États-Unis | Témoignage : “A 16 ans, j’ai engagé un homme pour tuer mon père qui me violait”
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 02/09/2017
- 00:00
Catégories :
Mots clés :
Battue et abusée depuis l’enfance, Cheryl ne voyait pas comment échapper à l’enfer paternel. Elle a fini par commettre l’irréparable et passe sa vie d’adulte à tenter de se reconstruire.
Âgée aujourd’hui de 48 ans, Cheryl Cuccio a décidé de briser le silence dans l’espoir d’aider d’autres victimes.
Originaire de Long Island, cette Américaine, mère de deux enfants, n’était encore qu’une lycéenne quand elle a commis le crime qui avait alors fait la une des journaux.
Comment une si jeune fille avait-elle pu organiser le meurtre de son père ?
Comment avait-on pu ignorer la perversité de cette adolescente ?
Sa communauté était sous le choc. Ce qu’ignoraient alors ses voisins et amis c’est que dans ce sordide faits divers, Cheryl était elle aussi et avant tout une victime.
“Mon père me violait et si j’essayais de le repousser, il me frappait” raconte-t-elle.
“Il mesurait 1,87 mètre et pesait 150 kilos. Il n’était pas question de lui dire non. Lutter contre lui signifiait être battue à coups de poings ou de gifles. J’en étais arrivée au point où je me laissais faire car plus je résistais, plus les viols duraient et plus il devenait agressif et violent”.
Un calvaire que l’Américaine raconte dans un livre poignant, co-écrit avec son mari, Rob.
Elle y révèle son cauchemar, vécu dès l’âge de 10 ans, peu après que sa mère Cathleen fut hospitalisée pendant des mois pour des problèmes rénaux.
“C’est là que mon père a commencé à s’intéresser plus à moi” se souvient-elle “Avant cela, moi et ma soeur JoAnn, qui avait deux ans à l’époque, on passait peu de temps avec lui.
Il faisait surtout beaucoup de sport avec mon grand frère Jimmy. Quand ma mère est tombée malade tout a changé.
Il a commencé à me toucher dans la voiture dans les trajets entre l’hôpital et la maison.
J’étais si jeune que je ne comprenais mais je me sentais mal à l’aise et je savais au fond que ce n’était pas bien de faire ça.”
“La peur et le stress me submergeaient”
Quand sa mère meurt en février 1985, Cheryl est une ado toujours soumise aux abus sexuels de son père et trop terrifiée pour se confier à qui que ce soit :
“Il m’avait toujours dit que personne ne croirait jamais” déclare-t-elle “Il me disait que je n’obéissais pas à ses demandes malades, il s’en prenait à ma petite soeur.”
Totalement isolée au sein d’un foyer où personne ne peut plus la protéger, la jeune fille finit par tout avouer à Rob, son petit copain, qui avait deviné ce qu’elle endurait.
“J’étais tourmentée à l’idée que ma mère puisse me voir du ciel en train de coucher avec mon père. La peur et le stress me submergeaient.”
Peu de temps après, elle entend aux informations qu’une femme a engagé un tueur à gages pour se débarrasser de son mari violent, elle se dit alors que cela pourrait être la porte de sortie de l’enfer paternel.
Celle qu’elle n’osait plus espérer.
“A l’époque dans les années 80, on n’entendait pas parler d’inceste ou de gens emprisonnés pour ça” raconte Cheryl.
“Peut-être que si j’avais lu qu’un gars allait en prison pour ça, j’en aurais parlé à quelqu’un mais ce n’est pas ce que j’ai entendu à ce moment-là.”
“J’ai toujours des flashs”
Le lendemain, elle raconte l’histoire de cette épouse qui a fait tuer son mari à Sean Pica, un de ses camarades de classe.
Le jeune homme lui répond qu’il serait capable de le faire pour 1000 dollars (840 euros).
“Je ne sais pas ce que je pensais alors s’il passait à l’acte. J’espérais que ça résoudrait mon problème.”
Le 6 février 1986, elle retrouvera son père, face contre terre, allongé dans la neige dans l’allée de leur maison.
L’homme de 42 ans a été abattu. On lui a tiré dessus à cinq reprises. Une semaine plus tard, Cheryl, Sean Pica, et Rob, son petit ami qui l’avait aidé à payer l’apprenti tueur à gages, sont arrêtés puis bientôt condamnés.
Rob plaide coupable et bénéficie d’une libération conditionnelle. Sean, alors âgé de 18 ans, plaide lui aussi coupable et sera condamné à 24 ans de prison.
Il ne sera libéré qu’en 2002. Cheryl, alors mineure, plaide également coupable et effectue quant à elle une peine de six mois d’emprisonnement.
Trente ans plus tard, l’Américaine est toujours mariée à Rob, et heureuse en amour. Elle a deux grandes filles mais sa vie reste marquée à jamais par ce qu’elle subit :
“J’ai toujours des flashs où je revois les abus sexuels et le cadavre de mon père” confie-t-elle.
Ce n’est qu’en 2012 qu’elle trouvera enfin le courage de parler alors que son mari Rob a failli mourir d’une crise cardiaque.
Les secours étaient prêts à abandonner. Cheryl refuse qu’ils baissent les bras. Après 43 minutes, il revient enfin à la vie. Persuadée qu’elle était là pour sauver la vie de Rob après qu’il a sauvé la sienne des décennies plus tôt, l’ex enfant abusée décide alors de s’engager et de devenir la voix des victimes d’abus sexuels.
Elle espère désormais faire avancer leur cause grâce à son livre et au blog du même nom :
“Depuis décembre, j’ai parlé à plus de 500 victimes. Je leur dis de ne jamais se sentir coupable parce que ce n’est pas de leur faute. Les abus et l’inceste ne les définissent pas. Leur vie n’a pas à être détruite. S’ils ont le courage d’avancer, il y a tellement de bonnes choses qui les attend.”
Source : CloserMag.fr
Source(s):