Orléans | Deux affaires pédocriminelles couvertes par le diocèse

Un des pédocriminels était membre d’une commission d’experts sur les problèmes de pédophilie au diocèse d’Orléans

Des dizaines de jeunes garçons auraient été victimes d’abus sexuels de la part de deux prêtres. Selon Mediapart, ces actes auraient été couverts par trois évêques successifs entre 1993 et 2010.

Deux nouvelles affaires de pédophilie viennent secouer l’Eglise catholique à Orléans, où le diocèse est accusé d’avoir couvert les comportements de deux prêtres pendant des années.

Selon Mediapart, qui dévoile une enquête sur le sujet, deux prêtres de 58 et 69 ans auraient commis des abus sexuels sur plusieurs dizaines de jeunes garçons entre 1993 et 2000, sans être inquiétés par la justice ou leur hiérarchie, jusqu’à la vague de libération de la parole des victimes ces dernières années.

Olivier de Scitivaux de Greisch

Olivier de Scitivaux de Greisch, 58 ans, était recteur de la basilique de Cléry-Saint-André. Il a également été aumônier de plusieurs collèges et lycées d’Orléans dans les années 2000.

Le 13 avril, il a été mis en examen pour agressions sexuelles sur un jeune garçon. Les faits, dénoncés à la justice par l’actuel évêque d’Orléans Jacques Blaquart, se seraient déroulés dans une chorale d’Orléans et dans un centre de vacances breton appartenant au diocèse du Loiret entre 1994 et 2000.

Mais les enquêteurs doutent qu’il n’y ait eu qu’une victime. Le prêtre aurait en effet fréquenté le centre de vacances pendant 30 ans, de 1977 à 2007, et au moins un autre cas de viol aurait été rapporté. Ces faits supplémentaires, qui remontent aux années 1980, sont aujourd’hui prescrits.

Pierre de Coye de Castelet

De son côté, Pierre de Coye de Castelet, 69 ans, est soupçonné d’avoir abusé d’au moins une dizaine de garçons entre 11 et 13 ans lors d’un camp de vacances à Arthez-d’Asson, dans les Pyrénées-Atlantiques, en 1993.

Assumant le rôle “d’infirmier” du camp (alors qu’il n’en avait pas le titre), le prêtre recevait les jeunes vacanciers dans une salle et procédait à des attouchements. Trois victimes ont déposé plainte et le pédocriminel a reconnu les faits.

Selon une association de victimes, des liens existeraient entre ces deux affaires. En effet, selon certains témoins, cités par Mediapart,

“les deux prêtres se fréquentaient et étaient très actifs dans le mouvement des Scouts d’Europe, à Orléans et ailleurs”.

Leurs agissements étaient-ils alors connus de tous ? Le diocèse aurait fermé les yeux pendant des années

Dès le camp de 1993 dans les Pyrénées-Atlantiques, une animatrice aurait été alertée par les jeunes garçons du comportement de Pierre de Castelet. Elle l’aurait alors surpris dans sa chambre en train “d’examiner de près un garçon allongé et uniquement vêtu d’un slip”, rapporte Mediapart.

Mais après inspection, le prêtre aurait été simplement exfiltré du camp de vacances… pour aller s’occuper d’un autre, également avec des adolescents. Selon les trois victimes qui ont aujourd’hui déposé plainte, plusieurs familles avaient saisi le diocèse après le camp en 1993, sans que ces dénonciations ne soient suivies d’effet.

Malgré les promesses de sanctions, Pierre de Castelet a continué d’exercer au près des jeunes pendant près de 20 ans, notamment comme aumônier d’une patrouille de Scouts d’Europe, mais a aussi été membre d’une commission d’experts sur les problèmes de pédophilie au diocèse d’Orléans.

Sur la période incriminée (1993–2010), trois évêques se sont succédé dans le Loiret: René Picandet, Gérard Daucourt et André Fort. Ce dernier a été placé en examen l’an dernier pour non-dénonciation d’atteintes sexuelles sur mineur, des faits passibles de trois ans de prison.

Alerté en 2010 sur les faits reprochés à Pierre de Castelet, il n’en avait pas informé la justice et aurait simplement demandé au prêtre d’aller “voir un psychiatre”.

Bernard-Nicolas Aubertin

De son côté, l’Archevêque de Tours, Bernard-Nicolas Aubertin aurait expliqué ne pas se souvenir d’avoir été alerté par courrier en 2007 des agissement de Pierre de Castelet, évoquant simplement des “rumeurs”, dont l’évocation aurait provoqué la colère d’André Fort.

Les avocats de trois des victimes de Pierre de Castelet ont écrit cette semaine au juge d’instruction de récupérer auprès du diocèse d’Orléans toutes les archives relatives aux deux prêtres et à tous les autres responsables éventuels qui auraient été couverts par leur hiérarchie.

Source : sudouest.fr

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