Darnétal | Pas de prison pour l’ex-animateur radio pédophile !
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 16/11/2021
- 13:30
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Actualisation du 16 Novembre 2021:
Le 2 septembre 2021, le tribunal correctionnel de Rouen condamne cet homme de 47 ans à cinq ans de suivi socio-judiciaire.
L’ex animateur de Radio France Normandie Rouen entre 1995 et 2008 est reconnu coupable d’agression sexuelle sur le fils d’une collègue et amie.
Les faits remontent à la fin des années 90.
Ils auraient duré plus deux ans, entre 1995 et 1997.
A l’époque, le jeune animateur de 21 ans garde régulièrement l’enfant au domicile de sa mère.
Jointe récemment au téléphone, elle déclare:
“J’avais entièrement confiance en lui”
Ce n’est qu’en 2011 que l’enfant devenu un homme révèle tout à sa mère.
Il faudra encore cinq ans pour qu’il ose porter plainte pour des actes de masturbation et des fellations imposés par l’ami de sa mère.
A l’audience, en septembre, le prévenu n’a reconnu qu’un seul fait d’agression sexuelle et plaidé l’immaturité affective et sexuelle.
Le Parquet a fait appel.
Il sera donc rejugé dans quelques mois.
D’ici là, les charges retenues contre lui pourraient bien s’alourdir.
Une autre plainte vient d’être déposée par un homme de 40 ans qui vit aujourd’hui en Suisse.
En 2017 déjà, porté par le mouvement #balancetonporc, il dénonce l’homme sur Twitter comme étant son agresseur quand il avait 12 ans.
Mais la police, qui enquête alors sur la plainte de 2016, ne parvient pas à l’identifier.
Fin septembre, le quadragénaire se décide finalement à porter plainte, lui aussi, pour viols et agressions sexuelles, avec l’aide de son avocate Laura Kalfon.
Juste avant, il s’est confié à France Bleu Normandie.
Son témoignage est glaçant.
Il avait alors 12 ans, il était élève au collège privé catholique Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle à Rouen où son agresseur présumé était surveillant et donnait des cours de soutien scolaire aux élèves.
Il raconte:
“C’était un mercredi la première fois”
“il m’a ouvert le pantalon, glissé la main dedans, il m’a caressé puis masturbé et ensuite il m’a emmené dans des toilettes à l’écart pour me faire une fellation”
La deuxième fois, le cours a lieu au domicile des parents de l’enfant.
Il se souvient que le jeune homme de 18 ans lui a montré un film pornographique et lui a demandé une fellation.
A cette époque, le petit garçon n’en parle à personne, pas même à ses parents, “parce que l’un de ses arguments de l’époque, c’était qu’il faisait ça avec d’autres” explique le plaignant.
“Il faut que la honte soit de l’autre côté”
C’est bien plus tard qu’il se décide à en parler à ses proches, mais il ne porte plainte qu’en septembre dernier, trois semaines après la condamnation de cet homme à une peine qu’il juge dérisoire.
La victime n’est pas présente au procès et surtout le prévenu assure qu’il s’agissait d’un unique dérapage.
Il ne le supporte pas au regard de ce qu’il affirme avoir vécu:
“Je me suis reconnu tout à fait dans l’histoire et je me suis dit c’est pas possible il faut que je porte plainte, il faut que la honte soit de l’autre côté”
C’est aussi pour cette raison qu’il accepte de témoigner aujourd’hui, après des années de silence et de solitude.
Une vie brisée par ce qu’il affirme avoir vécu:
“J’ai jamais fait confiance aux gens, toute ma vie. Je suis resté dans ma prison”
D’autres plaintes pourraient suivre.
Le Parquet et les enquêteurs de la brigade des mineurs restent discrets mais prennent l’affaire très au sérieux, selon nos informations.
L’enquête se concentre aujourd’hui sur la recherche d’éventuelles autres victimes au sein de l’établissement privé.
Depuis 2018, la loi a rallongé les délais de prescription en matière d’abus sexuels sur mineurs.
Les victimes de viol peuvent désormais porter plainte jusqu’à 30 ans après leur majorité, soit jusqu’à l’âge de 48 ans.
Le mis en cause, lui, conteste formellement les accusations portées contre lui.
Il affirme même qu’il n’a jamais travaillé au sein de l’établissement concerné.
A ce stade, il n’a d’ailleurs pas encore été entendu dans le cadre de l’enquête qui pourrait durer plusieurs mois.
Article du 4 Septembre 2021:
Jeudi 2 septembre 2021, un homme comparaissait devant le tribunal de Rouen (Seine-Maritime), poursuivi pour avoir, entre 1996 et 1997, imposé des attouchements et des fellations à l’enfant d’une de ses collègues à son domicile, et lors de sorties à des expositions de voitures.
L’affaire débute le 28 avril 2016, lorsqu’un homme de 29 ans dépose plainte à Nice (Alpes-Maritimes) contre un collègue de sa mère. Il explique avoir été victime d’agressions sexuelles par cet homme, un ancien animateur radio, en Normandie entre 1996 et 1997, à Darnétal.
Il précise que cela a cessé avec la mutation de sa mère. L’homme décrit son agresseur comme « un homme gentil » :
« J’étais passionné de voitures, il m’a alors proposé de m’emmener sur des expositions où il se rendait pour travailler ».
La victime poursuit son récit :
« J’ai des flashs, je le vois me toucher le sexe dès notre première sortie, puis, à chaque sortie, il me masturbait dans sa voiture ».
Le jeune homme explique que son agresseur est allé plus loin dans ses gestes avec le temps :
« Il s’est mis à me masturber et à me faire des fellations ».
Il indique aux policiers qu’il savait que les gestes que l’homme commettait étaient mauvais, expliquant son silence par son sentiment de honte et de culpabilité. Il ajoute qu’un an plus tard, son agresseur venait régulièrement chez lui :
« Il s’arrangeait pour monter dans ma chambre, il interdisait à ma sœur de nous déranger, il me montrait des magazines pornographiques puis me masturbait le sexe », avant de lui imposer des fellations.
Il ajoute :
« Il prenait du plaisir à me faire ça ».
Le jeune homme raconte ensuite que sa construction identitaire a été compliquée, il explique avoir sombré peu à peu dans un parcours d’errance et de souffrance. Il explique aux enquêteurs avoir retrouvé son agresseur sur Facebook bien des années plus tard. Il souhaitait « lui faire payer » les actes qu’il lui avait fait subir, en lui envoyant des liens de sites parlant de pédophilie :
« Je ne faisais que de penser à cela, il ne m’a jamais répondu ».
Le jeune homme finit par tout avouer à sa mère au cours d’une dispute. Entendue, cette dernière confirme les déclarations de son fils :
« J’ai envoyé un mail en indiquant que je savais tout ».
Elle explique que l’agresseur de son fils lui a adressé un mail en retour dans lequel il reconnaissait :
« Avoir fait du mal à son fils et avoir conscience qu’il doit être puni pour ce qu’il a fait ».
En garde à vue, les enquêteurs découvrent que l’ex-animateur radio a été inquiété à plusieurs reprises depuis 2006 dans des affaires d’infractions sexuelles sur mineur. En effet, l’homme a été placé en garde à vue pour avoir eu un rapport sexuel avec un mineur de 17 ans.
Cependant, aucune de ces procédures n’a donné lieu à une condamnation.
Ils découvrent également que l’homme a été mis en cause publiquement sur Twitter en 2017 au hashtag « #Balancetonporc ».
Un internaute l’accusait de :
« L’avoir violé à l’âge de 12 ans, alors qu’il était surveillant de collège » avant d’ajouter « que sa place est en prison ».
Malgré de nombreuses investigations, les enquêteurs ne sont pas parvenus à identifier l’auteur de ce tweet.
Interrogé sur les faits pour lesquels il comparaissait jeudi 2 septembre, le mis en cause a reconnu avoir « mis la main dans le pantalon » de l’enfant âgé de 8 ans à l’époque, « afin de lui provoquer une érection », avant ensuite de le masturber.
Il conteste avoir pratiqué des fellations sur le mineur, et précise qu’il s’agit d’un fait unique. Il explique qu’à l’époque il était âgé d’une vingtaine d’années et qu’il souffrait d’une immaturité affective et sexuelle : « Je n’assumais pas mon attirance pour les hommes ».
L’expertise psychiatrique conclut à des troubles de la personnalité entraînant une altération de son discernement, et recommande une injonction de soins.
À l’audience, le prévenu, devenu depuis conseiller en assurance, évolue sur ses déclarations. S’il reconnaît toujours un seul acte d’agression sexuelle sur le mineur, ce dernier admet cette fois lui avoir pratiqué une fellation :
« J’ai mis ma main dans son pantalon, je l’ai masturbé ; quand j’ai réalisé mon geste, j’ai tout de suite arrêté ; c’est une agression, j’en assume la responsabilité ».
L’homme assure suivre de manière assidue des soins psychiatriques lui ayant permis de comprendre « la transgression de l’interdit et les causes de son passage à l’acte ».
Le tribunal s’interroge :
« Comment expliquez-vous avoir été mis en cause à plusieurs reprises pour des infractions sexuelles sur mineurs ? »
L’ancien animateur radio explique n’avoir jamais été condamné pour ce type de faits et affirme ne pas être attiré sexuellement par des mineurs.
Le ministère public regrette l’absence de la victime à l’audience.
Il rappelle qu’au vu de l’âge du mineur :
« Il n’a aucune raison de mentir ».
Il estime que les faits sont parfaitement caractérisés face aux déclarations « précises et circonstanciées » de la victime, et s’emporte face aux explications « minimalistes » du prévenu :
« Il dit qu’il ne se souvient pas, je ne le crois pas ! »
Il tient à rappeler à la juridiction le préjudice important subi par la victime :
« Il a eu ce poids de la culpabilité et du silence, ce sentiment de honte pendant des années… »
Il estime qu’une peine « sévère et ferme » s’impose, afin de rappeler « qu’on ne touche pas un enfant de huit ans ».
Il requiert une peine de trois ans d’emprisonnement ferme avec mandat de dépôt à effet différé, ainsi qu’un suivi socio-judiciaire pendant quatre ans, avec injonction de soins et interdiction d’entrer en contact avec des mineurs. Il demande également que le prévenu soit inscrit au fichier des délinquants sexuels et violents.
Le conseil du prévenu regrette de son côté « les carences et le manque d’investigations dans ce dossier ».
Si son client reconnaît un acte délictuel, il estime que les éléments présents dans le dossier ne permettent pas de prouver que son client a commis des actes sur une période de trois années.
Avec toute sa conviction, l’avocate du prévenu tente de démontrer que certaines agressions sexuelles n’ont jamais eu lieu :
« Dans le relevé de piges, il n’y a aucune sortie pour voir des voitures ».
Elle poursuit :
« Mon client a fait son service militaire en 1997, il ne pouvait pas agresser la victime en même temps ! »
Elle tient à faire part de la prise de conscience de son client, des soins entrepris depuis son interpellation et rappelle son absence d’antécédent judiciaire :
« Il est père de famille, inséré socialement et professionnellement ».
Elle sollicite une peine alternative à l’incarcération.
Le tribunal déclare le prévenu coupable des faits qui lui sont reprochés et le condamne à un suivi socio-judiciaire** pendant une durée de cinq ans avec injonction de soins psychiatriques et ordonne son inscription au fichier des délinquants sexuels (FIJAISV). *
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