Crayssac | Un beau-père comparait devant le tribunal pour agression sexuelle incestueuse

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“Elle raconte aussi une scène de violence dans la douche où vous auriez tenté de l’étrangler”
photo de la façade d'un palais de justice
Un beau-père comparaissait pour agression sexuelle incestueuse devant le tribunal de Cahors Un père de deux enfants est accusé par sa belle-fille d’agression sexuelle incestueuse en 2014 à Crayssac. Il s’est présenté devant le tribunal correctionnel de Cahors jeudi.

C’est un homme bien seul qui est apparu à la barre du tribunal de Cahors.

Son ex-femme, ses deux enfants et sa belle-fille Marion*, qui l’accuse d’agression sexuelle incestueuse, n’étaient pas présents pour suivre son procès.

Enfoncé dans son manteau, le visage rouge et fatigué, M. B semble acculé par les questions du président.

Ce dernier revient sur l’histoire de la famille et les faits.

Arrivant d’Espagne, la famille s’est installée à Crayssac en juillet 2014.

Il trouve du travail en tant que cuisinier d’abord au Vinois à Caillac puis au Bordeaux à Cahors.

Fin 2016, le couple se sépare, son ex-femme part s’installer avec ses trois enfants en Bretagne.

Aux vacances de la Toussaint 2017, il monte leur rendre visite.

Âgée de 16 ans, sa belle-fille, Marion appelle le 119,le 24 novembre 2017 en expliquant avoir subi une agression sexuelle pour des faits remontant à l’époque où elle vivait à Crayssac.

Elle réitère son récit devant l’infirmière de son lycée.

Menaces et coups de poing

Le président questionne:

“Elle dit que vous étiez alcoolisé, que vous rentriez du Bordeaux, du travail et que vous montiez dans sa chambre. Elle parle d’attouchements sexuels, elle raconte aussi une scène de violence dans la douche où vous auriez tenté de l’étrangler lors de votre visite en Bretagne. Elle décrit des coups de poing dans le ventre pour qu’elle ne crie pas, des menaces, des intimidations lorsque vous étiez dans son lit. Comment l’expliquez-vous ?”

Mais M. B reste laconique :

“Je ne sais pas”

Face au silence du prévenu, le président poursuit avec la lecture de l’audition d’un témoin : la petite amie de la victime à l’époque.

Elle raconte:

“Marion m’a raconté que son beau-père venait dans sa chambre, le soir, alcoolisé. Je l’ai rencontré chez elle après les cours. Il était assis sur le canapé, quand elle s’est penchée pour lui faire la bise, il lui a touché un sein J’ai eu peur qu’il me fasse la même chose, je n’étais pas à l’aise avec lui. J’ai trouvé ça choquant “

Le président relance l’accusé :

“Pourquoi raconterait-elle ça ?”

Le prévenu répond presque inaudible:

“Je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas touché Marion”

Des incertitudes

L’avocat de Marion prend le relais.

Il décrit une victime brisée, encore effrayée à l’idée de voir son beau-père.

Il rappelle les difficultés de juger une telle affaire lorsque ce sont deux versions qui s’affrontent sans preuve:

“Il n’empêche ! La parole de Marion est crédible : elle a toujours été constante dans ses déclarations, elle dénonce les faits à 16 ans, des faits qu’elle avait déjà raconté à une ancienne petite amie. Les conséquences psychologiques sont désastreuses : une enfant détruite avec une scolarité malmenée; une sexualité perturbée puisque le rapport médico-psychologique explique que les agressions l’auraient conduite vers l’homosexualité”

Le procureur ajoute que Marion n’a jamais essayé de grossir le trait, de rajouter des éléments ou d’enfoncer encore plus son beau-père:

“Nous n’avons pas de photos, de vidéos ou de témoins directs, mais les incohérences de M. B entendu plusieurs fois. La conviction du parquet est simple : il est coupable des faits reprochés.”

Il demande 18 mois d’emprisonnement dont 12 mois de sursis probatoire avec obligation de soin.

Mais l’avocat de la défense fulmine usant à souhait des répétitions !

Et dénonce une enquête bâclée:

“Et quelle enquête ! Cette enfant a été entendue une seule fois, une seule fois ! Il n’y a jamais eu de confrontation, alors que le prévenu dit depuis le début qu’il n’a absolument rien fait ! La parole de l’enfant est d’or, ça signifie toujours quelque chose, un mal-être, mais doit-on fermer les yeux ? On ne va pas la réentendre, c’est suffisant ? Ça me semble d’un point de vue judiciaire hallucinant ! Il y a des espaces que le ministère public n’a pas comblés, il reste trop d’incertitudes”

Le délibéré est attendu le 10 mars 2022.

* nom d’emprunt

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