Canada | Nouvelles découvertes macabres près d’un pensionnat pour autochtones

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Un « génocide culturel »
« Nos cœurs sont lourds aujourd’hui. C’est inimaginable. » Michael Starr, le chef d’une communauté autochtone de l’ouest du Canada, peine à trouver les mots.

Jeudi, de possibles tombes anonymes et un os d’enfant ont été retrouvés près d’un ancien pensionnat canadien pour autochtones. 

Depuis un an et demi, plus de 1.300 tombes d’enfants ont été retrouvées près de ces institutions où étaient enrôlés de force les enfants autochtones, provoquant une onde de choc dans le pays et une prise de conscience nationale du sombre passé colonial.

A Lebret, dans la province de la Saskatchewan, un radar a permis de découvrir près de « 2.000 zones » suspectes qui doivent faire l’objet d’une recherche approfondie, a expliqué jeudi la communauté crie de Star Blanket.

Un chiffrage précis du nombre de tombes est encore impossible avant de plus amples investigations car chaque « zone » n’est pas obligatoirement synonyme de sépulture anonyme, a précisé Sheldon Poitras, qui a mené les recherches.

Toutefois, a été également découvert un fragment d’os de mâchoire d’un enfant datant d’environ 125 ans, la « preuve matérielle de la présence d’une sépulture non marquée », a noté Sheldon Poitras.

Par voie de communiqué, le premier ministre Justin Trudeau s’est dit « profondément attristé et bouleversé » par la découverte de cette sépulture non marquée.

Il a écrit :

« Aucun enfant n’aurait dû être arraché à sa famille.

Aucun enfant n’aurait dû se voir priver de son enfance, de sa culture, de sa communauté ou de sa langue.

Aucun enfant n’aurait dû subir les violences inimaginables, la solitude et la peur vécues aux soi-disant pensionnats comme celui de la vallée de la Qu’Appelle.

Et aucun enfant n’aurait dû passer ses derniers moments à souffrir dans un pensionnat et se faire voler sa vie »

Sur les médias sociaux, le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, a quant a lui souligné :

« La découverte d’ossements d’un très jeune enfant sur le site du pensionnat Lebret est un rappel tragique de l’histoire douloureuse du Canada et des actes odieux qui ont été commis dans les pensionnats ».

Jeudi, le Premier ministre Justin Trudeau a qualifié cette annonce de « difficile » et admis que « le travail ne faisait que commencer », promettant l’aide du gouvernement à chaque étape.

Un « génocide culturel »

C’est sur les indications d’anciens élèves du pensionnat que les zones de recherche avaient été sélectionnées près de ce pensionnat administré par l’Eglise catholique et ouvert jusqu’en 1998.

Ce pensionnat fédéral, l’une des trois premières « écoles industrielles » à ouvrir au Canada, a été administré de 1884 à 1973 par des communautés religieuses catholiques, les Missionnaires oblats de Marie-Immaculée et les Sœurs grises.

L’école Lebret a aussi porté les noms de Qu’Appelle, St. Paul’s et Whitecalf, elle a brûlé et a été reconstruite à deux reprises.

L’établissement fédéral est resté ouvert ensuite pendant encore 25 ans, jusqu’à sa fermeture définitive en 1998, il y a 25 ans seulement.

On estime que pendant plus d’un siècle, 150 000 enfants autochtones au Canada ont été forcés de fréquenter des pensionnats fédéraux, où ils ont été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture où on voulait « sortir l’Indien en eux ».

L’école Lebret a souvent connu des épidémies et affiché un taux de mortalité élevé, selon le rapport de la commission.

En 1891, le pensionnat signale que depuis son ouverture sept ans plus tôt, il a renvoyé 174 élèves, dont 71 sont morts.

Des milliers n’en sont jamais revenus.

Le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation contient d’innombrables témoignages d’agressions physiques, sexuelles, psychologiques et spirituelles commises dans ces pensionnats fédéraux.

Une commission d’enquête nationale avait qualifié en 2015 ce système de « génocide culturel ».

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