Courbevoie | Un animateur accusé de 2 viols et 13 agressions sexuelles sur des garçons

Procès d’un homme accusé de viols et agressions sexuelles sur enfants:

“Pour lui, c’était un jeu”

Publié le 9/10/2018

Le procès d’un homme de 29 ans, accusé de 2 viols et de 13 agressions sexuelles sur des enfants, s’est ouvert vendredi la cour d’assises de Nanterre. RMC a suivi cette journée d’audience et rencontré la mère d’une victime.

Il est accusé de 2 viols et de 13 agressions sexuelles sur des enfants. Le procès d’un animateur scolaire a débuté vendredi devant la cour d’assises de Nanterre. La cour a commencé à brosser le portrait de l’accusé, qui a reconnu une partie des faits au cours de l’instruction.

Aujourd’hui âgé de 29 ans, il est poursuivi pour des attouchements sur 15 garçons et pour des viols sur deux d’entre eux, au cours de babysittings et à l’école, entre 2011 et 2015. Il comparaît aussi pour corruption de mineur et détention d’images à caractère pédopornographique.

RMC a suivi la première journée d’audience. Derrière la vitre du boxe Edouard, engoncé dans une chemise à carreaux bleu clair a voulu dire qu’il avait changé. Il suit une thérapie en prison.

“J’ai demandé de l’aide pour ne pas recommencer”,

souffle-t-il d’une voix faible. Sa mère adoptive venu témoigner à la barre va dans son sens.

“Il a grandi en prison, il comprend le mal qu’il a fait. Mais avant pour lui c’était un jeu, explique-t-elle. Son âge ne compte pas”.

Elle parle de l’intelligence très limitée de son fils et de ses “comportements enfantins”.

La question est de savoir si entre 2011 et 2015, l’animateur avait conscience de la gravité de ses actes. A deux reprises, l’accusé avait été rappelé à l’ordre par son employeur après des plaintes de parents d’élèves. Mais il avait a continué à agresser sexuellement des petits garçons âgés de 6 à 8 ans.

Certains parents sont dans la salle.

“Vous ne vous êtes jamais dit que vous étiez dangereux”,

l’interroge une avocate des parties civiles. L’accusé hésite puis acquiesce.

“Si, mais l’animation ça me plaisait, explique-t-il. J’avais trouvé ma voie.”

“On ne peut pas faire abstraction de l’histoire d’un individu, et d’une histoire aussi complexe et douloureuse que la sienne, donc à l’évidence, il y a un lien très fort entre son parcours personnel et les faits qui lui sont reprochés”,

a déclaré son avocat Me Sammy Jeanbart.

“Il m’a touché le sexe”

Une quarantaine de témoins et parties civiles doivent être entendus, dont le maire de Courbevoie, avant le verdict attendu le 14 septembre.

Parmi les parties civiles, il y a Marie, maman d’une victime. Elle est à l’origine de la plainte qui a lancé l’enquête. Son fils avait 7 ans à l’époque lorsqu’il a dénoncé les faits.

“Il m’a demandé comment il pouvait enlever des choses mauvaises dans ma tête, raconte-t-elle sur RMC. J’ai cru naïvement à un cauchemar d’enfant. Puis il m’a dit que c’était avec un animateur. En creusant il m’a raconté: ‘ça a commencé par un bisou, puis après il m’a touché le sexe’. Ça nous a travaillé avec mon mari pendant 24 heures. On a d’abord voulu retirer noter enfant de l’école. Puis on a appelé la brigade des mineurs de Paris qui nous ont dit qu’il fallait aller tout dire à la police”.

Source : RMC

Actualisation du 11/09/2018

Jugé aux assises depuis vendredi, Edouard de B. a reconnu avoir agressé une dizaine d’enfants dans les écoles de Courbevoie où il travaillait comme animateur…

  • Edouard de B. est jugé pour viols et agressions sexuelles sur mineurs.
  • Sa hiérarchie l’a laissé en poste malgré deux signalements d’enfants.
  • Il a finalement été arrêté en 2015 après avoir sévi dans trois écoles.
  • Il encourt une peine de 20 ans de réclusion criminelle.

La présidente de la cour d’assises des Hauts-de-Seine a tenu une petite demi-heure. Et puis, elle est sortie de ses gonds. « Madame, chaque citoyen a l’obligation de dénoncer des soupçons de viols sur mineurs. Tous les citoyens. Tous ! Alors, cessez de vous cacher ! Stop ! » La main d’Ingrid F. s’est crispée sur son sac à main. Les larmes sont naturellement montées jusqu’aux yeux empêchant la jeune femme de balbutier autre chose qu’un « Oui, je comprends… »

Conseillère à la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) des Hauts-de-Seine, ce témoin est venu, lundi matin, tenter d’expliquer, à la barre, pourquoi elle n’avait pas saisi la police ou la justice après avoir reçu, en 2013, un double signalement d’agressions sexuelles sur mineurs commises par Edouard de B., un animateur périscolaire de Courbevoie, jugé depuis vendredi.

« Ça peut paraître curieux mais, à l’époque, c’était lui qui était considéré comme victime… », lâche-t-elle.

« Curieux » n’est sans doute pas le mot adéquat. A droite de la témoin, dans le box de la cour d’assises, Edouard de B. est jugé pour avoir violé deux enfants et agressé sexuellement treize autres dans trois écoles différentes entre 2012 et 2015. S’il nie les viols, il a reconnu avoir caressé les bambins.

L’accusé réintégré avant même la réception du rapport le concernant

A l’autre bout du prétoire, les parents des petites victimes font corps, en rangs serrés, pour ne pas hurler leur colère.

« C’est insupportable et incompréhensible, témoigne Stéphanie*, la mère d’un garçon de 6 ans, lors d’une suspension d’audience. Quand un enfant dit qu’on lui a touché le zizi, il faut saisir la justice ! Mon fils a subi des attouchements en 2015. Si ces gens qui défilent avaient bougé auparavant quand ils ont été informés, il n’aurait jamais croisé son agresseur ! »

Car Ingrid F. n’est pas la seule témoin à passer un sale moment devant la cour d’assises. Il fait grand beau en ce lundi matin. Mais tous sortent le parapluie avant de s’avancer à la barre.

Ancien directeur du VAL, la structure municipale qui embauchait les animateurs, Daniel P. met ainsi sa bonhomie au service de la défense.

« Au deuxième signalement en 2013, nous avons suspendu Edouard de B. pendant quatre mois dans l’attente de l’enquête de la DDCS, assure-t-il très calmement. Quand la DDCS nous a dit qu’il n’y avait pas de problème, on l’a réintégré dans une autre école. On a même regretté de l’avoir suspendu… »

« C’est faux, rétorque Marie Grimaud, avocate de plusieurs parties civiles. Edouard de B. a été réintégré le 4 janvier 2014 après avoir reçu un courrier signé de votre main le 20 décembre 2013. Or, le rapport de la DDCS est arrivé… le 31 janvier. »

Une procédure pour « non-dénonciation » toujours ouverte

En fait, les dates ne sont pas le seul problème des témoins. Passés sur le gril tour à tour, ils se montrent incapables de répondre aux questions élémentaires de la présidente. Pourquoi n’ont-ils pas interrogé les enfants ? Saisi le procureur ? Sur la base de quelles compétences, ont-ils décidé de juger eux-mêmes de la dangerosité de l’accusé ?

« Oui, avec le recul, on se dit qu’on aurait dû faire autrement, finit par lâcher un ancien collègue animateur d’Edouard de B. Mais, c’est facile de se dire ça aujourd’hui. Ça l’était beaucoup moins à l’époque. » Tout comme c’était difficile pour un petit garçon de Courbevoie de demander à ses parents, un soir de 2015, comment « enlever quelque chose de pas bien dans [sa] tête », avant de raconter ce qu’il avait subi, permettant quelques semaines plus tard, l’arrestation d’Edouard de B.

Impassible dans son box ce lundi, ce jeune homme de 29 ans encourt une peine de vingt ans de réclusion criminelle.

Le verdict est attendu vendredi soir.

Quant aux témoins, ils pourraient faire l’objet d’éventuelles poursuites de la part du parquet, dans le cadre d’une procédure ouverte, fin 2017, pour « non-dénonciation de crime sexuel ».

* Le prénom a été changé.

Source : 20 Minutes – Par Vincent Vantighem

Actualisation du 13/09/18 :

La hiérarchie de l’homme de 29 ans, jugé pour agressions sexuelles et viols sur des enfants, a défilé lundi à la barre. En creux : la question d’un possible dysfonctionnement. 

Au deuxième jour du procès d’un animateur périscolaire, jugé pour agressions sexuelles et viols sur des enfants, la hiérarchie de l’accusé a défilé à la barre, avec, en creux, la question en suspens d’un dysfonctionnement et d’une absence de dénonciation à la justice.

L’animateur de 29 ans comparaît aux assises de Nanterre jusqu’à vendredi pour des agressions sexuelles sur 13 garçons et des viols sur deux autres, lors de babysittings et dans 3 écoles de Courbevoie, où il travaillait sur le temps périscolaire.

L’homme avait été écroué en 2015 et, depuis, il est apparu que des signalements avaient été réalisés auprès de sa hiérarchie sans que la justice n’en ait été informée. Sur ce volet, une enquête contre X pour non-dénonciation d’agression sexuelle sur mineur, ouverte à l’automne 2017, n’est pas encore bouclée.

Et au premier jour du procès, la présidente de la cour d’assises, Magali Tabareau, avait prévenu:

“Nous sommes là pour juger (l’accusé) et personne d’autre”.

Un premier signalement dès 2012. Mais lundi, ces questions ont été abordées en creux au fil des témoignages de collègues, responsables de centre de loisirs et fonctionnaires.

À la barre, un coordinateur a fait état du premier signalement: en 2012, un enfant se plaint d’attouchements sur ses parties intimes. Convoqué à un entretien, l’animateur parle d’un geste involontaire et se défend d’être “pédophile”. Il fait l’objet d’un avertissement.

En 2013, nouvelle plainte: le Val, structure communale qui emploie l’animateur, le suspend et alerte les services du département pour solliciter une “expertise”, a rapporté à l’audience le directeur de l’organisme.

“Jamais eu le sentiment qu’il était dangereux”. À la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS), “jamais” il “n’y a eu le sentiment qu’il était dangereux, sinon il aurait eu une mesure d’interdiction”, a assuré à son tour une agente départementale.

Une commission rend alors un avis concluant à un “problème de positionnement professionnel” de l’animateur, lié notamment au fait qu’il est travailleur handicapé, et il est autorisé à reprendre le travail avec un “suivi pédagogique” de 6 mois.

“Pour quelle raison le procureur n’a pas été avisé ?”, a demandé à plusieurs reprises la présidente, parlant d’un “système “opaque”.

“Tout citoyen, tous, nous avons l’obligation” de “dénoncer les faits qui concernent des mineurs de moins de 15 ans”, a-t-elle rappelé.

Le verdict est attendu vendredi (14/09). Tout en disant “comprendre la colère des parents”, la nouvelle responsable légale du Val, Sandrine Locqueneux, a défendu la structure:

“Aujourd’hui, en ayant connaissance des éléments de l’accusation, de la reconnaissance des certains faits, évidemment, cela peut poser question.

Mais en 2012 et 2013, le Val a fait le nécessaire en matière de signalement”.

Source : Europe 1

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