France | Témoignage – Placements abusifs : “J’ai dû décrocher une fillette de sa mère”

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“J’ai déjà vu des rapports exagérés pour arriver à des fins de placements”
Emilie, ancienne assistante sociale à l’Aide sociale à l’enfance de Haute-Savoie, raconte avoir dû placer parfois abusivement certains enfants. Elle évoque un métier sous-payé et un trop grand nombre de dossiers à gérer, ne permettant pas d’étudier correctement toutes les situations familiales.

Louise, 3 ans aujourd’hui, a été placée par l’Aide sociale à l’Enfance du Loiret en mai dernier. Quelques mois plus tôt, la fillette avait dénoncé des violences sexuelles de la part de son père. Pauline, sa maman, avait alors porté plainte contre son ex-conjoint. Pensant la protéger, elle avait finalement perdu la garde de sa fille, au motif qu’elle l’aurait manipulée. Une situation qu’elle dénonce fermement.

Depuis, une audience en appel s’est tenue devant le tribunal d’Orléans. Les juges ont confirmé la mesure de placement jusqu’au 30 novembre mais Pauline a obtenu le droit de recevoir Louise chez elle, un week-end sur deux. Mère et fille ont pu se retrouver pour la première fois la semaine dernière.

Après la diffusion de son témoignage sur RMC, Pauline a reçu de nombreux soutiens. Notamment celui d’une ancienne assistante sociale. Emilie (le prénom a été modifié), a accepté de raconter à RMC son parcours au service placement de l’Aide sociale à l’Enfance. Elle se souvient, tout juste diplômée, avoir dû arracher une fillette de 3 ans à sa mère.

“Je me rappelle avoir dû physiquement prendre cette petite fille et la décrocher de sa mère. Ensuite, elle s’est accrochée à une chaise, j’ai encore dû la décrocher de la chaise et mettre dans ma voiture cette petite fille, qui pleurait et ne comprenait pas pourquoi on la retirait de sa maman, avec qui elle avait un lien si fort”, raconte Emilie à RMC.

“Toute sa vie, pour elle, je serai celle qui l’a enlevée à sa maman. Je pense que ce jour-là, on a fait plus de mal à cette famille et à cette petite fille que de bien”, ajoute-t-elle.

Emilie décrit un service composé de jeunes travailleurs sociaux âgés d’une vingtaine d’années, mal payés, sous pression d’une institution débordée, qui n’a pas le temps de traiter les dossiers. Un système qui conduit parfois à placer abusivement des enfants.

Elle continue de raconter :

“On a beaucoup de dossiers, on voit peu les situations, on est là pour placer, ce n’est pas assez poussé, on place à la volée. J’ai déjà vu des rapports exagérés pour arriver à des fins de placements“, raconte Emilie.

“Moi-même, je pense avoir fait du tort dans certaines situations. Je pense que si j’avais eu le recul à ce moment-là, le temps de me poser et pas 50.000 dossiers à rédiger derrière, peut-être que je me serais dit qu’avant de placer, il fallait investiguer un peu plus”, déplore-t-elle.

Émilie a tenu cinq ans dans ce service. Aujourd’hui, elle travaille auprès de personnes âgées.

Face à ces accusations, RMC a voulu contacter l’Aide sociale à l’Enfance. Le problème, c’est qu’il n’y pas une Aide sociale à l’Enfance mais des Aides sociales à l’Enfance, qui dépendent des conseils départementaux.

RMC a sollicité celui de Haute-Savoie, dont dépendait Émilie. Son président a répondu par écrit en une phrase:

“Si quelqu’un a des faits à signaler, qu’il me les adresse ou les adresse au procureur de la République”.

 

NDWP : Tous les parents protecteurs qui se retrouvent dans cette situation dramatique avec leurs enfants suite à un classement sans suite pour “infraction insuffisamment caractérisée” écrivent au Procureur du département dont ils dépendent ainsi qu’au président de leur département etc… Résultat : aucun, rien ne se passe.

Il va falloir sortir du déni et prendre en considération les retours des associations, professionnels qui dénoncent ces dysfonctionnements ainsi que les préconisations de la CIIVISE. 
Rappel : Classement sans suite ne signifie pas innocent et ne veut pas dire que ça n’a pas eu lieu, plus de 70% des plaintes sont classées sans suite ! Les formations pour les professionnels de l’enfance sont urgentes, ainsi que pour tous les intervenants judiciaires. 

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