Dinan | Deux ans ferme pour un chef d’entreprise de 49 ans auteur d’agressions sexuelles sur trois adolescents entre 1995 et 2013

Ancien chef d’entreprise à Dinan, l’homme était jugé, jeudi 25 avril, par le tribunal correctionnel de Saint-Malo pour avoir des abus sexuels sur trois adolescents bretons. Condamné, il a nié les faits jusqu’au bout.

Salle comble et ambiance pesante au tribunal correctionnel de Saint-Malo, jeudi. À la barre, un homme de 49 ans comparaît devant la justice pour des faits d’atteinte sexuelle et de corruption de mineurs, avec la circonstance aggravante d’avoir noué une relation de confiance avec les victimes de moins de quinze ans.

En l’occurrence, être devenu un sponsor sportif pour l’un des plaignants et un « père de substitution » pour les deux autres, qui ont notamment habité chez lui.

De 1995 à 2013, date de l’ouverture de l’enquête, celui qui est alors chef d’entreprise, à Dinan, fait subir à ces trois adolescents bretons des actes sexuels non désirés.

Face à la présidente du tribunal, le prévenu nie en bloc.

« Tout est faux, ils sont de mèche pour se débarrasser de moi » , balaye-t-il d’un revers de main.

« Il a acheté mon silence »

Sa dernière victime, rencontrée en 2010, était un sportif prometteur de la région.

Devenu son sponsor, l’homme le couvre de cadeaux – équipement, vêtements et téléphones – et l’emmène en vacances.

« Mon fils », « mon cœur » ou encore « je t’aime », lui envoie-t-il par message.

Il abuse de lui dans des chambres d’hôtels, lors de déplacements pour des compétitions.

La première fois, sa proie a tout juste 13 ans.

« Tout ce que j’avais, c’est lui qui me l’avait payé.

Il a acheté mon silence » , lâchera la victime aux enquêteurs, des années plus tard.

En mai 2013, le garçon se confie à sa petite amie, puis à sa sœur.

Sa famille porte plainte.

Mis en examen, le père de deux enfants est placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d’entrer en contact avec des mineurs.

Les autres victimes l’apprennent et décident de parler, après des années de silence.

Tendus sur le banc, en colère, ces petits garçons devenus des hommes se serrent les coudes face à celui qui ne cesse de clamer son innocence.

Manipulateur et mythomane

Au cours d’une longue audience, les juges ont tenté de cerner la personnalité de cet homme éloquent, qualifié de « manipulateur » et « déviant pédophile » par les experts psychiatriques.

Si les victimes sont déjà nombreuses, d’autres jeunes ont été approchés, sans épilogue dramatique.

À chaque fois, le scénario employé se révèle être le même : une emprise patiemment orchestrée sur un adolescent fragile et en manque de repères familiaux.

Pour arriver à ses fins et s’assurer du silence des victimes, l’homme n’hésite pas à harceler, simuler une tentative de suicide, à s’inventer une tumeur du cerveau ou à se présenter comme étant « possédé par le démon », à un enfant croyant.

« Monsieur est dans un tel déni qu’il lui est impossible de voir la vérité en face », se désole l’une des avocates des victimes, quand la seconde insiste sur « la difficulté que vont avoir les victimes à se reconstruire ».

Même constat amer du Ministère public, qui dépeint « une emprise sournoise sur des enfants pour les conditionner et les empêcher de parler ».

Deux ans de prison

Me Fillion, qui plaide la relaxe du prévenu, souligne le casier judiciaire quasi vierge de son client (une mention pour tromperie en 2006) et une certaine remise en question tardive :

« Après six ans de procédure, il a complètement changé, a tourné la page, n’a plus de relations avec des adolescents masculins. »

Finalement, l’homme est condamné à deux ans d’emprisonnement, cinq ans de suivi sociojudiciaire et a interdiction d’entrer en contact avec les victimes et des mineurs, à l’exception de ses enfants.

Il devra verser 10 000 € à chacune des victimes.

Il a été inscrit au fichier des délinquants sexuels.

Source : Ouest France

Source(s):