Evry | Une mère jugée pour des agressions sexuelles incestueuses sur son fils 

non

“Je ne suis pas dans la tête de mon enfant”
Ce jour là, la 7ème chambre du tribunal correctionnel d’Evry juge une mère pour agressions sexuelles incestueuses sur son fils.

Août 2018: Axel*, 12 ans, est hospitalisé. Novembre 2019: il fait un signalement pour dénoncer des mauvais traitements de la part de sa mère, au cours de son hospitalisation.

Aux policiers, il dénonce des violences mais également un viol et des visionnages forcés de films pornographiques, la représentant elle (sa mère) en plein ébats avec son compagnon (le beau-père d’Axel).

Le garçon continue: elle le touchait le soir en venant lui dire bonne nuit, se livrait à divers frottements de nature sexuelle, lui aurait touché les parties intimes.

La grand-mère paternelle d’Axel est interrogée:

“Ce gosse est cinglée” témoigne-t-elle. “Il est capable de tout, il ment tout le temps.”

Son témoignage précise que le garçon lui aurait avoué avoir regardé des ébats sexuels de sa mère à travers le trou de la serrure de la chambre parentale.

Ce n’est qu’à la fin de l’année 2023 que Mai, la mère d’Axel, est entendue par les services de police. Elle conteste l’intégralité des faits, dit qu’Axel a toujours été un enfant difficile, qu’il a commencé à fuguer dès le CM2.

Le beau-père dit que cet enfant “est toujours dans la colère” et qu’il a déjà menacé sa grand-mère avec un couteau (sans préciser laquelle).

Le procès est renvoyé une fois, deux fois; le 12 mars 2025, Mai est finalement jugée pour agression sexuelle incestueuse.

la barre, elle est raide comme un piquet, visiblement stressée. Axel, tout juste 18 ans et parte civile, est absent de l’audience.

“Un enfant qui pose problème”

La présidente de la 7ème chambre correctionnelle demande à la prévenue:

” Qu’est ce que vous pouvez nous dire, Madame?

Je réitère mes propos. Je n’ai jamais porté atteinte à l’intégrité morale et physique de mon enfant.

Vous avez dit que c’est un enfant difficile depuis petit, vous pouvez nous en dire deux mots?

Il a sa singularité.

C’est-à-dire?

Des accès de colère.

C’est un enfant qui pose problème?

Les crises, c’est allé crescendo au fil des années.

Qu’est ce que vous pensez de ce qu’il a dit?

Je ne suis pas dans la tête de mon enfant. C’est très compliqué d’interpréter ce qu’exprime mon enfant, étant donné qu’on a déjà du mal à se comprendre.

Vous confirmez qu’il n’a jamais pu observer vos ébats sexuels?

Je ne divulgue pas ce qui se passe dans ma vie sexuelle, encore moins à un mineur et surtout pas à mon enfant.

Les fats qu’il décrits et les propos qu’il vous prête, vous les interprétez comment?

J’ai dû mal à l’interpréter, car pour moi ils n’ont pas eu lieu.”

Etrange audience où le tribunal semble partir du principe que le plaignant a inventé les faits.

Etrange dossier où un tribunal correctionnel n’a aucune information sur un plaignant mineur et suivi par l’aide sociale à l’enfance: ni expertise psychologique, ni rapport de suivi socio-éducatif.

La présidente demande si un diagnostic psychiatrique a été posé sur l’état de son fils:

“Je ne sais pas, je suppose qu’il doit être neuro-atypique” est la réponse dont le tribunal devra se contenter.

“Je vais le dire comme je le pense: ça ne s’est pas passé”

Le parquet – qui a décidé des poursuites – est représenté par une procureure semblant se soucier avant tout de la sécurité de la prévenue:

“Vous avez peur de lui?

Est-ce qu’on doit avoir peur de son enfant en tant que mère ?

Ça peut arriver.

Je reste une mère.

Vous n’avez pas eu peur de ses réactions?”

Même l’avocat d’Axel n’a rien à dire: il n’a pas pu s’entretenir avec son client depuis que ce dernier a atteint la majorité.

Il demande un euro symbolique et passera parole à la procureure, pour qui c’est la première affaire d’agression sexuelle incestueuse dont la suspecte est la mère, croit-elle bon de faire remarquer.

Elle trouve le plaignant flou dans ses déclarations, évasif quand on lui demande des précisions.

“Je vais le dire comme je le pense: ça ne s’est pas passé.”

Elle ajoute:

“Parfois, quand il y a un doute, on demande un procès pour le côté pédagogique. Cette audience devait se tenir” avance-t-elle.

“Je pense que c’est un jeune qui a un trouble. Il en veut à sa mère” diagnostique-t-elle.

L’avocat de Mai pense quant à lui que cette procédure et ce procès se s’imposaient pas, puisque l’évidence tout le monde s’accorde sur le fait que l’enfant a raconté n’importe quoi, et que personne n’a fait semblant d’essayer d’établir des faits dénoncés plus de cinq ans auparavant.

“Je demande de considérer cette procédure pour ce qu’elle est vraiment: un échec.”

Mai est relaxée.

* le prénom a été changé

Source(s):