Châteauroux | Dix mois avec sursis probatoire de deux ans pour atteinte sexuelle sur mineure

Un retraité condamné à 10mois ferme et 2 ans de SURSIS pour atteinte sexuelle sur mineure de moins de 15 ans

«- Je m’ennuie de toi. »

«- Moi aussi. »

Le contenu des messages échangés en fin d’année 2017 par Henri et Rachel (1) ne peut laisser imaginer, à première vue, que les deux correspondants étaient respectivement âgés de 62 ans et de 14 ans, lorsqu’ils les ont écrits.

Sexagénaire esseulé et dépressif, Henri s’était rapidement lié à l’adolescente qui venait lui donner un coup de main pour effectuer ses tâches ménagères.

Entre la mi-novembre et la mi-décembre, Rachel avait pris la succession de sa propre cousine à ce « poste » au domicile du retraité, dans le secteur d’Argenton.

Il avait envisagé, brièvement, d’épouser la jeune fille L’entente était particulièrement cordiale, à tel point qu’il avait pu déraisonnablement envisager d’épouser la jeune femme, une fois que celle-ci serait devenue majeure.

Rachel a confié aux forces de l’ordre avoir été touchée par Henri au niveau des fesses et du sexe – par-dessus ses vêtements.

« Sa plainte est intervenue à un moment particulier », rappelle le président, Philippe Vignon, qui juge le sexagénaire :

le prévenu avait été le premier à se tourner vers les gendarmes, pour dénoncer des vols de chèques à son domicile et des débits suspects sur son compte en banque.

Il avait retiré sa plainte, le lendemain.

À la barre et en l’absence de Rachel, Henri concède avec une spontanéité maladroite avoir administré « une petite tape sur les fesses » de l’adolescente.

Un geste effectué « en rigolant », selon le retraité, auquel aurait même assisté le petit ami de la plaignante.

« Avez-vous eu envie de faire l’amour avec elle ? » demande, sans détour, le président.

« Il n’en était même pas question », bougonne ce dernier, qui avait indiqué le contraire au cours de l’enquête.

Il avait bien envisagé, brièvement, d’épouser Rachel.

« Un moment de folie », estime aujourd’hui le prévenu, dont le discernement était effectivement « altéré » au moment des faits, selon un rapport d’expert psychiatre.

Représentant le Conseil départemental et les intérêts de Rachel, Me Christel Jousse souligne le caractère dérangeant des propos d’Henri.

« Il ne se ressent pas l’anomalie de la situation, l’impression qu’il se trouvait dans une relation de séduction » avec l’adolescente.

Et ce, même si l’impact des événements sur la jeune femme n’a pu être déterminé. Le retraité ne pouvait ignorer l’interdit.

« Une situation, à minima, douteuse »

Le ministère public, par la voix de Wiebke Trumm, rejoint cet avis :

« Le prévenu aurait dû mettre fin à la relation troublante qui s’instaurait entre Rachel et lui ».

Et outre le fait qu’il s’attirait les faveurs d’une mineure de moins de 15 ans,

« il faisait l’économie d’une aide ménagère qu’il aurait dû déclarer ».

Le parquet requiert douze mois d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire de deux ans, ainsi qu’une interdiction d’exercer une activité auprès d’enfants.

« Rachel s’était dite âgée de 17 ans, rappelle la défense. Elle n’aurait travaillé en tout, que trois fois une heure, venant systématiquement accompagnée et aurait largement alimenté une situation, a minima, douteuse ».

Après son dépôt de plainte pour vol, « le sexagénaire l’avait retirée car la famille de l’adolescente l’avait menacé d’en déposer une pour agression sexuelle, s’il ne se rétractait pas, relate l’avocat.

Henri n’a jamais eu l’intention de passer à l’acte physiquement », ajoute-t-il.

Le tribunal déclare le prévenu coupable d’atteinte sexuelle sur une mineure, ainsi que de son emploi dissimulé et le condamne à dix mois d’emprisonnement, assortis d’un sursis probatoire de deux ans, avec des obligations de soins, d’indemniser la partie civile – à hauteur de 800 € – et de payer le Trésor public.

Henri fera l’objet d’une inscription au Fichier automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais).

(1) Les prénoms ont été changés

source : lanouvellerepublique