Clermont-Ferrand | Prison avec sursis pour acte de barbarie et agressions sexuelles sur sa belle-fille

Des coups de marteau, de bâton, j’ai perdu un petit doigt. Ma mère m’a mis un coup de couteau…

« On a l’impression d’être dans Les Misérables. C’était Cosette. » Parce qu’à la maison, les coups pleuvent souvent sur la jeune fille. Le beau-père a éte condamné par le tribunal de Clermont. photo d’illustration f. campagnoni © Francis CAMPAGNONI

Un beau-père a été condamné à deux ans de prison avec sursis pour des violences et des agressions sexuelles sur sa belle-fille, âgée de 11 ans au moment des faits.

Ils sont venus ensemble par le bus d’un coin reculé du Livradois. Mais ils n’étaient pas assis l’un à côté de l’autre. Dans la salle d’audience, c’est pareil. D’un côté, le prévenu et sa compagne, mère de la victime. De l’autre, la victime, 17 ans aujourd’hui, et son petit ami.

« J’ai toujours été brutal, mais c’est tout »

La jeune fille avait 11 ans à l’époque des faits. Pour une affaire dont le président Philippe Juillard évoque le contexte sordide :

« On a l’impression d’être dans Les Misérables. C’était Cosette. »

Parce qu’à la maison, les coups pleuvent souvent sur la jeune fille. Coups de pied, étranglements, insultes… Chaque jour, elle doit s’affairer aux tâches ménagères :

« Il fallait que je fasse le ménage tout le temps. »

Elle devait s’occuper également de son jeune demi-frère, âgé d’un an :

 « Je n’allais pas à l’école, je m’occupais de mon frère. C’est pendant sa sieste que ça arrivait. »

Outre les violences, le prévenu est aussi poursuivi pour des attouchements sur sa belle-fille. Il reconnaît les coups, mais pas le reste :

 « Je sais que c’est honteux de l’avoir frappée et insultée de tous les noms. J’ai toujours été brutal, mais c’est tout. »

Très tôt, la victime se maquille « pour masquer les marques ».

« Pourquoi cette violence ? », tente de comprendre le tribunal.

« Parce qu’elle n’obéissait pas… »

« Je ne savais pas que les Thénardier existaient encore au XXIe siècle », constate l’avocat de la partie civile.

Durant ces épisodes, la mère ne réagissait pas, « restant devant la télé ». Le président l’appelle à la barre pour s’expliquer :

« Vous n’êtes pas neutre du tout dans cette histoire et vous auriez pu être poursuivie. »

Aujourd’hui encore, elle ne semble pas croire sa fille, qu’elle appelle « mademoiselle » :

« Je suis prise entre les deux. Elle le provoquait tout le temps, elle montait le ton, lui aussi. Ça faisait que ça, c’était l’enfer. »

 

Le couple a eu trois enfants, tous placés après des constatations de malnutrition et de manque d’hygiène.

Le prévenu aurait également fait des propositions sexuelles à sa belle-sœur. Tandis que la grand-mère a été témoin de certains agissements sur sa petite-fille.

« Alors, vous croyez qui ?, poursuit le président Juillard. Votre mère, votre sœur et votre fille disent la même chose. »

La mère de la victime bafouille, se cramponnant à la barre. Mais ne cède pas sur sa position :

« Je suis perdue… »

Le magistrat la bouscule :

« C’est trop facile d’être perdue ! Il faut choisir, c’est aujourd’hui ou jamais. »

Elle s’énerve et tente de se justifier :

« Il ne dort plus avec moi, je l’héberge, car il n’a pas de travail, mais on est séparé… »

Le tribunal n’obtiendra rien de plus de la mère.

 

« Pour moi, des attouchements, ce sont des câlins »

Retour sur le prévenu. Pressé de questions, il cède un peu de terrain :

« Pour moi, des attouchements, ce sont des câlins qu’on fait à quelqu’un… »

Mais il réfute toujours les agressions sexuelles. Le président insiste. « Alors, ça s’est passé ? » Hagard, le beau-père baisse la tête et glisse d’une petite voix :

« Oui, je l’ai caressée. J’ai honte, je vis plus. »

À deux mètres de là, le visage de la victime laisse apparaître des signes de soulagement :

« J’avais juste besoin qu’il l’avoue… »

Faute avouée, mais toujours pas expliquée. En défense, on plaide une enfance difficile :

 « J’ai reçu des coups à 7 ans. Tous les jours, c’était de la barbarie, surtout par mon frère. Des coups de marteau, de bâton. J’ai perdu un petit doigt. Il fallait aller chercher du bois tous les jours, ma mère était très dure, elle m’a mis un coup de couteau… »

Le tribunal l’a condamné à deux ans de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans, avec obligation de travailler, de se soigner, d’indemniser la victime et interdiction d’entrer en contact avec elle.

Une fois l’audience terminée, les deux parties ont tout de même dû repartir par le même autocar. Sans doute à quelques sièges de distance…

Source : lamontagne

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