Niort | Quinze ans de réclusion pour le père incestueux qui violait ses quatre filles
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 07/03/2016
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Quinze ans de réclusion.
La cour d’assises a reconnu le père incestueux coupable de viols et d’agressions avec violences sur quatre de ses filles.
Jusqu’au bout, il n’aura pas dévié d’un millimètre de sa ligne de défense.
L’homme de 54 ans qui comparaissait hier, et ce pour la deuxième journée, devant la cour d’assises des Deux-Sèvres pour répondre de viols sur trois de ses filles et d’agression avec violence sur une quatrième, a continué à nier une quelconque responsabilité dans trois de ces quatre actes.
Se bornant à seulement reconnaître celui commis sur une de ses jumelles alors âgée de 11 ans qui en était tombée enceinte (NR de vendredi).
“ Elles veulent me faire payer un manque d’affection ”
Aux questions de la présidente Claire Quintallet l’interrogeant sur l’agression de sa deuxième fille, il répond avec beaucoup d’aplomb.
– Est-ce que pour vous ça n’était qu’un jeu, que les enfants percevaient autrement ?
– « C’est fort possible. Et si c’est le cas j’en suis désolé. Mais avoir touché ma fille, non. »
– Votre réponse veut dire que votre fille ment ?
– « Oui, elle ment ! »
– Que vous dites-vous quand nous évoquons tous les rapports médicaux ?
– « Je redis que je n’ai rien fait ! »
“ Aujourd’hui, on vous tend la perche ”
Représentées par Mes Moison, Kerjean, Pallard et Riposseau, les parties civiles le mettront également face à ses contradictions. Les réponses sont toujours les mêmes :
« Mes filles veulent me faire payer leur manque d’affection ».
Dans une ultime intervention, Me Marie-Noëlle Moison s’adressera directement à l’accusé :
« Vous vous enfermez dans une négation totale. Aujourd’hui, on vous tend la perche. Vous n’avez pas envie de vous en servir ? ».
Elle n’obtient aucune réponse. Un silence de plomb s’installe dans la salle.
Dans leurs interventions, les avocats des parties civiles ont tour à tour souligné que « par son attitude lors de son procès, il [l’accusé] inflige une double peine à ses victimes ».
Ce que Me Benoît Pallard, représentant les jumelles, résumera en ces termes à l’adresse de la cour :
« Ayez l’image de deux petites filles au moment des faits. Sans la grossesse, ce procès n’aurait pas eu lieu. Et même s’il avait eu lieu, il aurait tout nié. Je vous invite à redonner de la valeur à la parole des victimes ».
Quinze ans requis
Au nom de la société, l’avocat général Laurence Lepez a abondé dans le même sens :
« Il ne reconnaît que le fait pour lequel il n’a pas le choix, en raison d’une preuve scientifique. Mais vous avez beaucoup d’indices dans ce dossier qui vous permettent de croire les déclarations des victimes qui sont crédibles ». « Clamer son innocence est un droit. Encore faut-il que ce soit cohérent. Mais l’aveu est aussi une chose importante. C’est une marque de respect », a-t-elle conclu en requérant quinze années de réclusion criminelle.
Pour la défense, assurée par Mes Emilie Hay et Patricia Coutand, la tâche s’annonçait ardue, à l’issue d’une journée et demie de débats que Me Coutand a estimés « n’être pas équilibrés car n’ont défilé à la barre que des témoins à charge ». Faute d’en avoir à décharge en rapport avec cette affaire a-t-elle cependant reconnu.
“ Il mérite un peu de compassion ”
Emilie Hay est revenue sur les faits reprochés à l’accusé, démontrant les failles du dossier.
« Je suis désolé, mais vous ne connaîtrez pas la vérité ici », a-t-elle expliqué, s’adressant directement aux jurés.
Poursuivant : « De toute façon, quoiqu’il dise, quoiqu’il fasse, on trouvera qu’il n’a pas eu la bonne réaction ».
Sur un plan plus technique, la première des deux avocates à plaider a relevé que « d’un point de vue scientifique, on ne peut affirmer que certains actes qui lui sont reprochés ont bien été commis ». Plaidant finalement l’acquittement pour les trois faits autres que le viol ayant abouti à la grossesse.
Sa consœur Patricia Coutand s’est longuement arrêtée sur la personnalité et les années d’enfance de l’accusé. « Je ne suis pas d’accord avec le fait de dire qu’il ne mérite pas de compassion. Ce qu’il a vécu fait qu’on doit lui en donner un peu. »
Demandant aux jurés de « minorer d’un tiers » la peine requise par l’avocat général.
Avant que la cour ne se retire pour délibérer, le dernier mot revient à l’accusé : « Je demande pardon à ceux à qui j’ai pu faire mal ». Sans doute pensait-il aux violences, pas au reste.
La cour n’a pas été sensible à ces arguments. Après un peu plus de trois heures de délibérations, elle a condamné le père incestueux à quinze années de réclusion, suivant à la lettre les réquisitions de l’avocat général. Il y aura également un suivi socio-judiciaire de sept ans après sa libération.
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