Île Maurice | Hausse constante des consommateurs de pédopornographie

Environ 2 % des Mauriciens essayent de visiter chaque mois, des sites pédopornographiques. C’est ce que révèle l’observatoire placé sous l’égide de l’ICTA. Les chiffres, publiés tous les trois à six mois, ont été mis à jour récemment. Fait notable : les chiffres sont en hausse constante depuis deux ans.

Pédopornographie. Qu’est-ce ? Il s’agit de pornographie mettant en scène des mineurs. Et, selon les derniers chiffres publiés par l’Information and Communication Technologies Authority, en un mois, 25 317 internautes ont tenté d’accéder à des sites internet proposant ce type de contenu. Ils ont toutefois buté sur un logiciel permettant de bloquer l’accès.

C’est ce que révèle l’observatoire placé sous l’égide de l’ICTA.

Les chiffres, publiés tous les trois à six mois, ont été mis à jour récemment.

Ils concernent les données pour les six derniers mois de 2017.

Fait notable : les chiffres sont en hausse constante depuis deux ans (voir tableau).

C’est le système appelé Child sexual abuse filtering – installé sur le réseau internet local – qui permet de détecter l’accès aux sites pédopornographiques.

Une liste noire énumérant ces sites est, par ailleurs, régulièrement mise à jour, en utilisant notamment la base de données de l’International Criminal Police Organization, plus connue sous le nom d’Interpol.

Qui sont ces Mauriciens qui essaient d’y accéder ?

Difficile de dresser un profil type du «pédophile» caché derrière son écran d’ordinateur ou son smartphone.

Il peut être vieux, jeune, aisé, de classe moyenne, selon le Halley Movement, qui milite pour la protection des mineurs en ligne.

Pour protéger enfants et ados, à Maurice, nous comptons sur le Netclean White Box System.

Qui se charge de comparer les adresses IP (NdlR, numéro d’identification de chaque appareil connecté à un réseau utilisant le protocole Internet) des sites blacklistés et ceux auxquels un internaute mauricien tente d’accéder.

Ce dernier reçoit alors un message lui disant que l’accès au site est bloqué.

Sauf que certains ont trouvé des astuces pour contourner les règles.

Ils visitent des sites pornos «classiques», dirons-nous, et tapotent alors dans la barre de recherches des mots-clés comme «teens», «young girls» ou encore «young boys».

Si les «terms and conditions» stipulent qu’il n’y a pas de mineurs parmi les acteurs ou amateurs, il y a parfois de sérieux doutes à avoir.

D’autre part, des vidéos à caractère pédopornographique sont accessibles via les messageries instantanées et les réseaux sociaux.

Periscope, plate-forme où sont diffusées des vidéos, a ainsi été épinglée pour avoir autorisé la diffusion de ces contenus.

Pour contourner la loi des internautes utilisent également un VPN (NdlR, Virtual Private Network), qui détourne «le regard» des fournisseurs d’accès à Internet et qui «trompe» les filtres.

Le but : faire croire qu’ils se connectent d’un autre pays, histoire de leurrer les chiens de garde.

Le seul moyen d’empêcher l’accès, alors, c’est de fermer le site…

D’autre part, certains utilisent, depuis peu, un moteur de recherche appelé «Tor», qui permet d’avoir une communication «anonyme» sur le Web.

Mais alors, ne peut-on pas remonter jusqu’à l’internaute qui visite des sites pédopornographiques ?

La tâche est ardue.

Car le système de filtrage de contenus n’est, a priori, pas branché auprès des opérateurs d’Internet.

Par contre, s’il y a des soupçons qui pèsent sur un quelconque individu ou si l’adresse IP a été traquée par Interpol, les autorités locales peuvent alors retracer ladite adresse du présumé pédophile.

David Kevin Cité, un Mauricien de 27 ans, avait ainsi été arrêté en août 2017, après des informations fournies par le Federal Bureau of Investigation (FBI) et Facebook.

Ce dernier se faisait passer pour une adolescente européenne pour escroquer ses victimes.

Il avait créé 14 faux profils et envoyait des «friend requests» à ses proies et engageait ensuite la conversation pour les mettre en confiance.

Il parvenait à convaincre certaines de se dénuder devant leur ordinateur.

Les vidéos étaient postées sur Facebook via ses autres profils.

Son manège n’a pas échappé au FBI.

L’organisme d’enquêtes majeures du gouvernement américain et Facebook effectuent un «tracking» régulier pour retracer les pédophiles et les consommateurs de contenus pédopornographiques.

Nirmal Busgopal: «On rapporte des cas chez nous tous les jours»

Quelque 25 000 Mauriciens essaient, chaque mois, d’accéder à des sites pédopornographiques. En tant qu’avocat et dirigeant du Halley Movement, que vous inspirent ces chiffres ?

C’est alarmant !

Nous misons sur des campagnes de sensibilisation pour prévenir les Mauriciens concernant les dangers que représente Internet.

Mais nous les mettons en garde aussi, en leur disant ce qu’ils risquent s’ils franchissent la ligne.

Cela ne semble pas décourager certains…

Internet est tellement vaste !

Ceux qui postent ce type de contenu changent continuellement de noms de domaine afin que les sites demeurent accessibles.

La base de données des autorités locales et internationales est obsolète.

Il est difficile de combattre la pédopornographie dans de telles circonstances.

On sait qu’il est difficile de dresser le profil type des internautes qui veulent visiter ces sites, mais qu’en est-il des victimes ?

On rapporte des cas chez nous tous les jours.

Il y a des victimes de sextorsion (NdlR, l’extorsion via Internet de faveurs sexuelles ou monétaires. Il se double le plus souvent de celui de chantage à la webcam) ou celles dont les photos ont atterri à leur insu sur les réseaux sociaux.

Les campagnes de sensibilisation servent-elles à quelque chose ?

Notre ONG est très engagée et notre programme est axé sur les séances d’informations.

Nous misons sur l’éducation des parents et des jeunes internautes.

Nous referons des cas aux autorités.

Que peut-on faire de plus ?

Pourquoi ne pas traquer ces pédophiles en puissance, qui ont le clic facile ?

Il faut que les autorités maintiennent la pression, elles doivent arrêter les pédophiles ou ceux qui consomment ce type de contenus.

C’est dommage que les lois ne soient pas appliquées dans tous les cas.

Il faut effectuer davantage de descentes policières.

Le système actuel protège en partie les mineurs, alors que les adultes ont accès librement aux sites pornographiques. C’est quand même paradoxal, non ?

Oui.

Et même s’il y a un filtre, les enfants peuvent aussi avoir accès à des appareils non contrôlés par les parents.

Que font les opérateurs de téléphonie et le régulateur ?

Source : L’Express

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