Chilly-Mazarin | Un pédocriminel condamné pour avoir agressé sexuellement une jeune fille

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L’homme avait déjà commis des faits similaires en 2011
Présenté au tribunal judiciaire d’Évry-Courcouronnes (91) pour agression sexuelle sur mineure de plus de 15 ans, un homme a assuré sa défense sans avocat et a contesté jusqu’au bout avoir commis des gestes inappropriés.

Monsieur M. n’a personne pour assurer sa défense quand il se présente à la barre de la 7e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire d’Évry.

Il déclare qu’il n’a pas pu faire les démarches et demande le renvoi.

Les parties civiles tout comme le procureur s’accordent pour décréter qu’il aurait eu le temps de prendre contact avec un avocat.

De plus, l’homme habite dans le voisinage de la victime, absente de l’audience, mais dont les parents ont fait le déplacement et sont dans la salle.

La demande de renvoi est rejetée, Monsieur M. va être jugé.

Cet homme d’une quarantaine d’années est arrivé en France à l’âge de 12 ans.

Livreur Uber Eats, il vit entre le domicile familial et celui de sa compagne actuelle, présente aussi dans la salle.

À son casier judiciaire figurent plusieurs mentions, dont une pour agression sexuelle en 2011.

Reconnaît-il les faits qui lui sont reprochés aujourd’hui ? Sa réponse embrouillée n’est pas claire, la juge reprend donc la chronologie des événements.

À Chilly-Mazarin, Laura* 16 ans, s’est présentée au commissariat.

Alors qu’elle se rendait au cinéma avec une amie, elle a remarqué le regard insistant d’un homme à l’arrêt de bus.

Elle l’a recroisé un peu plus loin, lui l’a abordée, lui disant apprécier son style vestimentaire, et l’a suivie.

En se plaçant devant elle, il l’a fait s’arrêter et s’asseoir, mais avait l’air amical. Il était en train de boire de la vodka Redbull, elle a pris une de ses cigarettes.

La conversation a ensuite dérivé sur des sujets sexuels ce qui a mis Laura mal à l’aise. L’homme a alors fait une réflexion sur sa poitrine, a passé la main sur un de ses seins et lui a pincé le téton.

L’adolescente s’est enfuie. Chez elle, elle n’a d’abord rien dit à ses parents.

C’est plus tard en faisant les courses dans le quartier qu’elle a croisé une femme qui lui a dit qu’un homme avait mis une photo d’elle sur Instagram. Il s’agissait de l’actuelle compagne de Monsieur M., au courant qu’il a déjà une condamnation pour agression sexuelle et qui a voulu alerter Laura.

« Comment vous pouvez croire que cette jeune fille puisse avoir une conversation avec vous ? »

Monsieur M. a été entendu par les policiers et a livré une version à peu près similaire à celle de Laura, à l’exception qu’il s’est défendu de l’avoir touché.

« Elle m’a dit qu’elle avait 23 ans », argue-t-il à l’audience.

La juge brandit la photo de Laura dans sa direction :

« Comment vous pouvez croire que cette jeune fille puisse avoir une conversation avec vous ? C’est une enfant ! Moi, je la vois, je me dis même qu’elle a 14 ans ! »

Le prévenu affirme qu’elle était maquillée, répète qu’il regrette.

« On a discuté, elle a bu quelques gorgées avec moi. J’ai même pas touché, Madame la juge ! J’ai envoyé la photo sur Messenger à un ami. »

La juge rebondit brièvement sur le fait qu’il s’est autorisé à diffuser une photo de l’adolescente prise à son insu, mais revient sur l’âge de la victime :

« Comment avez-vous pu penser que vous pouviez la draguer, pardonnez-moi mais elle est un peu plus fraîche que vous, comment vous avez pu penser qu’elle pouvait s’intéresser à vous ? »

Laura n’était pas en état pour une confrontation avec le prévenu, qui à l’audience continue de nier avoir touché la poitrine de la jeune fille.

L’une des assesseures demande, non sans un certain énervement, à Monsieur M. comment il réagirait si un homme commettait le même type d’agression à l’égard d’une de ses propres filles.

Il bredouille encore, affirme qu’il a eu tort, que l’assesseure a raison, mais qu’il n’a pas agressé.

« Votre comportement est inadapté », reprend la juge.

« C’est une jeune fille qui a une petite amie, elle n’est même pas attirée par les hommes »

L’avocate de la partie civile évoque le préjudice de Laura et les conséquences de cette agression.

« Lui dit que c’est presque elle qui l’a abordé. C’est une jeune fille qui a une petite amie, elle n’est même pas attirée par les hommes. Elle n’a aucun intérêt pour ce Monsieur. »

Laura a subi du harcèlement scolaire par le passé, évoque également l’avocate :

« Elle retrouve de la joie de vivre après un parcours de vie compliqué. Aujourd’hui, elle a peur de le recroiser, ça lui a pourri ses vacances. Elle fait face, elle est forte, mais elle veut être entendue. C’est insupportable de le revoir et d’entendre qu’il nie. »

Laura souhaite qu’il n’y ait pas d’autres victimes. Son avocate réclame 2 000 euros pour préjudice moral.

Le procureur n’a pas de commentaires sur la version « délirante » du prévenu qui a du mal à en venir aux faits.

Il pointe le mode opératoire, une « forme de préméditation », un côté « prédateur » :

« Il a tout prévu mais on a affaire à une princesse qui a des ressources. »

Il signale enfin les antécédents de Monsieur F. qu’il qualifie de « pervers », « violent » et qui « n’hésite pas à passer à l’acte ».

Il requiert une peine mixte de deux ans d’emprisonnement dont un an assorti d’un sursis probatoire avec obligation de soins et interdiction de contact avec la victime.

En l’absence d’avocat pour le défendre, Monsieur M. a directement la parole :

« J’ai fait du mal moralement, je l’ai pas touché. Mes enfants, ça les touche, j’imagine si quelqu’un faisait ça à mon enfant. »

Au délibéré, il est reconnu coupable et condamné à un an d’emprisonnement, qui pourra peut-être être aménagé en fonction du juge d’application des peines, avec une peine complémentaire d’interdiction de séjour à Chilly-Mazarin.

Monsieur M. tente de reprendre la parole, mais est interrompu aussitôt par la juge qui lui intime sèchement de faire appel s’il souhaite contester sa décision.

*Le prénom a été changé.

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