La Châtre | Un soixantenaire prend 6 mois ferme pour tentative d’enlèvement d’une mineure de 12 ans

Un artisan d’une soixantaine d’années avait la mauvaise habitude de vouloir faire monter des jeunes filles dans son véhicule. Il a été condamné à 24 mois de prison dont 18 avec sursis.

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Illustration. ©Photo d’archives NR, Jean-Luc Pavot

L’artisan qui fait face ce jour à la présidente, Stéphanie Lochon-Dallet, est particulièrement confus dans ses explications.

« J’ai disjoncté répète-t-il.

J’étais un peu pervers.

Maintenant j’ai réfléchi et j’arrête tout. »

Arrêter d’accoster les très jeunes filles dans la rue, afin de les faire monter dans son utilitaire.

« Les faits qui vous sont reprochés sont très graves », poursuit la présidente et concerne, notamment, une jeune fille de 12 ans qui, le 22 juin 2017, est sur la route de son collège à La Châtre.

« Au volant de votre camionnette, poursuit la présidente, vous l’avez repérée.

Vous n’avez pas hésité à faire demi-tour pour revenir à sa hauteur, puis lui faire signe avec votre index, afin qu’elle monte dans votre utilitaire. »

La fillette apeurée est partie en courant.

« Pourquoi vouliez-vous qu’elle monte dans votre véhicule ? », demande la présidente.

« Pour parler », bredouille le sexagénaire qui n’arrive à convaincre personne.

Lionel Josserand, vice-procureur, montait alors au créneau.

« Combien avez-vous abordé de jeunes filles avant celle-ci ? »

Hésitations, puis à voix très basse :

« Quatre ou cinq et quelques femmes adultes ».

Et le magistrat de demander ce qui s’est ensuite passé ?

« J’ai demandé un bisou à l’une, mais elle n’a pas voulu. »

Le prévenu explique avoir eu une relation sexuelle avec une autre femme, « accostée de la même façon ».

Pour Me Jérémy Demont, conseil des parents de la jeune fille au centre de cette affaire,

« L’intention finale était bien de la faire monter dans son véhicule.

La suite est évidente. »

Puis le mode opératoire « de rôder aux abords du collège et repérer des proies, s’est répété dans La Châtre ».

Pour le ministère public, « nous frôlons l’enlèvement » et que se serait-il passé « si l’enfant était monté dans l’utilitaire ».

Sur le banc de la défense, Me Brice Tayon a eu la lourde tâche de défendre le sexagénaire, jusque-là inconnu de la justice.

« Les éléments constitutifs à une tentative de soustraction d’enfant ne sont pas caractérisés, devait estimer l’avocat.

Le refus de la victime a mis fin à l’infraction. »

Sans passer outre, l’important préjudice moral de l’enfant, l’homme de loi a rappelé que son client était « seulement coupable de voie de fait (1), ce qui demeure une violence interdite ».

A l’issue de ces débats, ce sexagénaire a été condamné à 24 mois d’emprisonnement, dont 18 avec sursis et devra verser 2.100 € de dommages et intérêts.

Il lui est, par ailleurs, interdit d’entrer en contact avec des mineurs et de circuler aux abords d’établissements scolaires.

(1) En droit pénal, une violence envers une personne ne constituant ni une blessure, ni un coup.

Source : La Nouvelle République

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