Grand Bourgtheroulde | Prison avec sursis pour avoir agressé sexuellement sa fille

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Bruno Questel à la défense l’un des dirigeant à la commission indépendante sur l’inceste, la Ciivise
Un père a été condamné, jeudi 16 mai 2024, pour avoir agressé sexuellement sa fille à Grand Bourgtheroulde. C’est l’ancien maire, Bruno Questel, aussi avocat, qui l’a défendu.

C’est une difficile affaire qui a été jugée, jeudi 16 mai 2024, au tribunal judiciaire d’Évreux. 

Une adolescente, souffrant de dépression depuis 2021, a révélé, deux ans plus tard, avoir été agressée sexuellement par son père.

Condamné à 10 mois de prison, ce dernier a été inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.

Silence et scarifications

Le jour du jugement, la jeune victime était présente, ainsi que sa mère et que son père, le prévenu.

L’atmosphère était pesante, les débats consistant à établir la vérité pour des actes sans témoin opposant la parole de l’un à celle de l’autre.

Intelligente, plutôt brillante sur le plan scolaire, la victime que nous appellerons Laetitia a connu une grave dépression, au point de se scarifier.

Son entourage a alors cherché à comprendre, sans succès, l’adolescente se réfugiant dans un profond mutisme.

Puis, en 2023, elle a fini par avouer à sa cousine que son père, séparé de sa mère depuis 2016, avait eu un comportement grave.

« Il m’a touché les fesses »

« Un soir, mon père, ivre, s’est disputé avec sa compagne. Il m’a emmenée, moi et mon frère, chez notre grand-mère paternelle à Bourgtheroulde-Infreville [NDLR : ancien commune aujourd’hui nommée Grand Bourgtheroulde]. Nous avons tous dormi ensemble. Et, à 3 heures du matin, il a passé une main sur le haut de mon dos puis dans ma culotte et m’a touché les fesses », a-t-elle raconté aux enquêteurs

avant d’ajouter :

« Il a ensuite dit : « merde, elle va tout dire à sa mère ! ». Depuis, je n’en ai jamais parlé. »

Entendu, le père, Jérôme M., a tout d’abord affirmé qu’il ne s’était rien passé. Puis, il a changé de version en déclarant qu’en réalité, il ne s’en souvenait pas.

À la barre, la victime, en pleurs, a une nouvelle fois dénoncé la maltraitance en balbutiant d’une voix quasiment inaudible :

« J’aimerais bien qu’il se souvienne. »

Sa mère, également en pleurs, a quant à elle simplement dit :

« Je veux qu’il reconnaisse l’alcool et ce qui a suivi. Aujourd’hui, Laetitia va mal. »

Une cassure « brutale et nette »

Leur avocate, Me Lhommeau-Grignard a ensuite rappelé qu’en raison de l’alcoolisation récurrente du prévenu, les enfants avaient souffert toute leur enfance. Et de préciser :

« Laetitia a toujours dit que son papa lui manquait. Pourtant, dès 2021, elle n’a plus eu aucun contact avec lui. La cassure a été brutale et nette. »

Le procureur a également insisté sur les revirements du prévenu qui a prétendu avoir dormi avec son fils avant de proposer une version différente pour finalement conclure qu’il ne se souvenait de rien.

Bruno Questel à la défense

Dix-huit mois de prison assortis d’un sursis probatoire de 2 ans comprenant diverses obligations ainsi qu’une inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ayant été requis, l’avocat de la défense a pris le relais.

Ce n’est autre que Bruno Questel, l’ancien maire de Grand Bourgtheroulde et aujourd’hui l’un des dirigeants à la commission indépendante sur l’inceste, la Ciivise.

« Monsieur n’a jamais trouvé sa place de père. Artisan dans le bâtiment, il est tous les jours sur la route. Pourtant, il n’a jamais été contrôlé avec un seul gramme d’alcool dans le sang », a notamment plaidé Me Bruno Questel.

L’ancien député de la 4e circonscription de l’Eure a précisé :

« J’ai accepté d’assurer sa défense car je ne sais pas. On ne sait pas ce qui s’est exactement passé. Ce qui est sûr, c’est qu’il est meurtri et en souffrance et qu’il est très malheureux de ne pas voir ses enfants. S’il a commis une faute, c’est d’avoir dormi avec sa fille. »

Dix mois de prison

Jérôme M. a finalement été condamné à 10 mois de prison avec un sursis probatoire de 3 ans comportant des obligations de soins psychologiques et en addictologie.

Il est également interdit de contact avec la victime et est désormais inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.

Enfin, il devra verser 3 000 € de préjudice moral ainsi que 1 000 € pour les frais de justice.

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