La Réunion l Acquitté pour viol, Christophe Laurince est condamné pour agressions sexuelles

Acquitté par la cour d’assises en 2008 pour le viol d’une fillette, un ancien ambulancier était jugé hier en correctionnelle pour des agressions sexuelles commises en 2010 sur les filles mineures de sa compagne.

Il écope de quatre ans de prison ferme.

Christophe Laurince, 47 ans, espérait peut-être une issue aussi heureuse pour lui que celle qu’il avait connu en 2008, quand le jury populaire de la cour d’assises l’avait acquitté du viol d’une fillette de 12 ans, après deux ans passés en détention préventive.

Mais hier, devant le tribunal correctionnel le jugeant pour des agressions sexuelles, le doute n’a pas, cette fois, profité à l’accusé.

Reconnu coupable par les magistrats, l’ancien ambulancier a été condamné à quatre ans de prison ferme et trois ans de suivi socio-judiciaire.

Pourtant, les deux dossiers présentaient des caractéristiques des plus similaires, ce genre d’affaire où c’est “parole contre parole”, comme le rappelait en défense Me Laurent Payen.

Pas de preuve matérielle, pas de témoin, mais deux jeunes victimes qui accusent et maintiennent leur version.

En 2012, les deux filles d’une ex-compagne de Christophe Laurince déposent plainte contre lui pour des faits survenus deux ans plus tôt, alors que leur mère avait brièvement fréquenté cet homme.

La plus jeune, 11 ans au moment des faits, raconte que celui-ci l’a pelotée une fois qu’ils étaient restés seuls à la maison.

L’aîné, 14 ans alors, parle carrément d’une gifle et d’une relation sexuelle imposée.

Entendu par la police, le quadragénaire nie les faits.

Hier encore à l’audience il “ne comprend pas” ces accusations graves.

“C’est peut-être une vengeance de Madame parce que je l’ai quitté la veille de la Saint-Valentin. Ou que je lui devait 50 euros”,

tente-t-il d’expliquer.

“Vous pensez sérieusement qu’elles vous accuseraient pour 50 euros ?”,

s’étonne le président.

“Je ne sais pas, je ne comprend pas”,

répond le prévenu, qui met en avant son “impuissance”, pourtant contredite par l’expertise médicale.

“INDICES SUFFISANTS”

“Ces filles n’ont aucune raison de mentir”,

insiste Me Anne Michel-Técher pour les parties civiles.

“Leur dénonciation arrive deux ans après, alors que leur mère ne voit plus cet homme depuis longtemps. Ce sont des filles courageuses qui ont été terriblement marquées par ce qu’elles ont vécu”,

poursuit l’avocate tandis que les deux jeunes femmes essuient leur larme dans la salle.

Reconnaissant “la difficulté” de ces dossiers d’agressions sexuelles sans éléments matériels, le substitut du procureur Christophe Gour-laouen se penche sur la crédibilité des plaignantes.

“Elles ont attendu six ans jusqu’à ce procès et n’ont jamais varié dans leurs déclarations. elles sont encore là aujourd’hui avec cette histoire douloureuse.”

Pour ces “faits graves”, le magistrat estime qu’il existe “des indices suffisants” pour condamner le prévenu à quatre ans de prison ferme.

  “On ne peut pas condamner à quatre ans sur des supputations ou en jouant à pile ou face”,

prévient Me Laurent Payen.

“On nous demande de justifier pourquoi ces filles mentiraient. c’est impossible ! C’est une inversion de la charge de la preuve contraire aux règles du droit pénal”,

déplore le bâtonnier qui demande la relaxe.

Après délibéré, les juges ont décidé de suivre les réquisitions.

Mais n’ont pas décerné de mandat de dépôt contre le condamné, inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.

De Sébastien Gignoux

Source: Clicanoo

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