Dondevamos | Violences sexuelles contre les enfants : un pense-bête pour M. Taquet

Alors que ce pays s’écroule sous les coups incessants de la macronie et de la corruption et que les enfants sont plus que jamais menacés, j’ai envie de m’adresser à une obscure éminence de ce gouvernement, M. Taquet

Serghei Turcanu – Getty Images/iStockphoto

M. Adrien Taquet, qui officie en tant que seul responsable en France de la protection de l’enfance au niveau gouvernemental et s’apprête à lancer un énième comité sur les violences sexuelles contre les mineurs.
Seulement nous n’en sommes vraiment plus là.
La situation est alarmante et nous allons voir par quel processus la parole des enfants est niée, comment la justice les confie à leur agresseur de manière quasiment systématique.
Récemment j’ai découvert le terme de cacocratie, ou kakistocratie, qui est éclairant pour comprendre cet étrange microcosme qui tient les manettes dans ce pays.
Un concept qui permet de mieux comprendre pourquoi un Darmanin, pourquoi une Bachelot, pourquoi un Griveaux, un Benalla, un Collomb, un Castaner, un Ducon…
pardon Dupont Moretti, et aussi, ce qui m‘amène à mon thème favori, pourquoi une Schiappa et un Taquet.
Mais tant pis, vous êtes là et nous sommes obligés de nous adresser à vous M Taquet.

Les enfants, dernière roue du carrosse dans une société malade

Ne nous infligeons pas de revenir sur les prouesses de Schiappa, citons la principale :
Labolition de la notion de majorité sexuelle [1] en introduisant des critères totalement inadaptés pour juger du viol de mineur ou du consentement du mineur à être violé (dans 94% des cas par un membre de la famille).
Nous attendons toujours le bilan de cette loi, promis par Schiappa au moment de la polémique [2].
D’ailleurs, le conseil de l’Europe a encore dénoncé fin 2019 la définition ultra restrictive du viol en France, que ce soit pour les adultes ou pour les enfants, et la “réponse pénale” est jugée “insatisfaisante”.
Sauf à considérer les classements sans suite et les non-lieux comme des réponses satisfaisantes, l’heure est à l’action et plus aux commissions et aux constats.
Schiappa est allée exercer son incompétence ailleurs et c’est tant mieux pour les enfants victimes.

Il nous reste vous, M Taquet.

Personne ne vous connaissait dans le paysage dans la protection de l’enfance, et c’est normal :
vous n’y étiez pas.
Vous étiez chez Havas avant de monter votre boite de pub.
Tout en faisant de la politique, chez les “socialistes”, notamment DSK, puis de rejoindre la macronie triomphante. Il y a mieux à faire que la protection de l’enfance n’est-ce-pas.
Mais cette absence de compétence dans le domaine de la protection de l’enfance est probablement votre principale qualité pour avoir obtenu ce poste alors que des candidats compétents étaient disponibles.
Le message à travers cette nomination était limpide: l’objectif de ce gouvernement n’était pas la protection de l’enfance.
Mais en micronie, on aime ne rien faire en gesticulant autant que l’air ambiant le permet et en annonçant de grandes réformes sur les plateaux télé.
D’ailleurs, qui a entendu parler de votre “plan de lutte contre les violences faites aux enfants” de 2019 ?
Il n’y avait rien de concret ni de nouveau, par exemple la mesure 6 (sur 22) était “Déployer des unités d’accueil et d’écoute spécialisées dans l’ensemble du territoire”, mais savez-vous que c’était déjà une ambition il y a sept ou huit ans ?
Entre temps le système n’a fait que se dégrader.
La mesure 14, relève encore du vœu pieu :

“Garantir à chaque enfant victime une évaluation de ses besoins et l’accès à un parcours de soins gradués”

Quand les enfants dénoncent, la justice les envoie chez celui qu’ils dénoncent ou les place en foyer ou famille d’accueil, où les maltraitances sont légion comme chacun le sait aujourd’hui même vous j’imagine.
Je ne vais pas toutes les faire, mais ce document inutile est un nouveau copier coller des vœux pieux en la matière des gouvernements successifs, et nous savons tous que cela ne mène à rien sans moyens et volonté politique.
La société commence à peine à lever le voile sur les violences sexuelles en général, mais sachez que la situation est encore pire pour les mineurs que pour les adultes. Et il faut souligner que 80% des victimes de violences sexuelles sont mineures.
La macronie ne s’y trompe pas : depuis 2 ans il nous est impossible de connaître la ventilation de ces violences entre les victimes majeures et mineures, comme pour mieux brouiller le débat. Qui d’ailleurs ne peut plus avoir lieu – comme c’est pratique.
Nous avons appris le 2 août dans Le Monde que :

“Le gouvernement va créer une commission sur les violences sexuelles faites aux enfants“.

Vous étiez interviewé et avez montré votre manque gravissime de connaissances sur le sujet, déclarant par exemple :

“L’inceste est le dernier des tabous. La seule étude d’ampleur, réalisée aux Etats-Unis, a estimé que 6 % de la population américaine en avait été victime. Transposé à la France, cela correspondrait à 4 millions de personnes”.Sachez qu’il y a des études chez nous aussi, qui donnent le même résultat[3].

Et l’on sait aussi que les conséquences sont catastrophiques sur le plan individuel, de même qu’au niveau sociétal.
Mais peut-être est-ce voulu ?
Il existait pourtant depuis 2016 un conseil national de la protection de l’enfance placé sous l’autorité du premier ministre, censé proposer “au gouvernement les orientations nationales de la protection de l’enfance“, et que vous vous êtes empressé de détruire après un an à peine d’activité, sur fond de dissensions avec la vice-présidente Michele Créoff, qui a pourtant montré ses compétences en la matière.
Vous avez dit que cette info parue dès novembre 2019 était une “fake news” mais c’étaient vos dénégations les fake news.
Maintenant, c’est vous, qui n’y avez pour ainsi dire jamais mis les pieds, qui êtes aux commandes de la structure[4], en attendant d’en faire autre chose mais on ne sait pas quoi.
Qui avez-vous nommé pour piloter cet organisme, le temps d’en faire un nouveau, en fonction d’on ne sait quelles réflexions/rapports/comités ?
Un vieux cumulard socialiste de la politique âgé de 76 ans, totalement inconnu dans le milieu de la protection de l’enfance mais qui avait dirigé l’organisme de l’adoption.
Toutes ces manigances sont suspectes, M Taquet.
Vous avez un peu gesticulé au milieu de l’été, évoquant brièvement une future “commission sur les violences sexuelles faites aux enfants” forcément “indépendante” -en tout cas du monde associatif.
Elle serait en effet :

“Composée de magistrats, de médecins, de psychologues et de sociologues”.

Faites-nous gagner du temps : lisez vite le rapport de l’ONU de 2003, celui de Juan Miguel Petit.
Vous verrez : rien l‘a changé depuis 2003, et de l’avis de beaucoup les procédures ont même empiré à coups de “conflit parental” (qui a remplacé feue l’ “aliénation parentale”), d’expertises psychiatriques surréalistes contre les victimes, d’auditions minimalistes ou même malhonnêtes, de rapports sociaux truffés d’erreurs ou de mensonges, de vices de procédure et parfois de conflits d’intérêts, les enfants qui dénoncent l’inceste sont très souvent, et il semble que ce soit même systématique, confiés à la garde exclusive de celui qu’ils ont tenté de dénoncer.

Les méthodes judiciaires qui étaient utilisées à l’époque principalement pour défendre des réseaux pédocriminels se sont généralisées à l’ensemble des dossiers, pour autant que les accusés nient ou minimisent les faits.
Parce que la propagande, la “sensibilisation” n’est pas à mener du côté des victimes :
les enfants essaient de parler.
C’est la justice qui ne les écoute pas. Ce sont les professionnels: magistrats, éducateurs et assistants sociaux, experts psychologues et psychiatres, médecins, policiers chargés de recueillir la parole des enfants ont été formés sur de mauvaises bases.
Et Juan Miguel Petit soulignait déjà, à l’époque, la suite de dysfonctionnements judiciaires qui entraîne une impunité quasiment totale des pédocriminels.
Votre commission est d’ailleurs très mal partie : au lieu de se focaliser sur les violences dans le cercle familial, elle devrait se focaliser sur comment sont traitées les plaintes.
Et puis, qui sera invité ? Il semble que la liste des futurs consultés est élaborée dans l’opacité.
Voici 4 chiffres-clés pour une première approche du problème :
76 % de classements sans suite pour les plaintes pour viol en 2018, un record et ce chiffre ne fait qu’augmenter. Nous avons même beaucoup de classements sans suite pour cause d’ “auteur non identifié” alors que les enfants ont été parfaitement clairs. Il y a ensuite énormément de non-lieux et de requalifications en délits d’agressions sexuelles.
40 % de condamnations pour viol en moins en 10 ans alors que le nombre de plaintes augmente de manière continue
-Moins de 400 condamnés pour viols sur mineur chaque année en France pour plus de 4000 plaintes. Dont une moitié sont mineurs.
-Seules 8% des victimes qui ont parlé ont été protégées.
Arrêtons-nous maintenant sur ces procédures menées par des juges pour qui, malgré les traités signés par la France tels que la convention de Genève sur les droits des enfants[5], que la parole des enfants victimes n’a aucun poids.
Ni dans la procédure – certes totalement archaïque mais on a compris que c’était bien là l’objectif, ni, donc, face aux pédocriminels.
Ainsi, en 2019 une enquête IPSOS pour l’association Mémoire Traumatique a montré que :

“17% seulement des victimes sont allées dans un commissariat ou une gendarmerie mais seules 8% ont porté plainte.Cela veut dire que sur les victimes étant allées dans un commissariat ou une gendarmerie 4 sur 10 retirent leur plainte”.

Je vais citer maintenant quelques dossiers pour que vous compreniez comment les enfants qui dénoncent leur père pédocriminel sont confiés à la garde exclusive de celui qu’ils dénoncent.

 

Julie, violée par 18 pompiers de ses 13 à 15 ans


Des types censés l’amener à l’hôpital et la ramener car elle était déjà fragile à l’époque qui ont profité d’elle, seuls ou à plusieurs.
La justice ayant considéré après 9 ans de ce qu’elle qualifie d’ “enquête” que l’adolescente était consentante à ces faits répétés par des adultes en uniforme sur une mineure vulnérable[6], l’affaire devrait être jugée en correctionnelle en tant qu’atteinte sexuelle.
Vous savez, cette qualification popularisée par vous et votre acolyte Schiappa, et qui amène des magistrats à s’interroger sur le consentement de mineurs à des actes qu’ils ne comprennent pas ; avec des adultes parfaitement en connaissance de cause.
La justice a estimé qu’il n’y avait, après 9 ans à ne pas faire grand chose, qu’il n’y avait “pas assez de preuves permettant d’établir l’absence de consentement”, comme l’explique France 3.
Autre étrangeté : il n’y aura que deux agresseurs sur le banc des accusés. Les miracles de l’instruction, de l’obstruction…
La justice a considéré que la plupart avaient agi hors du cadre de leur fonction, donc il n’y aurait pas d’abus d’autorité. Donc pas de circonstance aggravante.
Nous sommes nombreux à soutenir Julie, qui a maintenant 25 ans, ne peut pas aller bien quand la justice continue à tenter de la bafouer.
Et nous serons très attentifs à la décision qui sera prise le 24 septembre, quand la cour d’appel de Versailles décidera ou non de requalifier les faits pour ce qu’ils doivent être :
Des viols jugés aux assises.
Même des médias commerciaux suivent de ce scandale.
J’ajouterais que les pompiers de Paris, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, n’en sont pas à leurs premiers débordements, et que l’impunité n’arrange rien aux déviances graves constatées au fil des années dans ce corps de la fonction publique.

 

Marie “1”:

Cette fillette de 4 ans a dénoncé de la part de son père des faits qualifiables de viols et d’agressions sexuelles, confirmés par une expertise gynécologique et deux signalements d’une professionnelle de santé qui a suivi la fillette pendant un temps.

La petite a parlé d’autres adultes qui l’agressent chez son père, qui a pu s’évaporer 3 mois dans la nature avec l’enfant.
Au retour, la fillette était totalement perturbée, avait des inflammations au niveau du sexe confirmées par un certificat médical, et a parlé d’actes relevant du viol.
La justice a considéré que la maman ne se comportait pas correctement, alors que les services sociaux avaient fait des observations “positives” du père.
Le tribunal a donc décidé que tout cela n’était qu’un “conflit parental” et a confié la fillette à son père.
Elle ne voit plus sa mère, embourbée dans une procédure judiciaire qui la prive de sa fille bien qu’il n’y ait strictement rien à lui reprocher à part des faits de non-représentation de la fillette (puisque la petite hurlait afin de ne pas y retourner et avait dénoncé les faits).
Des signalements sont encore intervenus après que la petite ait été confiée à la garde exclusive de son père et celui-ci s’est empressé de mettre fin au suivi par ce professionnel.
Quand la maman s’est portée partie civile, elle a appris un jour au tribunal qu’on lui avait “retiré” cette constitution, et du se battre pour la déposer quelques mois plus tard. En attendant, la fillette est toujours chez son père et ne voit que rarement sa mère en visites médiatisées.
Un blog parle de cette affaire aussi sordide que banale dans ce pays :
Touspourmarie. L’association EPAPI avait diffusé cette affaire.
 
 

Liam

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Parlons aussi de Liam, qui a aujourd’hui 9 ans, et ne voit depuis plus de deux ans sa mère qu’en point rencontre, sous bonne escorte. Son tort ? Avoir dénoncé des agressions sexuelles commises par son père et son grand-père.
Cet enfant a parlé à sa mère, à sa grand-mère, à des médecins, à la police. En vain.
Un juge aux affaires familiales a décidé que la maman, qui avait porté plainte, était dangereuse, et juste après le classement sans suite de la plainte a confié Liam à la garde exclusive de son père.
Quand elle s’est rendue devant le juge aux affaires familiales avec son fils, pour une audience en avril 2018, cette maman ne savait pas qu’elle allait repartir seule et que le soir même Liam dormirait chez son père.
La justice qui a classé sans suite toutes les plaintes, s’est retranchée derrière l’argument désormais habituel du “conflit parental”, une sorte de baguette magique qui semble faire disparaître tous les abus paternels.
La maman a au passage été condamnée pour non-représentation d’enfant, puisqu’elle était obligée de le remettre au père régulièrement et n’a pu, comme c’est souvent le cas, s’y résoudre.
La maman n’arrive pas à se faire entendre des juges, des services sociaux, et depuis avril 2018 elle ne voit son fils qu’une heure par mois tout au plus en point rencontre.
Les éducateurs lui ont tout reproché: d’être trop inquiète, d’avoir un “discours” qui ne convenait pas, de donner des cadeaux à son fils, de l’appeler, de mettre des affiches disant qu’elle l’aime sur sa voiture, de ne pas mettre assez de “bonne volonté” dans le suivi éducatif, pourtant surréaliste.
A chaque fois, elle a obéi bien qu’aucun psy n’ait vu de problème chez elle l’empêchant d’élever son fils. Malgré tout, rien n’avance dans ce dossier.
Alors que cette maman élève sans problème ses autres enfants, il est toujours inconcevable pour la justice de permettre des droits de visite, ne serait-ce qu’un week-end par mois, pour renouer des liens forcément distendus.
Aujourd’hui Liam a 9 ans et espère toujours pouvoir revenir vivre avec sa mère et ses frère et soeurs.

 

“Marie” 2 (désolés pour les pseudos mais nous y sommes obligés)

C’est l’association Wanted Pedo qui en a parlé (vous trouverez beaucoup d’affaires similaires sur leur site) à la fin du mois d’août.
Le schéma est le même, avec une fillette de 3 ans qui décrit des agressions sexuelles commises par son père avec un “gros bâton”, sur fond de violences “conjugales”, de harcèlement de la maman, de narcissisme exacerbé.
La fillette est traumatisée, en panique la nuit et ne dort presque plus, commence à montrer des comportements sexuels, ne voulait plus se laver…
Il y a une pédopsychiatre qui conclut à une situation préoccupante, mais l’enquête n’avance pas et en attendant la maman n’a pas d’autre choix que de remettre l’enfant au père lors des droits de visite et d’hébergement.
La maman, encore une fois, se trouve poursuivie pour non représentation. Elle a été mal conseillée par son avocat, comme c’est généralement le cas dans ces affaires. C’est à elle que la justice reproche son comportement, notamment au travers l’enquête sociale, un élément incontournable de ces procédures boomerang sur fond de pseudo “conflit parental”.
Et comme c’est le cas en général, les plaintes de la maman ont toutes été classées sans suite, sans en informer la plaignante. On a aussi, comme toujours ou presque, une “enquête sociale” menée à des fins de rétorsion, pour mieux décrédibiliser la plaignante et préparer le transfert de l’enfant chez le pédocriminel présumé.
Récemment encore, cette maman expliquait avoir été placée en garde à vue après une non-représentation d’enfant.
 
 

Sébastien, Florian, Kevin

Deux enfants dénoncent le comportement violent, obscène du père (par exemple visionnage de films pornos “en famille”), chez qui ils allaient une semaine sur deux depuis la séparation en 2012.
La maman, qui avait dès 2015 observé des comportements sexualisés de ses fils, a donc porté plainte, et le père a contre-attaqué en disant qu’elle manipulait les enfants.
Ceux-ci étaient terrorisés à l’idée de retourner chez leur père, et ont évoqué des agressions sexuelles commises par sa nouvelle compagne.
La maman s’est alors mise, comme souvent hélas mais cela peut se comprendre, en état de non-représentation d’enfants trois fois de suite.
Le père a demandé la garde exclusive des enfants et obtenu leur placement.
Les trois enfants sont placés dans trois familles différentes. Les plaintes de la maman ont été classées sans suite.
Ils n’ont pas été entendus par un juge, comme toujours ou presque oserais-je dire, alors qu’ils en ont l’âge selon la convention sur les droits de l’enfant (les trois enfants avaient plus de 9 ans).
Il faut dire aussi que la fille aînée, issue d’une autre union, a porté plainte pour viol et agressions sexuelles commises dans l’enfance par le père des garçons.
Là encore, à votre avis M Taquet, que s’est-il passé ? L
a justice a considéré que toute cette affaire n’était qu’un “conflit parental”.
Elle a reproché par exemple à la maman d’avoir une “posture négative” et de ne pas suffisamment convaincre les enfants de voir leur père.
Vous l’aurez compris dans ces dossiers, c’est celui qui dénonce et tente de protéger les enfants, la plupart du temps la maman, qui est pointé du doigt par les magistrats et les différents intervenants, experts compris. C’est lui qui doit rendre des comptes, lui qui est sans cesse sur le fil du rasoir.
A la première parole malheureuse, au premier sous-entendu sur d’éventuels abus sexuels, et la broyeuse passe à la vitesse supérieure.
Dans ce dossier, les enfants sont donc poussés par les services sociaux à voir leur père lors de visites non médiatisées (en effet leur objectif est de “rétablir les liens avec leur père“), et les conditions de vie dans certaines familles sont catastrophiques, depuis 2015 !
Nous n’en sommes pas encore à une garde exclusive pour le père, mais ce dossier en prend hélas le chemin.
Quand l’association Wanted Pedo a tenté d’organiser une mobilisation de soutien pour la maman, la ville de Ploërmel l’a interdite.
Peur d’un troube à l’ordre public, semble-t-il.

 

 Affaire X

Tout cela n’est pas nouveau, et je ne peux terminer sans évoquer le combat de Marie-Lise Peyrache, qui en est à 16 ans de démêlés judiciaires aujourd’hui.
Cette affaire est emblématique de l’omerta française en matière de violences sexuelles sur mineurs.
Tout a commencé en 2002 quand une fillette de 4 ans explique qu’elle subit des viols de la part du copain de sa mère et de sa mère, un instituteur promu directeur après les plaintes contre lui, parle de films qui sont tournés pendant les actes, et mentionne d’autres enfants victimes.
Elle raconte tout cela alors qu’elle est temporairement en vacances avec son père, et elle parle aussi à cette dame qui se trouvait là, Marie-Lise Peyrache, qui d’abord avec le père de la fillette, puis seule, a cherché à la protéger.
Une information judiciaire a été ouverte en 2002, et pour résumer les choses : l’enquête n’a mené à rien.
La maman tenait à l’époque une association d’aide aux enfants victimes et avait à l’époque quelques relations.
Finalement, cette procédure a été assez ubuesque, le dernier épisode étant le rejet en 2019 du pourvoi en cassation dans la procédure pour diffamation et atteinte à la vie privée menée contre Mme Peyrache (et contre le père, rapidement acquitté).
Cette procédure, par contre, a été menée sans coup férir depuis 2006.
Celle-ci a également été condamnée pour complicité de non-représentation d’enfant, à 6 mois de sursis.
Par contre, il y a eu un non-lieu en 2006 pour les violences sexuelles contre la fillette.
Pourtant, des médecins avaient fait des certificats et des signalements pour alerter sur la situation, et ils ont confirmé les propos de l’enfant, soulignant notamment l’état de “stress post traumatique” de la petite fille.
Comme dans la plupart des dossiers, d’ailleurs, mais il est vrai que ces pièces ont tendance à se perdre dans ces procédures, et que les magistrats en tiennent rarement compte, encore aujourd’hui.
Dans cette procédure-ci, lancée en 2001, on a par exemple :
-L’internement psychiatrique du père pendant 15 jours, en mesure de rétorsion. Il n’a pu sortir que par l’intervention d’un avocat.
-Le refus d’une constitution de partie civile du père.
-La fillette entendue par le juge en présence de sa mère mais pas de son père.
-L’absence dans le dossier de la plainte initiale déposée par la mère de la fillette : donc le contradictoire était impossible, et il était aussi impossible de vérifier si elle avait été déposée dans les règles, du jamais vu.
-Des pièces à charge qui n’ont jamais existé dans le dossier de l’atteinte à la vie privée.
-Aucune des demandes d’acte de l’accusée n’a été suivie d’effet, et elle a mis des mois avant d’être entendue. Ses différentes plaintes concernant la procédure ont été jugées irrecevables.
-Des pressions d’individus louches pour ne plus parler de cette affaire,
-Des garde-à-vue intempestives,
-Des mesures de rétorsion importantes contre Marie-Lise Peyrache, qui a subi des années de procédure judiciaire, avec des placements en garde-à-vue, des avocats peu engagés mais de vrais frais de “justice”, une obstruction judiciaire…
Aujourd’hui, Marie-Lise Peyrache tente de dénoncer le traitement judiciaire de ce dossier auprès de la Cour européenne des droits de l’homme, mais il semble y avoir un cafouillage.
Bref. Les mêmes éléments se retrouvent dans tous les dossiers problématiques.
Les procédures agissent comme des sables mouvants dans lesquels les parents protecteurs et les enfants victimes s’enfoncent jusqu’à ce qu’ils n’aient plus de voix.
Et rappelons qu’un classement sans suite n’est pas un jugement. Ce n’est pas la preuve qu’il ne s’est rien passé, c’est juste la preuve, le plus souvent, qu’on n’a pas assez cherché ou qu’on n’a pas voulu voir.
Nous avons des affaires avec 4, 6, ou même jusqu’à une dizaine de signalements faits par des professionnels sérieux, dans lesquelles les enfants n’ont pas été entendus, et ont été envoyés chez leur père malgré les accusations.
Dans cette affaire, celle d’une fillette appelée Anita victime de son père et d’un autre homme, d’après ses propos, il y en eu 7. Dans un autre dossier, il y en a eu une douzaine. En vain.
Nous avons des types condamnés pour violences familiales, sous le coup de procédures pour viols sur mineurs, et qui obtiennent la garde exclusive de leurs trois enfants
Des enfants qui parlent jusqu’à ce qu’ils comprennent que s’ils continuent à parler, ils ne verront plus leur parent protecteur.

 

Des procédures à revoir de A à Z

Dans notre pays, les victimes, les familles et les observateurs en arrivent à l’inquiétant constat suivant: la procédure judiciaire en matière de violences sexuelles contre les mineurs signe l’enterrement de la parole des enfants.
Je vous avoue M Taquet qu’aujourd’hui, nombreux sont ceux qui se demandent si les parquets servent à autre chose qu’à classer les dossiers sans suite, du moins quand il s’agit de pédocriminalité.
Des affaires comme celles que je viens de résumer dans les grandes lignes, je pourrais vous en citer des dizaine et d’autres associations ou citoyens engagés aussi.
Le système est toujours le même :
-Séparation en cours des parents, ou récente.
-L’enfant dénonce des violences sexuelles – commises très souvent à partir de la séparation.
-Une plainte est déposée par le parent protecteur. Souvent une procédure pour le divorce et la garde sont déjà en cours et se déroulent normalement jusqu’à la plainte pour les violences sexuelles.
-Une enquête préliminaire est ouverte. L’accusé nie. L’enfant est entendu par la police dans des conditions qui ne sont pas celles des auditions Mélanie pourtant recommandées depuis des années pour le recueil de la parole des enfants, voit un “expert” psy plus ou moins compétent et honnête, un médecin qui se contente d’une observation sommaire des parties génitales, et qui ne montre rien de probant[7]. Quand l’enfant n’est pas mené à l’audition par l’agresseur, il parle.
-Il n’y a que très rarement des saisies du matériel informatique, des auditions de proches de l’accusé, d’examens gynécologiques ou d’IRM des victimes.
-La plainte est classée sans suite. Ce qui pour les juges équivaut à la confirmation d’une absence de faits, ce qui fait sauter tout principe de précaution dans la quasi-totalité des dossiers.
-La garde alternée ou exclusive est demandée par le père ou la mère accusé. On a souvent des procédures pour non représentation, et / ou pour dénonciation calomnieuse, gagnées, qui réduisent d’autant les droits de visite entre le parents désormais incriminé et condamné et l’enfant qui ne peut plus du tout prétendre au statut de victime.
-La maman ou le père, en tout cas le parent protecteur perd la garde, voire l’autorité parentale et l’enfant est confié à celui qu’il a dénoncé.
 
Certes, la parole des enfants, quand elle dérange et met en cause des adultes bien propres sur eux qui nient avec véhémence, n’a jamais été prise en compte en France malgré les envolées lyriques des acteurs politiques et les conventions signées en grande pompe.
Mais il faut bien dire que depuis l’affaire Outreau, magistralement désamorcée par votre collègue ministre de la justice, le dénommé Ducon, pardon Dupond Moretti, et ses amis avocats et journalistes.
Qu’est-il resté de ce désastre judiciaire ?
4 adultes condamnés, 12 enfants reconnus victimes et indemnisés en appel.
Et une énorme mystification, comme l’a expliqué l’experte psychologue Marie-Christine Gryson Dejehensart, qui a laissé croire à l’opinion publique que les victimes étaient les acquittés et que les enfants étaient des menteurs.
Savez-vous M Taquet qu’aujourd’hui encore dans les prétoires, on entend des magistrats ou avocats avertir, solennels : “on ne va pas refaire Outreau”, sous-entendu : on ne va tout de même pas prendre au sérieux les accusations de cet enfant, de ces enfants…
On relève en tout cas deux éléments-clé :
Dès que des abus sexuels sont dénoncés, la procédure se retourne contre celui qui dénonce. Les enfants finissent placés chez l’agresseur qu’ils ont dénoncé. On se demande même si pour un pervers, le meilleur moyen d’avoir la garde n’est pas de les violer ou de les agresser sexuellement.
-Par ailleurs, la rapidité avec laquelle la justice expédie ces affaires, entre la plainte et le placement des enfants chez l’agresseur, ne cesse d’augmenter. Aujourd’hui, il se passe en général moins d’un an entre les deux. Comme une mesure de rétorsion pour ceux qui osent risquer de faire monter les statistiques.
 
Peut-être (on ne sait jamais) cherchez-vous à résoudre ces problèmes déjà maintes fois pointés par de nombreux professionnels, associations et citoyens, depuis le recueil de la parole des enfants jusqu’aux expertises médicales et psychiatriques, en passant par la procédure elle-même y compris dans les rares cas où il n’y a pas “dysfonctionnements”, le rôle des services sociaux, les moyens d’enquête, et j’en passe.
Voici un peu de lecture :
-La convention internationale des droits de l’enfant ratifiée en 1989. Elle est intéressante et comprend plein de principes pour le bien-être des enfants. L’article 12, par exemple, rappelle que :

    • Les États parties garantissent à l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité. A cette fin, on donnera notamment à l’enfant la possibilité d’être entendu dans toute procédure judiciaire ou administrative l’intéressant, soit directement, soit par l’intermédiaire d’un représentant ou d’un organisme approprié, de façon compatible avec les règles de procédure de la législation nationale“.
    • L’article 19 précise quant à lui que “Les États parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l’enfant contre toute forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d’abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d’exploitation, y compris la violence sexuelle, pendant qu’il est sous la garde de ses parents ou de l’un d’eux, de son ou ses représentants légaux ou de toute autre personne à qui il est confié“. Nous n’y sommes pas non plus, comme on l’a vu en France ce sont les agresseurs qui sont protégés des accusations des enfants.
    • L’article 24 : “Les États parties prennent toutes les mesures efficaces appropriées en vue d’abolir les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants“, mais je vous épargne pour l’instant les considérations sur le satanisme et pratiques assimilées.

-Le rapport de la cour des comptes de 2014 sur la protection de l’enfance, qui dénonce l’opacité du système, et cela sur absolument tous les plans. Rien n’a changé évidemment depuis.
-Une étude de procédures pour viol paternel traitées par les tribunaux américains, menée en 2013. Elle montre que les fausses accusations d’abus sexuels de la part des mineurs ou même de leurs mères sont très rares. Selon cette analyse, les pères sont même bien plus enclins que les mères à faire de fausses accusations : “Parmi les allégations formulées par des mères, seulement 1,3 % étaient considérées par le tribunal comme délibérément fausses par rapport à 21% d’allégations faites par des pères et considérées délibérément fausses par les juges“. Pourtant, dans les cas d’accusations de violences sexuelles, classées sans suite les trois quarts du temps, ils obtiennent gain de cause en justice sans difficulté. Il va sans dire que nous n’avons pas d’étude de ce type en France.
-La lecture des différents livres et études de l’association REPPEA (Réseau de professionnels pour la protection de l’enfance et l’adolescence), qui regroupe des professionnels de la victimologie et de la pédopsychiatrie, et ont pointé l’ensemble des dérives du système judiciaire ET de la “protection” de l’enfance depuis des années. Par exemple :

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Je termine pour ne pas être trop longue, et parce que beaucoup alertent sur la catastrophe sanitaire, réelle celle-là, des violences sexuelles contre les enfants. Nous parlons des adultes de demain qui grandissent dans une société déjà malade, incapable de les protéger correctement, et assistons à une explosion de la pédocriminalité, à mon avis pour 3 raisons principales :

  • Le web qui rend la pédopornographie accessible à tous, partout, tout le temps, et donne en plus la capacité de monétiser la publication de ces contenus.
  • L’impunité des agresseurs qui leur permet de multiplier les crimes, et donc les victimes, qui à leur tour font de nouvelles victimes, et ainsi de suite.
  • Et cela va avec : l’absence de prise en charge appropriée pour les plus de 90% de victimes qui n’obtiennent pas gain de cause en justice.

Vous n’allez rien faire et je fais partie de ceux qui n’ont strictement aucune illusion sur les intentions des gouvernements en général, et de ce gouvernement en particulier.
Peut-être pouvez-vous limiter le désastre ?
En tout cas, malgré et même à cause de vos gesticulations ineptes, vous porterez votre part de responsabilité dans l’aggravation de cette crise.
Quant aux citoyens, il est temps qu’ils ouvrent les yeux et aillent dans les tribunaux pour voir comment la justice traite ces dossiers – et tous les autres !
Depuis 10 ans, parent après parent, j’entends les mêmes procédures, les mêmes mensonges dans les dossiers, les mêmes manipulations, le même désespoir.
Cela ne se s’arrête pas et ça s’aggrave d’année en année.
La clé, c’est la prise de conscience des citoyens : ils doivent regarder ce qu’il se passe, et comprendre pourquoi les choses se passent ainsi.
Nous serons nombreux à être très attentifs à la suite de vos gesticulations, stériles et moins stériles.
Pour ma part je ne me fais aucune illusion, mais il sera toujours intéressant de voir quels pions sont actionnés.
Nous sommes dans un pays où Jack Lang a failli être le tout premier “défenseur des droits des enfants” en 2011 (nommé par sarkoléon), remplacé in extremis et suite à de vives protestations des associations par Dominique Baudis, lui-même remplacé suite à son décès 3 ans plus tard par Jacques Toubon, qui vient seulement d‘être remplacé directement par l’Elysée à 79 ans.
 
[1] Même Ouest France l’a dit aussi clairement en janvier 2020“L’exécutif avait en revanche renoncé à instaurer un âge minimal de consentement à un acte sexuel, pointant le risque qu’une telle mesure soit jugée anticonstitutionnelle mais suscitant la déception de nombre d’associations de victimes“. Même le Vatican a fixé l’âge de 12 ans comme seuil de non-consentement automatique !
[2] Il y a 9 mois de cela, une mission d’évaluation a été confiée à une députée… LREM ! Où en est-on ?
[3] Par exemple l’ “Etat des lieux des violences sexuelles faites aux enfants” de 2018 l’Association mémoire Traumatique.
[4] Ceci dit, la micronie a tendance à vraiment tout centraliser, comme on le voit avec les pouvoirs confiés aux préfets qui ne sont que les sous-fifres administratifs de l’Elysée. C’est de l’hyper centralisation, tout en coupant un maximum de crédits partout dans les territoires. C’est le dépouillement des citoyens de leurs droits en même temps que de leurs capacités économiques. Mais, c’est une autre et vaste sujet.
[5] Ratifiée en France en 1990.
[6] Julie était alors soumise à un traitement médicamenteux et était suivie par des psychiatres. Ce traitement lui a fait perdre toute capacité à résister, à prendre du recul. Et ce qu’elle subissait n’a rien arrangé à son mal être.
[7] Quand l’enfant présente des marques, de type rougeurs, inflammations au niveau du sexe ou de l’anus, on a déjà entendu dire que c’était normal, à cause de diarrhées ou des couches par exemple.
[8] Le Sénat, dont on se demande parfois combien de pédophiles siègent au regard de ses choix politiques en matière de protection de l’enfance, a encore refusé en 2019 la levée de ce sacro-saint « secret professionnel » dans les cas de violences sexuelles sur mineurs.
 
Source: dondevamos

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