
France | Des personnalités soupçonnés d’abus dans les écoles catholiques toujours au contact de mineurs
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- 29/04/2025
- 10:24
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Abus dans les écoles catholiques « Le Crabe », père Argouarc’h… ils n’ont toujours pas été éloignés des enfants.
Au bout du fil, c’est le petit garçon de 10 ans qui parle. Christophe entend encore le bruit sec des coups sur sa peau mouillée.
À l’école catholique Notre-Dame de Garaison à Monléon-Magnoac (Hautes-Pyrénées), un braillement à cause de l’eau froide, un rire durant le savonnage et la correction déboule par surprise.
À l’époque, le surveillant Claude L. a, selon lui, la main lourde. Quand il ne frappe pas, il observe.
« Il nous dévorait des yeux sous la douche », se remémore l’ex-élève de 50 ans, scolarisé dans l’institution du CM1 à la 6e dans les années 1980.
Le pion, contre lequel il a porté plainte ce jeudi 17 avril, est partout sur le trajet des enfants, au réfectoire, dans les couloirs.
« Quand je me pressais dans la cour de récréation, il m’arrêtait et disait toujours : Viens là mon petit, je vais pas te faire mal. Il pinçait ma joue jusqu’à me soulever de terre puis me giflait de l’autre main. »
Cette habitude lui a valu un surnom : « le Crabe », l’un des plus cités depuis que l’affaire Bétharram a éclaté.
Dans son sillage, une quinzaine d’établissements catholiques sont aujourd’hui montrés du doigt pour avoir été le théâtre de violences du même acabit. Garaison a été le deuxième.
« Nous avons dix témoignages contre Claude L. », nous annonce Philippe Sarlat, le fondateur du collectif de victimes.
« Il va être mis hors circuit »
Malgré des accusations en série, l’ancien surveillant de plus de 80 ans est toujours diacre dans l’église de Monléon-Magnoac.
Selon nos informations, il continue à célébrer les mariages et même baptiser des enfants. Si la présomption d’innocence doit être respectée, pourquoi l’église laisse-t-elle « le Crabe », qualifié de « brutal » au contact des mineurs ?
Joint cette semaine, Jean-Marc Micas, l’évêque de Lourdes et de Tarbes, nous assure qu’il ne savait pas que Claude L. était… « le Crabe ».
« En apprenant qui il est, je n’ai que du dégoût, de l’horreur, de la honte. »
Jusque-là, il le voyait comme « un brave homme, simple, discret, de la campagne » :
« J’en entends le plus grand bien depuis que je suis là. »
L’évêque nous le dévoile :
« Je vais l’appeler de ce pas pour lui annoncer que je le mets en retrait de son ministère et je signerai un décret canonique pour officialiser cette suspension dans les plus brefs délais. Il va être mis hors circuit, en attendant les conclusions de la justice. »
Mgr Jean-Marc Micas est résolu à en finir avec l’ère du silence :
« Je veux dire aux victimes : je vous crois et pardon ! »
Le prêtre Argouarc’h invité à rendre hommage… à des enfants martyrs
« Le Crabe », qui n’a pas répondu à nos sollicitations, n’est pas le seul à poursuivre sa vie comme si rien n’avait changé depuis que son nom est apparu dans les journaux, les récits étranglés des anciens écoliers et les témoignages remis aux tribunaux.
À l’autre bout de la France, une église s’apprête à dérouler le tapis rouge à un homme : le prêtre Argouarc’h, crâne dégarni, cheveux blancs et robe beige.
L’ancien directeur du pensionnat de Riaumont, à Liévin (Pas-de-Calais), fermé sur décision administrative en 2019, vient d’être visé par une plainte pour agressions sexuelles avec trois autres religieux. Un ancien élève, mineur à l’époque, l’accuse d’attouchements.
Depuis 2013, des investigations sont aussi en cours pour des faits de viols dans cette communauté traditionaliste et six religieux viennent d’être mis en examen.
Pourtant, le prêtre Argouarc’h figure en majesté sur le programme du pèlerinage 2025 des Lucs-sur-Boulogne (Vendée).
À l’occasion de cet événement annuel, organisé pour demander la béatification des 110 mineurs massacrés durant la guerre de Vendée en 1794, le religieux, né en 1947 aux Sables d’Olonne, est invité à célébrer la messe… au nom des enfants martyrs !
« Il est particulièrement indigné que lui soient imputés des faits graves »
Sollicitée, l’association n’a pas donné suite à nos demandes. Le diocèse de Luçon se dédouane :
« L’évêque a autorisé ce pèlerinage sans savoir que le père Argouarc’h faisait l’objet d’une plainte. Ce n’est pas une initiative du diocèse. »
Quant à Myriam Mayel, l’avocate du religieux de Riaumont, elle assure que son client a découvert la plainte contre lui dans la presse :
« Il est particulièrement indigné que lui soient imputés des faits graves qu’il conteste fermement. »
À 600 km de là, Ange Mur, ancien surveillant de Bétharram dans les années 1980, a sidéré la France en déclarant face caméra dans une interview à Quotidien, le 19 février :
« J’avais la main lourde, quand je frappais, je frappais. »
Il est aussitôt démis de ses fonctions de diacre. Mais reste toujours maire de Jarret, un village de 300 âmes.
« Comment peut-on être responsable de citoyens, élu, en charge de missions liées à l’enfance… alors qu’on a avoué publiquement avoir battu des gosses ? » s’interroge Arnaud Gallais, président de Mouv’enfants à l’origine d’une pétition réclamant la révocation de l’édile, signée à ce jour par plus de 18 000 personnes.
Le 27 février, son association de défense des droits de l’enfant a organisé un happening devant sa mairie, brandissant des écriteaux « Ici, le maire est un tortionnaire ».
Contacté, Ange Mur n’a pas souhaité s’étendre, assurant « avoir été très fortement touché » par la polémique et « ne s’en être jamais remis, ni lui, ni sa famille ».
Son adjoint, Raymond Carrère, 82 ans, ne voit pas pourquoi il démissionnerait :
« Si ce n’est que des claques, ça passe. Il faudrait même en distribuer plus souvent. »
« Vaut-il mieux être victime ou bourreau ? »
Dans le Finistère, Joël Barusseau, ancien enseignant au collège Saint-Pierre de Relecq Kerhuon (Finistère) a laissé un souvenir amer à Frédéric, 64 ans, qui l’a eu comme professeur principal en 5e en 1973 :
« Il feintait de la main gauche et envoyait une gifle de la main droite. J’en ai vu des oreilles rouges et des garçons tomber au sol. »
Une mauvaise réponse, un chuchotement en classe… et « ce petit bonhomme barbu, qui n’était pas le plus violent du collège, nous envoyait sous l’estrade, où l’on restait allongé près des seaux et du linge puant ».
Joël Barusseau reconnaît avoir « flanqué des claques » et « fait saigner des nez ». L’octogénaire en a même éprouvé « des remords ».
Il a pourtant continué à être au contact des enfants, après sa retraite. Il nous raconte avoir été bénévole dans une association… d’aide aux devoirs.
Aujourd’hui, estime-t-il, les élèves ne respectent plus les professeurs qui se « prennent des coups de couteau ». Alors, ajoute l’ancien professeur :
« Vaut-il mieux être victime ou bourreau ? »
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