la justice française n’a que rarement levé cette excuse de minorité, mais elle était possible dans ce dossier au regard de la gravité des faits, de la détermination avec lesquels ils ont été commis et de l’attitude de l’accusé.

Agé de 17 ans au moment des faits en septembre 2023, il a eu 19 ans, ce lundi.

La réaction du père de Shana

A la fin du procès, le père de Shana a réagi.

“Le verdict est celui que j’attendais, la cour l’a jugé comme un adulte et pas comme un mineur, a déclaré Mickaël Alicalapa. Je ne pense pas que le verdict apaise car il ne me rend pas ma fille, mais on voulait que la justice soit rendue. Il faut que les ados comprennent qu’ils ne peuvent pas faire n’importe quoi”.

Durant le procès, l’assassin de Shana n’a exprimé aucun regret et n’a pas expliqué son geste.

« On reste sur notre faim, sans avoir compris pourquoi et comment il a fait ça ? Est ce que c’est un détraqué ? On ne sait pas. Il parle peu, et quand on pose des questions, il ne répond pas. On attendait des réponses, mais on ne les a pas. »

Selon lui, l’après procès sera aussi difficile.

“Le procès est une bulle dans laquelle on s’enferme, maintenant on va sortir de la bulle et essayé de faire notre deuil”, confie Mickaël Alicalapa.

La froideur de l’accusé et son absence de regret

Durant les trois jours de procès à huis clos, l’accusé ne s’est exprimé qu’une fois devant la cour, mercredi dernier. Il n’a exprimé aucun regret, aucune compassion, aucune empathie. Il a toujours reconnu les faits, avec un témoignage détaché et froid sur le meurtre prémédité de la jeune dionysienne.

Selon des éléments de l’enquête, le jeune homme était amateur d’images violentes de démembrements et de cadavres.

Pendant l’enquête, l’accusé avait avoué qu’il rêvait de devenir tueur en série, regrettant “n’avoir tué qu’une fois” et disant “qu’il aurait dû tuer trois fois pour être considéré comme un tueur en série”.

Vendredi dernier, Soizic Panefieu, son avocate expliquait :

“Nous ne sommes pas là pour minimiser, nous entendons la peine, la colère, la tristesse de la famille de Shana. L’objectif de la défense c’est de trouver la peine juste au regard du profil de l’accusé, de son parcours de vie, mais surtout de ses troubles psychologiques et psychiatriques”.

Un guet-apens via les réseaux sociaux

Durant le procès, les témoignages se sont multipliés à la barre.

Le médecin légiste qui a autopsié le corps de Shana a été entendu, ainsi que les proches du jeune accusé et sa coaccusée.

En septembre 2023, Shana a été prise dans un guet-apens tendu par ces deux adolescents qu’elle ne connaissait pas.

Elle a été retrouvée morte dans une ancienne usine sucrière de Pierrefonds.

Rapidement, les deux adolescents avaient été interpellés. Ils avaient attiré leur victime via les réseaux sociaux.