Ciivise | Accusée d’agression sexuelle la vice-présidente Caroline Rey-Salmon se met en retrait

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Une ancienne patiente l’accuse d’agression sexuelle au cours d’une auscultation gynécologique
Après sa mise en cause dans une plainte pour agression sexuelle, la nouvelle vice-présidente de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), Caroline Rey-Salmon, a annoncé le 7 février sa décision de « se mettre en retrait de ses fonctions ».

Sébastien Boueil, le nouveau président de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), relancée le 5 février par la ministre chargée de la Santé Catherine Vautrin, s’était engagé :

« Au slogan adressé aux victimes par la Ciivise 1, « on vous croit », nous allons ajouter « on vous protège, on vous accompagne »  ».

La promesse tiendra-t-elle face au scandale révélé par Franceinfo le 6 février ?

À peine nommée, la nouvelle vice-présidente de cette commission, Caroline Rey-Salmon, est en effet sous le coup d’une plainte pour agression sexuelle, selon des informations de Franceinfo.

Elle a annoncé, le mercredi 7 février, au lendemain de ces révélations, sa volonté de se « mettre en retrait de ses fonctions » au sein de l’instance.

Une décision confirmée par la Ciivise, qui a publié un communiqué dans lequel elle affirme la nécessité de ce retrait « pour la sérénité des travaux de la commission pendant tout le temps de l’enquête » et afin que « la Ciivise demeure un espace d’accueil privilégié et protégé pour la parole des personnes victimes ».

« J’ai l’impression encore une fois que la société se moque de moi »

La plaignante, une jeune femme de 25 ans, est une ancienne patiente de Caroline Rey-Salmon.

Elle avait déposé plainte le 5 février contre la pédiatre légiste et experte judiciaire, dont elle a croisé le chemin, il y a quatre ans.

Victime d’inceste pendant plusieurs années, Louison (prénom d’emprunt) aurait été orientée vers elle par la brigade de protection des mineurs (BPM), dans le cadre de l’enquête judiciaire, pour une expertise gynécologique, qui s’est déroulée à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu à Paris en juin 2020.

La jeune femme ressortira de cet examen avec la conviction d’avoir été de nouveau victime d’une agression sexuelle.

Après une première auscultation, la pédiatre lui aurait en effet affirmé qu’elle se « trompait », qu’elle « n’avait pas pu subir de viol vaginal » parce que son « hymen n’était pas déchiré ».

L’examen aurait ensuite dégénéré.

« Elle a posé ses doigts sur mon sexe, elle m’a dit : « Fermez les yeux, imaginez que là c’est le pénis de l’agresseur qui est sur vous.

Est-ce que vous ne pensez pas qu’il faisait plutôt ce geste-là ? » […]

Elle a fait à plusieurs reprises le geste de va-et-vient sur mon sexe »,

a témoigné la jeune femme auprès de Franceinfo.

Sans égard pour son malaise grandissant et sa difficulté à se remémorer ces épisodes traumatiques

« Moi je répétais : « je ne sais plus, je ne sais plus » »

Caroline Rey-Salmon aurait insisté :

« Si si, fermez les yeux, souvenez-vous, remettez-vous dans la scène. »

À ce stade la jeune femme aurait totalement « dissocié » et « oublié la suite de l’examen ».

Déjà engagée dans un processus pour faire reconnaître l’inceste dont elle a été victime, Louison aurait, à l’époque, renoncé à porter plainte.

Le sursaut serait venu après la découverte, en décembre dernier, de la présence de Caroline Rey-Salmon dans la liste des nouveaux membres de la Ciivise.

Des vérifications sur les documents de l’époque confirment alors à la jeune femme qu’il s’agissait bien de l’experte qui lui avait fait subir cet examen.

« Être à la tête de la Ciivise dont le but est justement de lutter contre les violences sexuelles et de protéger les enfants, je n’ai pas du tout confiance.

J’ai l’impression encore une fois que la société se moque de moi »,

a-t-elle déploré auprès de Franceinfo.

Une méthode qui fait bondir les anciens membres de la Ciivise

Cette méthode de mise en situation théorisée par cette médecin a fait bondir les anciens membres de la Ciivise.

Angélique Mouly s’insurge:

« Cette reconstitution du geste de l’agresseur est inadmissible, c’est imposer une nouvelle violence ! » .

Cette ex-membre de la première Ciivise, victime elle-même d’inceste, a démissionné lorsque le mandat de l’ancien président, Édouard Durand, n’a pas été reconduit, à l’instar de dix autres membres.

« Notre doctrine de départ était : « on vous croit, on vous protège »,

rappelle cette présidente du conseil de vie sociale de la Maison d’accueil Jean-Bru.

« Si une victime porte sa voix, la doctrine de la Ciivise est qu’elle dit la vérité.

Là, le nouveau président de la commission, Sébastien Boueilh, ne s’est pas rangé du côté de la victime mais de l’agresseur, en assurant son soutien à sa vice-présidente.

Il a même ajouté qu’il n’était pas pour les procès médiatiques et que madame Rey-Salmon saisirait certainement la justice pour diffamation.

Rien de moins qu’une procédure bâillon ! »

Les anciens membres démissionnaires s’inquiètent de ce nouveau coup porté à la crédibilité de cette commission indépendante et de sa réelle volonté de changer le système.

D’autant qu’avant le communiqué de la Ciivise, son président Sébastien Boueilh, s’était d’abord refusé à commenter la plainte déposée contre sa nouvelle vice-présidente.

Il avait cependant apporté « son soutien » à Caroline Rey-Salmon, affirmant :

« Si la victime a porté plainte tant mieux, je pense que Caroline le fera aussi et la justice tranchera. »

Sébastien Boueilh avait été nommé à la tête de cette Ciivise nouvelle mouture, en décembre dernier, sur fond de polémiques liées à l’éviction contestée du juge Édouard Durand.

Le gouvernement avait choisi en décembre dernier d’écarter ce juge pour enfant, malgré son travail comme coprésident, loué par tous.

Dans les colonnes de l’Humanité, ce dernier avait fustigé un gouvernement qui n’a « pas un mot de reconnaissance à l’égard des 30 000 victimes qui ont confié leur témoignage à la Ciivise », rappelant qu’elle avait été lancée « après un discours du président de la République, le 23 janvier 2021, qui s’adressait directement aux victimes », où il avait fait cette promesse :

« Vous ne serez plus jamais seules, on vous croit ».

Lors de la restitution du rapport, aucun représentant de l’État n’était présent.

 

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