Haïti | Les violences sexuelles contre les femmes déplacées s’envolent

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Ces violences concernaient 75 % de femmes adultes et 20 % de filles mineures
Des milliers de femmes et de filles déplacées par les violences des gangs qui gangrènent Haïti sont menacées par un « envol » des agressions sexuelles, a alerté l’ONU mardi, dénonçant les conditions de vie déplorables des camps de fortune de la capitale.

Parmi les quelque 185 000 personnes ayant dû fuir leur domicile à Port-au-Prince, beaucoup vivent dans des camps de fortune que l’agence onusienne a visités.

« Le risque de violences sexuelles pour les femmes et les filles qui vivent dans les sites de déplacés dans la capitale Port-au-Prince augmente rapidement, en partie en raison de leurs conditions de vie déplorables », s’inquiète le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) dans un communiqué.

Dans 14 de ces camps passés en revue, plus de la moitié des toilettes et beaucoup des douches ne sont pas séparées entre hommes et femmes, beaucoup des douches ne ferment pas à clé, et beaucoup de sites n’ont pas de lumière la nuit.

« Résultat, de nombreuses femmes et filles risquent d’être agressées sexuellement à chaque fois qu’elles vont aux toilettes ou prendre une douche », dénonce l’UNFPA.

« Avec ce que j’ai subi, j’aurais préféré mourir », raconte dans le communiqué une mère de sept enfants agressée sexuellement alors qu’elle dormait dans un parc après avoir fui les gangs.

« Quand ils ont vu qu’il n’y avait pas d’homme avec moi, ils m’ont attaqué, alors que j’étais enceinte de quatre mois. Je vis dans la douleur, j’ai du mal à respirer, j’ai peur pour ma fille qui a 11 ans ».

Et ce type d’agressions s’envolent dans le pays.

« Entre mars et mai 2024, le nombre de cas de violences sexuelles et liées au genre enregistrés par l’UNFPA et ses partenaires a augmenté de plus de 40 %, mais ces cas déclarés sont seulement une petite partie du total ».

Selon les chiffres de l’ONU, ces violences sont ainsi passées de 250 en janvier-février à plus de 1 500 en mars, pour atteindre plus de 2 000 en avril-mai.

Au total, de janvier à mai 2024, 3 949 cas de violences basées sur le genre ont été rapportés, dont 65 % de viols et 7 % d’autres agressions sexuelles, principalement commis par des membres de gangs. Ces violences concernaient 75 % de femmes adultes et 20 % de filles mineures, et 61 % de personnes déplacées.

Dans ce contexte, l’UNFPA renouvelle son appel aux dons de 28 millions de dollars pour renforcer la santé reproductive et les services aux victimes de violences sexuelles en 2024.

Un appel seulement financé à 19 %.

Haïti est depuis longtemps secoué par des crises politiques, humanitaires et sécuritaires, notamment la violence des gangs.

Mais la situation s’est fortement détériorée fin février lorsque des gangs ont lancé des attaques coordonnées à Port-au-Prince, poussant au départ le premier ministre contesté Ariel Henry.

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