Dieppe | Un homme violait sa fille adoptive dès ses 8 ans
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 30/04/2022
- 23:46
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« C’est bien d’un viol incestueux dont il s’agit, d’un acte ignoble sur une petite fille de 8 ans à peine » martèle le procureur de la République, ce vendredi 29 avril 2022, au tribunal de Dieppe (Seine-Maritime). Car même si l’affaire a été correctionnalisée avec l’accord de la victime aujourd’hui âgée de 24 ans, « nous ne sommes pas sur une agression sexuelle » insiste-t-il.
D’où ses réquisitions : sept ans de prison avec mandat de dépôt à l’encontre de ce père de famille. Agé tout juste de 50 ans, le prévenu était poursuivi pour le viol de sa petite fille adoptive requalifié en agression sexuelle entre le 1er juillet et le 1er août 2005 à Dieppe.
En famille d’accueil
Ce n’est qu’en décembre 2013, à l’âge de 16 ans, que la victime se confiera à une camarade de son lycée. Elle lui raconte qu’à l’âge de 8 ans, son père adoptif l’a violée alors que sa mère était partie faire des courses.
Placée dans une famille d’accueil depuis l’âge de 4 ans, ce jour-là elle se trouvait en visite chez sa maman. Profitant de son absence, elle raconte que son père s’est jeté sur elle, l’a plaquée sur le lit, avant de lui mettre un foulard dans sa bouche et sur les yeux, de lui défaire son pantalon et sa culotte pour la pénétrer.
Des faits que l’adolescente répète à l’équipe éducative de son lycée. Des faits qu’elle répète lors de l’instruction judiciaire, « avec une même constance » remarque le procureur. Car il le sait, la défense va plaider la relaxe, avançant elle aussi la constance de son client qui a toujours nié les faits et mettant en avant « les différentes versions » de la victime.
« Je ne suis pas un pédophile »
Le prévenu a en effet toujours nié avoir violé sa fille adoptive. Et face au tribunal ce vendredi, il continue de nier :
“Je n’ai pas fait des enfants pour les violer. Je ne suis pas un pédophile”.
Pourtant dès 2001, une première plainte avait été déposée à son encontre par sa compagne pour agression sexuelle sur sa fille adoptive alors tout juste âgée de 4 ans. Mais la maman décrite comme « fragile » reviendra sur ses accusations. Cette même année, une voisine porte plainte elle aussi : le prévenu aurait tenté de la violer.
Si ces deux plaintes ont été classées sans suite, la petite fille sera placée en famille d’accueil, tout comme par la suite le reste de la fratrie : deux frères et deux sœurs. Un placement pour les soustraire à un père alcoolique et violent et à une maman trop fragile pour faire face.
« Animée par un besoin de vengeance »
Sa consommation d’alcool et sa violence, ce sont les deux seules choses que le prévenu concède. Quant aux accusations portées par sa fille adoptive, il croit connaître la réponse : en 2013, il devait se marier avec sa mère « et elle ne le supportait pas » dit-il. C’est la vengeance qui selon lui et son avocate l’aurait animée.
Pourtant, les trois experts qui ont entendu la victime décrivent ses propos comme « crédibles et cohérents » et « non guidés par une intention de vengeance ». Et puis il y a ces examens médicaux qui attestent qu’elle a subi « une pénétration violente et ancienne » compatible avec son récit.
Il y a aussi les témoignages accablants de l’entourage du prévenu : il est décrit par des proches comme étant « très porté sur le cul ». Et les experts le dépeignent comme quelqu’un « d’immature et impulsif » qui fonctionne « en mode égocentrique ne présentant aucune culpabilité d’une manière générale ».
Une vie sexuelle vécue « comme une corvée »
Appelée à témoigner, la victime raconte ce qu’est aujourd’hui son quotidien : son obsession du ménage qu’elle fait jusqu’à 4 h du matin pour se coucher le plus tard possible afin de ne pas sombrer dans les cauchemars qu’elle fait toutes les nuits ; une vie sexuelle qu’elle vit « comme une corvée ».
Elle rappelle qu’elle n’a aucun esprit de vengeance contre son père, juste de la « pitié et de la colère ».
S’appuyant sur divers témoignages, l’avocate de la défense souligne que la victime a menti tout au long de sa vie, inventant un avortement ou faisant croire à ses proches à une tentative de suicide.
Quant à l’examen médical qui atteste d’une pénétration, elle souligne qu’elle avait un petit ami. Son client a été « très certainement un père violent, mais pas un père violeur » dit-elle, demandant la relaxe.
Une plaidoirie qui n’a pas convaincu : le prévenu a été condamné à cinq ans de prison ferme et à trois ans de suivi socio-judiciaire avec obligation de soins et interdiction d’entrer en contact avec la victime.
Il devra par ailleurs indemniser la victime pour un montant total de 23 600 € et son nom sera inscrit au Fijais, le fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes. Il a dix jours pour faire appel.
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