Genève | Un ado commet des crimes sexuelles commandités via Snapchat

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«Parents, contrôlez les portables de vos enfants adolescents!»
L’auteur de trois agressions sexuelles à Genève, alors âgé de 16 ans, était en lien avec deux comptes Snapchat qui le poussaient à commettre des crimes sexuels. L’instigateur, un professeur de collège âgé de 31 ans, a été arrêté près de Paris.

Un jeune de 16 ans est soupçonné d’avoir perpétré plusieurs agressions sexuelles à Genève l’an passé, dont l’une sur une mineure.

Or, durant l’enquête, les policiers ont retrouvé dans son téléphone des messages incitant l’adolescent à commettre des viols, envoyés par deux comptes Snapchat différents.

Le détenteur d’au moins l’un de ces profils a été identifié et arrêté par la police française la semaine passée.

Les messages retrouvés dans le téléphone de A. montrent que l’adolescent, qui vit à Genève et vient d’un milieu social instruit, était effectivement en contact avec deux comptes Snapchat l’encourageant au viol.

Le contenu des échanges fait froid dans le dos.

L’un d’eux, répondant au nom de Martina*, poussait l’adolescent à contraindre sexuellement des femmes ou des filles mineures.

Il lui indiquait quelles victimes trouver, leur âge (parfois de très jeunes filles), quels sévices leur faire endurer et comment procéder dans les détails, indique une source proche du dossier.

A. aurait ainsi commis un viol, une contrainte sexuelle et une tentative d’agression à Genève en 2024.

Selon les premiers éléments de l’enquête, pour un des viols commis, l’adolescent déambulait sur son vélo – seul – avec son téléphone dans la main, en visioconférence avec Martina.

L’utilisateur du profil Snapchat l’aurait ainsi aidé à choisir sa victime en «direct» et conseillé sur la façon de l’agresser, indique une source.

Un professeur de géographie

Le second contact Snapchat retrouvé sur le téléphone de A., répondant au pseudonyme de LEASLR2022, demandait des actes sexuels à distance et enregistrait du contenu pornographique.

Ces deux profils sont-ils une seule et même personne?

L’étude du téléphone de l’adolescent par les policiers a en tous les cas permis de remonter jusqu’à un professeur de géographie, aux commandes du compte LEASLR2022. Âgé de 31 ans, l’homme a effectivement été mis en examen à Créteil, dans le Val-de-Marne, près de Paris.

Il est accusé de «corruption de mineurs, incitation à commettre un crime, captation et diffusion d’images à caractère pédocriminel».

L’homme aurait incité des garçons mineurs à commettre des crimes sexuels depuis trois ans, sur des femmes, des filles, des animaux.

L’homme est passé aux aveux et dort en prison.

Il a toutefois tenté de minimiser sa responsabilité «en déclarant qu’il ne pensait pas que le mineur suisse passerait réellement à l’acte».

L’enquête, menée par la Brigade des mineurs de Paris, dira s’il a influencé d’autres personnes et combien de victimes sont à dénombrer.

Pour Robert Assaël, l’avocat d’une d’entre elles:

«Certes la personne qui se cachait derrière Snapchat a atteint le paroxysme de la perversité, mais ça ne réduit aucunement la responsabilité du prévenu qui aurait pu refuser, voire renoncer à tout moment à son crime monstrueux. Malheureusement, le droit des mineurs, avec un plafond de peine de 4 ans, n’est pas adapté pour appréhender des actes d’une telle gravité.»

Et Me Assaël de lancer un appel:

«Parents, contrôlez les portables de vos enfants adolescents!»

«Internet n’a pas de frontières»

Contactée, la police genevoise ne commente pas ce cas particulier.

Mais elle confirme que «de manière générale, l’utilisation des réseaux sociaux à des fins d’appels à la haine/violence (tout type de violences confondues) est malheureusement usuelle et fréquente.

Internet n’ayant pas de frontière, cela peut aussi se produire au sein de notre canton.»

Or, ce n’est pas la première fois qu’à Genève, le réseau Snapchat est impliqué dans une affaire criminelle liée à des mineurs.

Au moins six adolescents, domiciliés dans le canton ou ses alentours, ont été arrêtés depuis le début de l’année pour avoir participé à une escroquerie contre des seniors, révélait «Blick» au printemps.

Ces mineurs ont été recrutés via le réseau social Snapchat et engagés comme «coursiers» pour récupérer des cartes bancaires et codes PIN de personnes âgées, qui leur étaient remis dans des enveloppes grâce à des prétextes bidon.

Certains adolescents débarquaient au domicile des aînés habillés en faux policiers.

Gagner la confiance des victimes

La plateforme suisse de prévention de la criminalité confirme que sur les réseaux sociaux:

«Les proies sont contactées par des personnes qui se font passer pour des adolescents ou de jeunes adultes.

Simulant une vive attention pour leurs victimes, elles gagnent leur confiance en se découvrant avec elles des intérêts communs.

Les conversations virtuelles se déplacent très vite sur le terrain sexuel.»

À noter qu’en octobre dernier, la Commission européenne a pris de nouvelles mesures pour protéger les enfants et les adolescents contre «les actions à risque en ligne», dont fait partie le recrutement pour des activités illégales.

Elle a notamment envoyé des demandes d’informations à Snapchat pour comprendre les mesures mises en place par l’entreprise pour protéger les mineurs.

Une première étape qui fait suite à l’adoption des lignes directrices sur la protection des mineurs en juillet 2025.

*Prénom fictif

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