La Ciotat | Un pompier instructeur condamné à un an de sursis pour agressions sexuelles

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Il a aussi touché son sexe trois fois
Dominique S. , instructeur à l’école de pompiers de la Ciotat, condamné à 1 an de prison avec sursis pour 4 agressions sexuelles sur un garçon, une recrue adolescente, dès ses 17 ans.

Le parquet avait requis sa relaxe, mais l’instructeur, suspendu depuis février, a été reconnu coupable.

Il est aussi inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais) et devra verser 2000 euros de dommages et intérêt à Léo*, la victime qui avait porté plainte contre lui le 16.02.24

Ce jour-là, il avait raconté aux policiers avoir été victime d’agressions sexuelles quatre fois entre 2021 et 2022 de la part de son instructeur dès ses 17 ans.

Il a dormi quatre fois chez Dominique S., sur la proposition -insistante parfois- de ce dernier, partageant son lit dans un appartement qui n’en comptait pas d’autre.

Il l’a poussé à dormir nu ainsi que lui-même en avait l’habitude, se serait collé à lui durant la nuit.

Il a aussi touché son sexe trois fois : une fois pour toucher des points de suture dus à une opération chirurgicale du frein, une autre pendant une séance de “chatouilles” et une dernière en pleine nuit, mais sans exercer de geste masturbatoire ou manifester d’excitation.

L’enquête avait relevé qu’avant la plainte, Dominique S. faisait office de “substitut parental et au moins d’adulte référent” à Léo, dont la situation familiale était complexe.

Interrogés, plusieurs dizaines jeunes sapeurs-pompiers avaient soutenu l’instructeur, niant tout comportement incorrect.

Un ado de 15 ans, toutefois, avait été invité lui aussi à dormir chez Dominique S. ; il avait décliné.

La hiérarchie des services de secours, qui avait signalé les allégations au procureur de la République de Marseille, avait brossé le portrait d’un pompier en fin de carrière, investi mais instable, ayant souffert d’addictions à l’alcool et aux stupéfiants plus jeune, mais surtout très isolé affectivement et familialement.

Devant ses juges, Dominique S. a répété plusieurs fois, assurant ne pas l’avoir touché, à l’exception du contrôle de la cicatrice sur la verge pour s’assurer que la circulation sanguine n’était pas altérée.

“On avait un lien particulier, il avait dit que j’étais un papa pour lui, je lui ai dit qu’on n’avait qu’un seul père mais que je pouvais être un frère. Il avait eu une enfance un peu comme la mienne, les pompiers m’ont sauvé, j’avais envie de l’aider”

Arguant que ses invitations à dormir n’avaient pour seul but que de lui éviter des trajets et que chez les pompiers, la nudité n’était pas taboue.

“Depuis 4 mois, je ne comprends pas. S’il a été gêné, pourquoi ne m’a-t-il pas parlé ? Pourquoi il a fallu 3 ans ?”

“J’avais besoin de parler, et aussi de protéger les autres”, a répondu Léo,

Aujourd’hui âgé de 19 ans, il n’a pas flanché à la barre, même lorsque l’avocat de la défense l’a placé face à certaines contradictions dans ses auditions.

“Qu’avait-il à y gagner ? Rien. Il a perdu un père, de l’attention. (…) Il souhaitait juste qu’il reconnaisse”, a plaidé son avocate, Me Eve Mori-Cerro.

Le tribunal a ensuite entendu les réquisitions de Marie-Aude Fichet.

La magistrate du parquet a créé la surprise : si le ministère public avait jugé bon de poursuivre, elle a estimé qu’il n’y avait pas lieu de condamner.

“Je crois que ce sont deux souffrances qui se sont rencontrées, je vais requérir la relaxe. (…) Je pense qu’il y a eu une erreur d’appréciation de Dominique S., qui, n’ayant pas de pudeur, n’a pas apprécié celle de Léo. S’il y a eu des gestes déplacés, je pense qu’ils sont intervenus dans le feu d’un câlin, ou dans la scène qui vous a été décrite, dans un geste de pompier pour vérifier une cicatrice. (…) Pour moi, il n’y a pas eu d’intention”

L’avocate de l’instructeur, Me Céline Dangauthier, a rappelé :

“Léo a une blessure vis-à-vis du père qu’il a pu transposer. (…) Dominique S. n’est pas parfait mais il a de belles valeurs qu’il essaie d’enseigner aux jeunes. (…) Aujourd’hui, il a presque tout perdu : ses revenus, son honneur et sa réputation.”

Sans succès.

*prénom modifié

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