Draguignan | 2 hommes condamnés pour détention et diffusion d’images pédopornographiques
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
non
- 09/12/2024
- 15:53
Marcel s’est également vu suspendre son accès à internet pendant 6 mois. A noter que l’ordinateur de Sébastien contenait le viol filmé d’un bébé de 7 semaines…
Rien, si ce n’est le hasard de l’audiencement de leur comparution devant le tribunal correctionnel de Draguignan, ne les prédestinait à se retrouver un jour dans une même salle d’audience.
Marcel, 78 printemps dont pas mal passés à trimer sur les marchés, était poursuivi pour « propositions sexuelles faites à un mineur de 15 ans », « incitation d’un mineur de 15 ans à commettre un acte de nature sexuelle », « sollicitation d’un mineur de 15 ans pour la diffusion de son image à caractère pornographique et détention d’images pédopornographique ».
Une heure plus tard, Sébastien, au parcours de vie cabossé, comparaissait lui pour détention d’une centaine d’images pédopornographiques.
Dans son ordinateur, des clichés et des vidéos insoutenables dont le viol d’un nourrisson âgé de sept semaines…
Échangeant habituellement avec des adolescents sur des sites de messageries depuis 2020, Marcel a cru en mars dernier discuter avec une jeune fille de 12 ans.
« J’ai tout mélangé dans ma tête »
En réalité, derrière cet enfant fictif se cachait un gendarme messin spécialisé dans la cybercriminalité.
Grâce à l’adresse IP de l’ordinateur, les enquêteurs ont pu remonter jusqu’au domicile du retraité, à La Croix-Valmer.
« Vos propos sont sans équivoques, constate la présidente Marie-José Coureau-Vergnolle. Vous demandez à l’enfant de se caresser, de chercher le petit bouton en haut de la fente, qu’il faut garder tout ça secret… Vous lui demandez même de vous envoyer une photo et que, si vous étiez son voisin, vous lui feriez du bien… »
« Je n’aurais jamais dû aller sur ce genre de site au départ, regrette le prévenu. J’ai tout mélangé dans ma tête, le réel et le virtuel. Je n’aurai jamais parlé ainsi à une petite fille dans la réalité. Mais derrière l’écran, c’est pas pareil… »
Selon son avocate Me Laura Severin, l’explication de son comportement serait peut-être à chercher du côté d’un traitement médical « assez lourd » ayant « interrompu toute vie sexuelle ». « Ses problèmes de santé l’ont confiné derrière son écran alors qu’il était très actif avant. »
Ce sont les services de l’OfMin (office mineurs), spécialisés dans la lutte contre la pédocriminalité, qui sont pour leur part à l’origine de l’interpellation de Sébastien en juin 2024.
Les policiers avaient constaté de nombreux téléchargements et de partage de fichiers pédopornographiques via des sites de peer-to-peer.
La perquisition des enquêteurs au domicile du trentenaire, à Régusse, confirmait leurs craintes.
« Cet ordinateur m’avait été donné quelques mois auparavant il contenait déjà à l’époque des photos de la sorte, explique Sébastien. J’ai cliqué par curiosité, et voilà… »
Bousculé par son avocat Me Patrick Giovannangeli, il consent à reculons « avoir téléchargé, mais rien de pédoporno ».
Pas de plaisir, « mais de la colère »
« En audition, vous aviez pourtant tout reconnu, précise la présidente. Vous aviez même indiqué avoir subi un viol dans votre enfance dans un foyer dans l’Aude. »
Aux policiers, Sébastien a confié être attiré par ces vidéos depuis 2023 à la suite d’une séparation « et plein d’autres trucs ».
« Ces images ne me procurent pas de plaisir, mais de la colère » avance-t’il.
Aux deux prévenus, la procureure Cécile Ripert tient le même discours :
« Derrière ces vidéos, il y a des enfants qui souffrent. L’écran a bon dos. Par vos agissements, vous participez indirectement à ces viols. »
Elle requiert à chaque fois deux ans d’emprisonnement dont un ferme.
Le tribunal la suit, ajoutant pour Marcel une amende de 3 000 euros et la suspension de son compte Internet pour 6 mois.
Les deux sont désormais inscrits au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.
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