Essonne | Témoignage de Lola prostituée de force à 16 ans
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 27/11/2023
- 12:22
Après le procès de ses proxénètes, qui s’est tenu en octobre 2023, Lola raconte comment elle tente de se reconstruire malgré le traumatisme.
“Le procès m’a soulagée, mais ces gars, en les voyant derrière la vitre, je voulais les attraper un par un pour les défoncer”, a déclaré Lola* lors d’une interview avec Le Parisien, publiée le 22 novembre 2023.
La justice n’efface pas la peine, ni la rancoeur.
En octobre 2023, au tribunal judiciaire d’Évry-Courcouronnes, la jeune femme de 18 ans a dû faire face aux hommes qui l’ont privée de téléphone, séquestrée et forcée à se prostituer alors qu’elle était âgée de 16 ans.
En 2021, avec six autres filles, toutes mineures, Lola a exécuté des passes dans deux appartements insalubres de Montgeron et Vigneux-sur-Seine, pendant plusieurs mois.
“Dans ma tête, il n’y avait pas de vice chez les gens”
Élevée par une mère célibataire, dans une petite ville des Yvelines, Lola défie l’autorité très jeune et fugue à l’âge de 13 ans.
Elle finit par rentrer chez elle, suivie par l’aide sociale à l’enfance (ASE).
Mais au collège, une amie qui porte “beaucoup de belles choses” (baskets, sacs, bijoux…), l’appâte en lui parlant de son activité d’escort-girl.
“En fait, ma copine essayait de me soudoyer”, se souvient Lola.
“Elle voulait que je fasse comme elle. Et ça marchait : je vivais chez les Bisounours à l’époque. Dans ma tête, il n’y avait pas de vice chez les gens, tout le monde voulait mon bien.”
Un jour, après un rendez-vous à Châtelet, à Paris, elle suit quatre garçons tout juste majeurs, qui l’emmènent en Essonne.
Le début du calvaire, où il ne sera jamais question de Côte d’Azur et de sacs de luxe, mais plutôt de “paiement” en nourriture, alcool et drogue, et de relations d’emprise entre les détenues et leurs proxénètes, qui ont abusé de leurs fragilités.
C’est finalement une autre jeune fille de passage qui prévient la police et offre leur salut aux captives de ces logements miteux.
La phase de reconstruction est longue et douloureuse.
Lola finit par retrouver sa mère, mais elle est mutique.
Elle doit également réapprivoiser sa propre image :
“Je ne pouvais plus regarder mon corps, ça me dégoûtait. Savoir que tous ces hommes…” raconte-t-elle au Parisien, sans pouvoir finir sa phrase.
Elle confie être quelques temps dans “le déni” et poursuit sa vie sexuelle jusqu’à ce que son cerveau dise “stop”.
Sa confiance en elle et sa santé mentale sont réduites en miettes :
“Tous les jours, je me levais en me demandant comment j’avais pu faire ça”, rapporte-t-elle.
“Il faut toujours écouter les parents”
Aujourd’hui, Lola a réussi à avancer, grâce à sa famille, à son petit ami, et au club de foot dans lequel elle est inscrite.
“L’entourage fait tout. Il faut toujours écouter les parents”, indique Lola.
Aux adultes, elle conseille de “ne jamais rompre le lien, même si l’enfant n’en fait qu’à sa tête.”
Elle suit désormais une alternance.
Quant aux hommes qui lui ont fait vivre un cauchemar, ils ont été condamnés à quatre ans de prison ferme.
En France, environ près de 7 000 à 10 000 mineurs -un chiffre approximatif et probablement en deçà de la réalité- majoritairement des filles françaises âgées de 13 à 17 ans, auraient eu des relations sexuelles tarifées, selon des chiffres relayés par le gouvernement en 2022.
Le Parisien avance pour sa part qu’en 2021, se chiffre avoisinaient les 15 000 mineurs concernés, suivis par la protection de l’enfance, ayant, en moyenne, 15 ans et demi.
*Le prénom a été modifié.
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