Haute-Loire | Le frère Albert Maës reconnait être un pédophile
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 15/06/2024
- 09:52
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L’affaire a éclaté en 2017 grâce à la célèbre émission Cash Investigation d’Élise Lucet, sur France 2.
Dans une grande enquête consacrée à la pédocriminalité au sein de l’Église catholique, la journaliste avait révélé l’une des plus importantes et scandaleuses affaires, sur le sujet, de ces dernières années : le cas du frère Albert Maës.
Membre du Sacré-Cœur, le frère Albert Maës était accusé par la Guinée d’avoir commis de nombreux viols et attouchements sur mineurs lorsqu’il dirigeait l’établissement catholique Sainte-Marie de la capitale Conakry, de 1994 à 2002.
L’homme avait précipitamment quitté le pays pour échapper à son arrestation.
Depuis, Albert Maës, aujourd’hui âgé de 81 ans, vit tranquillement en Haute-Loire, protégé par la congrégation du Sacré-Cœur.
A la suite des révélations de Cash Investigation, une enquête préliminaire a été ouverte, en 2017, par le parquet de Clermont-Ferrand.
Albert Maës avait alors été placé en garde à vue, mis en examen et laissé en liberté.
Et rien, ou presque, n’a bougé depuis. En dépit des plaintes qui s’amoncellent, de pétitions lancées en ligne et de plusieurs enquêtes de presse au fil des années sur ce cas hors normes, la justice n’a toujours pas fixé de date de procès.
Le journal Le Monde a fait le choix d’aller à la rencontre d’Albert Maës, dans son édition du samedi 25 mai.
Dans ce long article, le prélat y reconnaît de nombreux faits. Et un élément totalement nouveau y surgit : il a, de son propre aveu, commis ses premiers attouchements lorsqu’il exerçait à Langres, comme directeur de l’internat de l’établissement catholique du Sacré-Cœur Jeanne-Mance.
Un signalement d’Albert Maës resté sans suite
« Le jeune religieux avait pourtant fait l’objet dès 1975 d’un signalement par un professeur de l’établissement privé Jeanne-Mance de Langres, en Haute-Marne, pour des faits qualifiés à l’époque d’« attentat à la pudeur ». Albert Maës, alors novice, enseignait l’anglais et le sport. Responsable de l’internat, il imposait, la nuit, attouchements et masturbations à des élèves. De cela aussi, M. Maës parle aujourd’hui sans filtre. “J’étais directement exposé à la tentation”, se justifie-t-il », indiquent nos confrères du Monde.
Plus loin, alors qu’il est interrogé sur l’absence de signalements durant quinze ans, entre Langres et Conakry, lorsqu’il exerçait en Côte d’Ivoire, Albert Maës répond sans fard :
« Que s’est-il passé durant les quinze années qui ont précédé Conakry ? “Rien”, coupe court Albert Maës. “A Man ou à Gagnoa, je n’étais pas chargé de l’internat comme à Langres, ni en position de tout contrôler” ».
Albert Maës a reconnu, auprès du journal Le Monde, de premiers attouchements commis lorsqu’il exerçait, en 1975-1976, au sein du Sacré-Cœur Jeanne-Mance de Langres.
Albert Maës a effectivement exercé à Langres, au sein du Sacré-Cœur Jeanne-Mance, durant l’année scolaire 1975-1976.
Il y était en charge de l’internat, mais également professeur d’anglais et de sport.
Féru de football, il avait, par ailleurs, œuvré au sein du Club omnisports langrois (COL).
Contactés par jhm quotidien, d’anciens membres de l’équipe pédagogique de l’époque livrent aujourd’hui leurs témoignages.
« Il y avait des rumeurs »
« Je le connaissais très peu. Je l’ai croisé de temps en temps mais on avait peu de contact. Il faut dire qu’à l’époque, j’étais dans la partie lycée qui existait alors, pas au sein du collège », se remémore Jean-Paul Pizelle, ancien professeur d’histoire, qui se souvient néanmoins : « Quand il est parti en Afrique, cela nous a surpris mais on ne s’est pas posé plus de question que cela ». A rebours, Bernard Collin, frère de Gilles Collin qui a longuement travaillé à Jeanne-Mance, l’affirme : « Je le connaissais. Oui, il y avait des rumeurs. Mais on n’en a pas su davantage ».
Jean-Claude Fourtier, professeur de mathématiques, se souvient qu’Albert Maës avait subitement quitté ses fonctions à Pâques 1976, avant la fin de l’année scolaire :
« On s’est dit qu’il avait dû y avoir quelque chose. Mais je ne savais rien ». C’est bien plus tard, lorsque l’affaire a éclaté médiatiquement, qu’il a parlé avec d’anciens élèves : « Ils m’ont dit qu’il s’était effectivement passé des choses. J’ai été très surpris ».
Les faits commis à Langres sont, aujourd’hui, prescrits sur le plan pénal.
En revanche, l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation, mise en place par l’Église catholique, n’a fixé aucune borne temporelle et peut être saisie par les victimes.
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