France | Les agents de Pharos croulent sous les signalements
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 24/11/2024
- 10:04
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Contenus pédopornographiques, apologie du terrorisme, escroqueries et fraudes numériques…
La plateforme Pharos est le fer de lance de la police nationale contre la cybercriminalité.
Selon un rapport qu’Europe 1 s’est procuré, elle fait face à une augmentation exponentielle des signalements sans toutefois disposer de moyens adaptés.
A la demande des syndicats de police, une délégation du comité social d’administration de la police nationale s’est rendu début novembre 2023 dans les locaux de la plateforme Pharos, à Nanterre, au siège de la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ).
Composée de 12 représentants du personnel et de l’administration, de médecins du travail ou encore d’inspecteurs du travail, cette délégation a pointé des “difficultés matérielles”, un “sous-effectif” et un “sentiment d’insécurité” des personnels, composés de policiers et de gendarmes.
Un millier de signalements chaque jour
Selon le rapport de 22 pages, transmis à la hiérarchie, si la plateforme Pharos a connu un triplement des effectifs après l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020, les signalements ont explosé encore avec l’affaire Nahel en juin 2023, puis avec la guerre entre Israël et le Hamas depuis le 7 octobre 2023.
“De 4.000 signalements par semaine, la plateforme reçoit désormais 1.000 signalements par jour”, écrivent les inspecteurs.
Un rythme effréné que les agents ne parviennent plus à suivre.
Lors de la visite de la délégation, il y avait 14.500 signalement en attente de traitements, dont “plusieurs pages” qui ne concernaient uniquement la thématique “apologie du terrorisme”.
Absence de fibre optique
Pour faire face à cet afflux, les moyens des 49 agents (38 en novembre 2023, selon la hiérarchie) qui travaillent en ce moment 24h/24, 7j/7 au sein de la plateforme semblent peu adaptés.
Les ordinateurs ne sont pas reliés à la fibre optique, mais à l’ADSL.
Ce qui “provoque des lenteurs informatiques et de téléchargement”, indique le rapport.
Par ailleurs, pour pouvoir télécharger les vidéos sur les réseaux sociaux afin de les verser à la procédure, les agents doivent utiliser des logiciels gratuits, “engendrant instabilités et bugs à répétition”.
“Les licences de logiciels sont non renouvelées”, pointent les rédacteurs du rapport.
Ces difficultés engendrent un “surplus” de travail, de “charge mentale” et de “stress”.
Mais surtout génèrent un “sentiment d’insécurité”. “
Les responsabilités liées à la nature de leurs tâches ainsi que la crainte d’être mis directement en accusation en cas d’erreur d’appréciation dans le traitement d’un signalement, semblent leur donner un sentiment d’incapacité à faire face, de manquer de soutien et de ressources organisationnelles suffisantes”, poursuit le rapport.
Turn-over important
Une source au sein de la direction nationale de la police judiciaire le confirme à Europe 1 : “Ils ont parfois quelques secondes pour juger qu’une situation est d’urgence vitale. Alors que les conséquences d’appréciation peuvent être terribles, notamment en cas de menaces terroristes ou d’atteintes aux personnes, la hiérarchie prend rarement ses responsabilités”.
Résultat, lors de la visite du comité social, 15 personnels étaient absents, pour raisons de santé notamment.
Contactée par Europe 1, la direction générale de la police nationale reconnait un turn-over important à Pharos, “eu égard à la complexité des contenus auxquels sont confrontés les enquêteurs”.
Par ailleurs, “afin d’améliorer le travail quotidien des agents de la plateforme”, la hiérarchie promet “une nouvelle application rénovée début 2025” qui devrait résoudre les lenteurs informatiques.
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