Enfants abusés | Des traces dans l’ADN et au cerveau

Des chercheurs canadiens, allemands, américains et suisses ont découvert que les abus sexuels et psychologiques s’inscrivent dans l’ADN et dans le cerveau.

ADN

Ces traces ne sont pas irréversibles. Voici un article très complet d’une psychiatre : Le cerveau des victimes de violences sexuelles serait modifié : ce n’est pas irréversible 

Voici trois recherches sur ce thème :

 En 2013 (Canada, Allemagne et USA), en 2012 (Suisse), en 2009 (Canada).

La recherche de 2013 montre que les abus sexuels et émotionnels dans l’enfance laissent une trace dans le cerveau, cette trace permettant d’identifier le type d’abus.

La recherche de 2012 montre que les maltraitances dans l’enfance laissent une trace dans l’ADN jusqu’à la 3ème génération :

C’est ainsi que l’équipe a observé que l’ADN d’une petite fille d’une femme qui avait été violée par son père, portait les mêmes modifications épigénétiques que sa grand-mère et que ces modifications étaient beaucoup plus importantes que chez la mère et la grand-mère. La petite fille issue du produit de l’inceste et qui n’a jamais été violée porte la plus grande cicatrice dans le génome de toutes ses cellules. “ (Recherche UNIGE 2012 – détaillée plus loin dans l’article)

La recherche de 2009 montre que l’abus sexuel dans l’enfance laisse une trace génétique.

Avant de parcourir dans le détail chacune des 3 recherches ci-dessus (de 2013, 2012 et 2009), voici encore quelques publications sur le même thème :

En 1999,  une étude de J. Douglas Bremner publiée dans la revue de la ” Society of Biological Psychiatry ” : Does Stress Damage the Brain? (le stress cause-t-il des dommages au cerveau ?)

Le 1er mai 2003, une étude de  J. Douglas Bremner et une équipe de chercheurs publiée dans ” The American Journal of Psychiatry ” : MRI and PET Study of Deficits in Hippocampal Structure and Function in Women With Childhood Sexual Abuse and Posttraumatic Stress Disorder (étude IRM et la TEP des déficits dans la structure hippocampique et conséquences pour les femmes abusées sexuellement dans l’enfance et les troubles de stress post-traumatique)

Le 2 mars 2013, une étude menée par J. Douglas Bremner au ” Yale Psychiatric Institute ” : Childhood Sexual Abuse Causes Physical Brain Damage: An Alarming New Study (les abus sexuels dans l’enfance produisent des lésions cérébrales : une étude alarmante)

2013 : Hôpital Universitaire de la Charité de Berlin (Allemagne) et Université McGill à Montréal (Canada)

En 2013, un groupe de scientifiques dirigé par la professeure Christine Heim (Institut de psychologie médicale de l’Hôpital universitaire de la Charité de Berlin) et par le professeur Jens Pruessne (directeur du Centre d’études sur le vieillissement de l’Université McGill) a découvert des changements au niveau de l’architecture du cerveau chez les enfants victimes de sévices sexuels ou émotionnels, ces changements reflétant la nature de la maltraitance.

En observant ces altérations au niveau de l’architecture du cerveau, il est donc possible de connaître la nature de l’abus : sexuel et/ abus émotionnel.

Voici l’article publié le 1er juin 2013 par Le Douglas (Institut Universitaire en Santé Mentale) : Les mauvais traitements subis pendant l’enfance laissent des traces dans le cerveau

Intégralité de l’article :

Certains traumatismes subis durant la petite enfance peuvent accroître le risque de maladie mentale à l’âge adulte. Des chercheurs de l’Hôpital universitaire de la Charité de Berlin, en Allemagne, et de l’Université McGill, à Montréal, ont découvert un mécanisme neurologique à l’origine de ce phénomène. Les résultats de leur étude, publiés dans la plus récente édition de l’American Journal of Psychiatry, révèlent qu’il se produit des changements au niveau de l’architecture du cerveau chez les enfants victimes de sévices sexuels ou émotionnels qui reflètent la nature de la maltraitance.

Les jeunes victimes de mauvais traitements ou de sévices sexuels souffrent souvent de troubles psychiatriques graves et de dysfonction sexuelle, mais les mécanismes sous-jacents à cette association n’ont pas encore été clairement élucidés. Un groupe de scientifiques dirigé par la professeure Christine Heim, directrice de l’Institut de psychologie médicale de l’Hôpital universitaire de la Charité de Berlin, et par le professeur Jens Pruessner, directeur du Centre d’études sur le vieillissement de l’Université McGill, a fait appel à l’imagerie par résonance magnétique pour examiner 51 femmes adultes victimes de diverses formes de mauvais traitements pendant l’enfance. Les scientifiques ont mesuré l’épaisseur de leur cortex cérébral, structure responsable du traitement de toutes les sensations.

Les résultats ont montré qu’il existe une corrélation entre certaines formes de sévices et l’amincissement du cortex, précisément dans les régions du cerveau qui interviennent dans la perception de l’abus ou le traitement de l’information qui y est associé.”

“L’importance de l’effet et le fait que le type d’abus correspondent à une région précise du cerveau est remarquable,» souligne le professeur Pruessner, également professeur associé, Institut Douglas. Ainsi, le cortex somatosensoriel dans les régions du cerveau correspondant aux organes génitaux féminins était considérablement plus mince chez les femmes victimes de sévices sexuels pendant l’enfance. En revanche, le cortex cérébral des femmes victimes d’abus émotionnels était plus mince dans les régions associées à la conscience de soi et à la régulation émotionnelle.”

” Nos données semblent révéler l’existence d’un lien précis entre la plasticité neuronale dépendante de l’expérience et certains problèmes de santé plus tard dans la vie “, affirme la professeure Heim.

“L’ampleur de l’effet et la spécificité régionale cérébrale correspondant au type d’abus sont remarquables “, ajoute le professeur Pruessner.

Les scientifiques ont émis l’hypothèse selon laquelle l’amincissement de certaines régions du cortex cérébral pourrait résulter de l’activité des circuits inhibiteurs, que l’on peut interpréter comme un mécanisme de protection du cerveau permettant à l’enfant d’occulter l’expérience initiale, mais susceptible d’entraîner des problèmes de santé plus tard dans la vie. Ces résultats concordent avec les données de la littérature générale sur la plasticité neuronale et montrent que les champs de la représentation corticale sont parfois plus petits à la suite de certaines expériences sensorielles éprouvantes.

L’étude a été menée conjointement avec Helen Mayberg de l’Université Emory, Atlanta, Georgia ainsi qu’avec Charles Nemeroff de l’Université de Miami, Floride. ”

Renseignements

Jens Pruessner

Chercheur, Institut Douglas

Directeur du Centre d’études sur le vieillissement de l’Université McGill

jens.pruessner@mcgill.ca

Sur cette même recherche, un second article publié le 5 juin 2013 sur Radio Canada : Des séquelles au cerveau pour les enfants abusés

Intégralité de l’article : “ Des changements dans l’architecture du cerveau se produisent chez les enfants victimes de sévices sexuels ou émotionnels, affirment des chercheurs allemands, américains et canadiens.”

Selon le professeur Jens Pruessner de l’Université McGill et ses collègues, ces changements reflètent la nature même de la maltraitance.

La psychiatrie a déjà établi que certains traumatismes subis durant la petite enfance augmentent le risque de maladie mentale à l’âge adulte. Ainsi, les jeunes victimes de mauvais traitements souffrent souvent de troubles psychiatriques graves et de dysfonction sexuelle.

Les auteurs de ces travaux publiés dans l’American Journal of Psychiatry ont découvert des particularités neurologiques à l’origine de ce phénomène.

Explications

Les cerveaux de 51 femmes adultes victimes de diverses formes de mauvais traitements durant leur enfance ont été analysés à l’aide d’examens d’imagerie par résonance magnétique.

Les chercheurs ont ainsi mesuré l’épaisseur de leur cortex cérébral, structure responsable du traitement de toutes les sensations. Ils ont constaté qu’il existe une corrélation entre certaines formes de sévices et l’amincissement du cortex, particulièrement dans les régions du cerveau qui interviennent dans la perception de l’abus ou le traitement de l’information qui y est associé.

” L’importance de l’effet et le fait que le type d’abus corresponde à une région précise du cerveau sont remarquables. ” — Pr Pruessner

Deux exemples

Le cortex somatosensoriel dans les régions du cerveau correspondant aux organes génitaux féminins était considérablement plus mince chez les femmes victimes de sévices sexuels pendant l’enfance.

Le cortex cérébral des femmes victimes d’abus émotionnels était plus mince dans les régions associées à la conscience de soi et à la régulation émotionnelle. Il existerait ainsi un lien précis entre la plasticité neuronale dépendante de l’expérience et certains problèmes de santé chez l’adulte.

Ces résultats montrent donc que les champs de la représentation corticale sont parfois plus petits à la suite de certaines expériences sensorielles éprouvantes.

Un mécanisme aux effets pervers

L’amincissement de certaines régions du cortex cérébral pourrait résulter de l’activité des circuits inhibiteurs. Cette activité serait en quelque sorte un mécanisme de protection du cerveau qui permet à l’enfant d’occulter l’expérience initiale, mais qui peut entraîner des problèmes de santé plus tard dans la vie.

La professeure Christine Heim, de l’Institut de psychologie médicale de l’Hôpital universitaire de la Charité, en Allemagne, et des collègues américains des universités Emory et de Miami ont également participé à cette recherche.

2012 : Faculté de médecine à l’Université de Genève (Suisse)

En 2012, l’équipe du professeur Alain Malafosse du Département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Genève a démontré que la maltraitance infantile laisse des traces dans l’ADN jusqu’à la 3ème génération.

Le 29 janvier 2012, le Dr. Christian Linard, PhD, biochimiste clinique, a publié un article sur ces recherches : La maltraitance dans l’enfance modifie notre ADN jusqu’à la 3ème génération

Intégralité de l’article : ” On sait que la maltraitance, le viol dans l’enfance sont souvent associés, aussi bien chez l’animal que chez l’humain, à des troubles de nature psychiatrique à l’âge adulte.  L’équipe de recherche du professeur Alain Malafosse, du Département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Genève (Suisse) vient de démontrer que, chez l’homme, la maltraitance infantile ou des circonstances de vie difficile laisse des traces dans l’ADN du sang des victimes.

Le stress généré par des abus subis dans l’enfance induit une méthylation génétique (modification épigénétique) au niveau du promoteur du gène du récepteur des glucocorticoïdes (NR3C1), qui agit sur l’axe hypothalamique-hypophysaire-surrénal. Cet axe intervient dans le processus de gestion du stress et, lorsqu’il est altéré, perturbe la gestion du stress à l’âge adulte et peut entraîner le développement de psychopathologies, comme le trouble de la personnalité ” borderline “. Les mécanismes de régulation du stress cérébral peuvent être perturbés de manière durable en cas de maltraitances répétées dans l’enfance.  Le traumatisme s’inscrit donc dans notre génome de toutes nos cellules.

L’équipe scientifique a montré que plus la sévérité de l’abus était importante et plus la méthylation du gène était considérable.

Le plus incroyable c’est que ces modifications chimiques du génome se perpétuent au moins sur trois générations.  C’est ainsi que l’équipe a observé que l’ADN d’une petite fille d’une femme qui avait été violée par son père, portait les mêmes modifications épigénétiques que sa grand-mère et que ces modifications étaient beaucoup plus importantes que chez la mère et la grand-mère. La petite fille issue du produit de l’inceste et qui n’a jamais été violée porte la plus grande cicatrice dans le génome de toutes ses cellules.

Il y a cependant une bonne nouvelle, cette trace, cette signature peut être effacée par des thérapies et des traitements médicamenteux.

Encore une raison de soigner ces profonds traumatismes pour les effacer de notre tête mais également de notre ADN.”

Lien sur la vidéo du Journal du Dimanche de la RTS : Des chercheurs de l’Unige ont découvert que les abus laissent une trace biologique dans l’ADN des victimes

Sur la même recherche, un autre article publié le 12 janvier 2012 dans le journal 24heures : La maltraitance dans l’enfance laisse des traces génétiques

Intégralité de l’article :

Un traumatisme psychologique dans l’enfance peut laisser une cicatrice génétique chez l’adulte. C’est ce qu’ont découvert une équipe de chercheurs genevois en examinant l’ADN d’adultes souffrants de troubles psychiatriques.

Le groupe de recherche du professeur Alain Malafosse, du Département de psychiatrie de l’UNIGE, en collaboration avec le Département de génétique et de développement, a ainsi démontré que l’association entre maltraitance infantile et certaines pathologies adultes résultait d’une modification des mécanismes de régulation des gènes. Leurs travaux sont publiés dans la revue Transnational Psychiatrie.

Ont participé à l’étude 101 sujets adultes souffrant d’un trouble de la personnalité borderline, caractérisé notamment par une instabilité dans les relations interpersonnelles, les émotions et l’impulsivité. En examinant leur ADN, issu d’une simple prise de sang, les chercheurs ont observé des modifications épi génétiques, c’est-à-dire dans les mécanismes de régulation des gènes, chez les participants ayant été maltraités durant leur enfance (abus physique, sexuel et émotionnel, carences affectives…).

Ces modifications épi génétiques se situent dans le processus de gestion du stress. “C’est la première fois que l’on voit un lien aussi clair entre un facteur environnemental et une modification épi génétique”, souligne Ariane Giacobino, du Département de génétique et de développement. Lien d’autant plus fort que plus la maltraitance a été sévère durant l’enfance, plus la modification est importante.

 

2009 : Université McGill à Montréal (Canada)

En mars 2009, une équipe de l’université McGill à Montréal  a publié un article dans la revue Science et Vie à propos des conséquences génétiques des abus sexuels dans l’enfance.

Voici un article à propos cette publication : L’abus sexuel dans l’enfance laisse une trace… génétique

Intégralité de l’article :

C’est un fait, les abus sexuels dans l’enfance sont associés à un risque accru de dépression à l’âge adulte. Loin d’être juste psychologique, cette fragilité est aussi génétique, plus précisément épigénétique. C’est ce qu’a découvert une équipe de l’université McGill à Montréal, après avoir étudié le cerveau de 24 victimes de suicide, dont 12 avaient subi des abus sexuels dans l’enfance.

Ces derniers présentaient toutes une baisse de l’expression du gène NR3C1, impliqué dans la réponse au stress. Une anomalie qui explique la vulnérabilité et la tendance accrue au suicide. On savait que l’environnement pouvait influencer nos gènes, mais cette étude surprenante montre que les traumatismes peuvent également perturber notre identité génétique en modifiant directement l’ADN.”

“L’abus sexuel entraine un marquage chimique du gène NR3C1 dans l’hippocampe, une zone du cerveau. Ce marquage appelé méthylation, empêche le gène de s’exprimer normalement d’où une réponse altérée au stress” explique Moshe Szyf, l’un des auteurs de l’étude. La méthylation est un processus normal de régulation des gènes, mais chez ces victimes, elle se fait de façon erratique, inhibant de 40% l’expression du gène NR3C1. Cette erreur est probablement causée par la libération excessive de l’hormone de stress, comme le cortisol ou l’adrénaline, chez les enfants victimes d’abus. Heureusement, ces changements génétiques sont réversibles. “On sait que certains médicaments anticancéreux annulent la méthylation, l’aide psychologique peut également avoir une influence” ajoute Moshe Szyf dont l’équipe réfléchit déjà aux possibilités de traitement. ” (Source : Science et vie, mars 2009)

 

Pourquoi notre gouvernement ne fait-il pas de la lutte anti-pédocriminelle une priorité nationale, au même titre que le terrorisme, ou que la haine sur internet ?

Aucun fond véritable, aucun pôle de lutte anti-pédocriminalité n’est créé, aucune étude sur le gêne NR3C1 n’étant faite en France, on peut se demander s’il ne s’agit pas là d’une inaction délibérée de notre gouvernement, pour que le moins d’avancées soient faites dans ce domaine.

Si le gêne NR3C1 atrophié se répercute de générations en générations et si le nombre de viols et d’agressions sexuelles sur mineurs ne fait qu’augmenter, avec le temps, nous laisserons émerger plusieurs générations d’hommes et de femmes traumatisés depuis l’enfance. Une population déstabilisée qui devra vivre avec les séquelles génétiques de son calvaire des générations durant.

Source : http://guillaumeleroy.blogspot.fr

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