Froissy | Bracelet électronique pour agressions sexuelles sur trois fillettes

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La grand-mère ne les croit pas mais incite les filles à fermer leurs portes à clé pour aller dormir
Trois jeunes filles âgées d’environ 10 ans au moment des faits ont subi les agissements du compagnon de leur grand-mère à Froissy. Sept ans plus tard, deux d’entre elles l’ont confronté au tribunal.

L’enfer chez leur grand-mère.

Entre janvier et août 2017, Michel* est accusé de corruption de mineur de moins de 15 ans et d’agression sexuelle sur un mineur de moins de 15 ans.

À cette époque, Lucie, Marine et Amanda* vivent chez leur grand-mère maternelle à Froissy, désignée avec son compagnon, qui n’est pas la grand-père des jeunes filles, tiers digne de confiance.

Cela parce que la situation était compliquée avec les parents des filles. Mais chez leur grand-mère, elles vont vivre un calvaire.

“Quand il buvait je l’évitais”

Dans les faits, “Gagui“, comme elles le surnommaient, leur a proposé de “faire un bébé“, de se marier avec elles, et a touché les fesses et le sexe d’au moins l’une d’entre elles, l’ainée.

“Au début il ne touchait que moi alors je n’ai rien dit à personne. J’avais peur de représailles. Mais quand j’ai vu que mes sœurs étaient aussi victimes j’ai prévenu mon père.” explique l’ainée, 13 ans à l’époque

“Il venait dans ma chambre quand je regardais seule des dessins animés pour se rapprocher de moi“, raconte quand à elle la cadette qui n’avait même pas dix ans à ce moment-là.

Devant le tribunal, les deux jeunes femmes âgées aujourd’hui de 17 et 19 ans, précisent qu’au début:

“Tout se passe bien jusqu’à ce qu’il se mette à boire davantage. Depuis, tous les mauvais souvenirs ont effacé les bons.”

“Quand il buvait je l’évitais parce que je savais qu’il essaierait de me toucher“, raconte la cadette.

Michel et leur grand-mère font également vivre l’enfer à la benjamine.

Selon ses sœurs, ils la forçaient, cuillère en bouche, à finir son assiette et celles des autres et la giflaient.

Selon celle-ci, il touchait sa poitrine quand il avait trop bu, lui proposait de se marier et touchait ses fesses quand elle étendait le linge avec sa grand-mère.

De plus, lorsque les jeunes victimes se plaignent à leur grand-mère, elle ne les croit pas.

Cependant, elle incite les filles à fermer leurs portes à clé pour aller dormir et à placer leur bureau derrière.

Elle ne semble donc pas si ignorante.

Plus tard, elle a même tenté d’acheter le silence de ses petites-filles en leur offrant des cadeaux.

Devant le président et les juges, Michel ne conteste pas les faits.

Lorsqu’il est entendu les premières fois, il dit que ce n’était que pour les taquiner, les embêter. Que ce n’était rien de méchant.

Au tribunal, il assure n’avoir touché qu’une seule fille “pour l’embêter“, quelques fois, quand il était alcoolisé.

“Vous imaginez les dégâts que vous avez pu faire chez des jeunes filles qui se construisent ?“ lui lance alors le président

Dans la foulée, devant deux de ses victimes et l’assistance, Michel revient finalement sur ses propos et leur demande pardon:

“Je regrette. Je sais que ce n’est pas bien. Je leur demande pardon.”

Mais le mal est fait pour celui qui a aussi eu des gestes déplacés envers la mère des jeunes filles.

Selon la psychiatre qui a rencontré le prévenu, il ferait preuve de troubles de la personnalité avec une proportion à la pédophilie, d’une immaturité affective et libidinale et jouerait donc l’enfant pour se rapprocher d’autres enfants.

Une fois prévenu, le père des jeunes filles porte plainte et l’Action éducative en milieu ouvert (AEMO) rédige une note d’incident.

Les filles retournent pendant deux ans chez leur père avant d’être placées en foyer.

Leurs difficile parcours de vie se poursuit, même en dehors de Froissy.

Depuis, l’ainée suit un psychologue et avoue avoir perdu confiance en elle et en les autres.

Selon ses sœurs, la plus jeune, seule en foyer, “parle encore beaucoup de cette période quand on la visite“.

Neuf mois de prison ferme

“On note des difficultés sexuelles. Le prévenu touche des enfants pour rigoler. Il y a une véritable dangerosité sociale“, a souligné le procureur de la République.

Michel a donc été condamné à dix-huit mois de prison dont neuf fermes qu’il effectuera à son domicile à Froissy sous bracelet électronique et un sursis probatoire de deux ans ainsi qu’une obligation de suivre des soins.

Il est interdit d’entrer en contact avec ses victimes, d’exercer toute activité impliquant des mineurs pendant cinq ans, et de se présenter à quelconque élection durant cinq ans.

Enfin, il doit payer les réparations demandées soit 2 000 € et 1 800 € à ses victimes présentes, et se trouve désormais inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS).

Elles se reconstruisent hors de Froissy

Traumatisées, les jeunes femmes tentent de remonter la pente comme elles le peuvent.

La plus jeune vit en foyer. La cadette poursuit ses études et s’épanouit dans la pâtisserie tandis que la plus âgée apprend sur des chantiers d’insertion.

*Tous les prénoms sont modifiés

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