Deux-Sèvres | Un père condamné à 3 ans de sursis pour agressions sexuelles incestueuses

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“Je ne suis pas d’accord avec papa mais lui ne veut pas m’écouter”
Jugé ce vendredi 19 septembre pour des faits d’agression sexuelle incestueuse, ce père de 32 ans n’a ni avoué, ni présenté ses excuses laissant son enfant et son ex-femme dans l’incompréhension et la douleur.

Accoudé à la barre, Damien le répète inlassablement au président du tribunal judiciaire de Niort qui le relance depuis plus de deux heures ce vendredi 19 septembre.

“Je ne sais pas d’où elle a pu sortir ça”.

Près de cinq ans après les courageuses confidences de sa fille à son AESH (Accompagnant aux enfants en situation de handicap), ce père de 32 ans demeure dans le déni face aux mots lâchés par sa petite Marie (*) dans la cour d’école maternelle à quelques heures des retrouvailles avec sa maman, hospitalisée depuis un an et deux jours au centre de rééducation fonctionnelle du Grand Feu.

“Je suis très contente de la revoir mais papa ne l’est pas car il ne pourra plus me faire des câlins sous la douche.

Je dors aussi dans son lit et des fois, il met sa main dans mes fesses, sous ma culotte”, souffle l’élève de 5 ans perturbée par des caresses sur la nénette et des bisous sur la bouche.

« J’avais une confiance aveugle en lui »

Ces gestes insupportables, elle les décrira et les mimera encore aux enquêteurs, à la psychologue et aux juges pour enfants qui l’entendront dans la continuité de l’information préoccupante transmise par la directrice de l’établissement.

“Je ne suis pas d’accord avec papa mais lui ne veut pas m’écouter”.

Le prévenu reste impassible, en boucle, puis craque un peu sans varier d’un iota sa version depuis son placement sous contrôle judiciaire en janvier 2021 pour ces faits d’agression sexuelle incestueuse.

“Pourquoi je changerais mes déclarations ?

Depuis le début, on m’accuse de choses que je n’ai pas faites. Je clame mon innocence.

Peut-être que j’ai été un papa poule, trop fusionnel, trop tendre mais jamais, je n’ai fait ce qu’elle dit.

C’est inconcevable, inhumain, irrespectueux pour moi”, martèle-t-il rappelant qu’il était seul à la maison au moment des agissements dénoncés par sa fille aujourd’hui âgée de 10 ans et qu’il ne voit plus depuis plus de quatre ans.

“Oui, je la prenais dans mes bras sous la douche et en caleçon mais parce qu’elle me le demandait. Elle pleurait parce que sa maman lui manquait, je voulais la réconforter. C’est par attention paternelle que j’ai cédé”, explique le trentenaire inversant les rôles avec la victime.

“Elle n’était pas en mesure de bien faire sa toilette, ce n’était pas des caresses mais du soin, de l’hygiène.

J’ai fait du mieux que j’ai pu. Je souffre moi aussi”, poursuit le chef de cuisine qui voit dans cette glaçante histoire une manipulation de sa belle-mère et une mauvaise interprétation de son comportement par sa fille.

“Comment peut-elle voir une sexualisation alors qu’elle n’a aucune connaissance du sujet ?”, l’interpelle la représentante du ministère public.

“Je ne sais pas” répond-il

Dans ce dossier sensible, les réponses brillent par leur absence.

Une carence qui fait souffrir tous ceux qui les cherchent, à commencer par Marie (*) et sa mère, en pleurs à l’audience.

“Notre vie est restée bloquée à ce 26 janvier 2021”, rapporte Valérie (*) qui a vu son monde d’effondrer au moment où elle allait regagner le foyer après un an de soins loin de son enfant.

“J’avais une confiance aveugle en lui, forcément je culpabilise de ne pas avoir été là.

Pour ma fille, c’est toujours très compliqué.

Elle fait des cauchemars, s’isole, pleure.

Sa relation aux autres est affectée.

C’est impossible pour elle de se faire des amis. Son rapport aux hommes est altéré.

Elle a besoin de comprendre pour avancer et aller mieux. C’est la seule chose que je lui demande, qu’il arrête de dire qu’elle ment. Il lui doit la vérité”.

Ce ne sera pas pour cette fois.

Trois ans avec sursis

Après en avoir délibéré, le tribunal correctionnel de Niort a finalement condamné Damien, au casier judiciaire vierge, à trois ans de prison avec sursis.

Il lui est interdit de rentrer en contact avec sa fille dans les trois ans.

“Tant que vous nierez, elle sera perdue”, lui a lancé le président Eric Duraffour avant de lui retirer l’exercice de son autorité parentale.

Il devra en outre s’acquitter de 5 500 € au titre du préjudice moral, 2 000 € pour son ex-compagne et 3 500 € pour sa fille.

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