Cahors | le procès de l’inceste, après la nièce, ses deux filles… il serait bipolaire !

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Traumatisée, une des 2 filles ne veut plus porter le nom de son père !
Un homme d’une cinquantaine d’années, résidant dans le Lot, a été condamné par le tribunal correctionnel de Cahors, pour agression sexuelle sur sa nièce et sur ses deux filles…

Marc (le prénom a été changé), un homme approchant la cinquantaine, a été appelé à la barre du tribunal correctionnel de Cahors, le 23 septembre 2022.

Il est poursuivi dans le cadre de deux affaires d’inceste ; l’une remontant à plus de 6 ans, concernant sa nièce âgée de 17 ans au moment des faits, l’autre intéressant ses deux filles, âgées respectivement de 13 et 12 ans, pour des actes commis en juillet 2022.

Le 27 juillet 2022, alors qu’il a la garde de ses deux filles pour le week-end, dans le cadre des dispositions fixées suite à son divorce avec leur mère, Marc était dans la chambre des enfants, pour regarder un film avec elles.

Il s’allonge sur le lit, entre elles… Quelques instants plus tard, l’aînée appelle leur mère, lui demandant de venir les chercher, « car il s’est passé quelque chose de très grave »…

Il s’en prend à l’aînée, puis à la cadette

Alors que les deux filles étaient allongées sur le lit, le père s’est tourné vers l’aînée en lui donnant des baisers sur la bouche, avant de se livrer à des attouchements sur la poitrine.

Lorsqu’elle lui demande d’arrêter, il s’exécute et se retourne alors vers la cadette et recommence le même scénario, allant plus loin encore.

Il s’allonge sur l’enfant et descend ses mains sur les fesses… Lorsqu’elle l’implore d’arrêter, il cesse… Mais le mal est fait !

La mère des fillettes se souvient d’une histoire avec sa nièce remontant au moins à 6 ans.

Seulement à ce moment-là, Marc avait nié les faits et la procédure était restée lettre morte.

Le président Philippe Clarissou, passe le rapport des enquêteurs au peigne fin.

Il fait part des souffrances générées chez les adolescentes : repli sur soi, inhibition, fragilités…

Pour l’heure, l’expert psychiatre n’a relevé aucun trouble particulier mais pointe pour les deux filles, une « problématique familiale non sécurisante ».

À l’issue d’un exposé liminaire des faits, le président pose au prévenu une première batterie de questions :

– Que dites-vous de tout ce que nous venons d’entendre, des faits qui vous sont reprochés ?

Le prévenu répond :

– Rien ! Je suis perdu, je ne sais pas ce que j’ai fait

Le président reprend :

– Vous les avez commis, les actes qu’on vous reproche ?

Marc déclare :

– Oui, j’ai bien embrassé et caressé les deux !

Le président :

– Comment expliquez-vous cela ?

Marc marmonne :

– Je ne sais pas…, c’est irréparable. Mais ce n’est pas parce que j’aurais été attiré par elles, c’est plutôt un manque d’affection…

Après son divorce, Marc avait retrouvé une compagne.

Or, la relation était éteinte au moment des faits, il y a près de 5 mois.

Ses deux filles venaient passer le week-end chez lui, dans le cadre du droit de visite.

Pas d’inquiétude particulière jusque-là, ni de la part des enfants, ni pour la mère.

Le prévenu affirme souffrir de troubles bipolaires…

Philippe Clarissou, ne se satisfait pas des réponses du prévenu, il revient à la charge :

– Dites-nous comment cela s’est déroulé !

Marc indique :

– On avait décidé de regarder un film ensemble, mais je ne sais pas ce qui s’est passé dans ma tête, j’ai dépassé les limites

Le président relève :

– C’est un peu plus grave que ça !

Le prévenu répète :

– J’étais perdu dans ma tête, je ne savais pas ce que je faisais

 

– Vous prenez de l’alcool ?

 

– Non !

 

– Des stupéfiants ?

 

– Non ! »

Marc ne parvient pas à expliquer comment il en est venu à commettre ces agressions sexuelles, d’autant qu’on apprend que ce n’est pas la première fois.

Il estime avoir un problème psychologique.

Il dit avoir arrêté des soins à la séparation avec sa deuxième compagne et il précise qu’il souffre de troubles bipolaires.

Invitée à s’exprimer, l’ex-épouse du prévenu estime que Marc a été un « super papa » au cours de la petite enfance des filles.

Elle reconnaît qu’un changement de traitement a eu des effets sur le comportement de son ex-mari, le rendant « moins patient ».

Peu après la séparation du couple, Marc a quitté le Lot, pour aller vivre en Normandie, où il recevait les filles chez sa nouvelle compagne.

Tout sembler se passer au mieux.

La mère déclare :

« Je ne m’attendais pas à ce qu’il touche à nos filles ! J’avais toute confiance en lui. »

  • Suite au traumatisme causé par ces agressions sexuelles, l’une des filles ne veut plus porter le nom du père et l’a enlevé de son album photos.

Me Émilie Geffroy demande au prévenu, comment il se serait arrêté, si les filles n’avaient rien dit.

Il assure :

« Je me serai arrêté avant d’aller trop loin ! »

Puis vient le témoignage de la nièce, qui s’avance à la barre du tribunal.

Le témoignage de la nièce du prévenu

Dans la deuxième affaire de cette comparution, il s’agit de la nièce de Marc.

Celle-ci, qui avait vu son dossier se refermer à l’époque des faits, en apprenant ce qui venait de se passer cet été, pour ses deux cousines, a souhaité porter plainte, elle précise :

« Je n’arrive toujours pas à tourner la page ! »

Les faits incriminés auraient eu lieu en 2016, âgée de 17 ans à ce moment-là, la nièce raconte avoir été victime d’une agression sexuelle chez elle.

Cela se serait passé le jour où Marc l’aurait raccompagné en voiture à son domicile.

Plutôt que de continuer sa route après l’avoir déposée, il serait descendu de son véhicule et se serait incrusté dans le logement de sa nièce.

Elle précise :

« De voir comment cela se passait, m’a mis mal à l’aise dès le départ, mais que dire… C’est mon oncle ! Je lui sers un café, en espérant qu’ensuite il partirait… Au lieu de quoi il me propose de parler un peu et me demande de venir m’asseoir près de lui sur le canapé. J’étais pétrie de peur et c’est à ce moment-là qu’il se met à me caresser le dos en descendant… Tout d’un coup, je me suis retrouvée tétanisée, je ne pouvais plus bouger… Et il continue de me caresser jusque sur mes parties intimes… Voilà c’est quelque chose que je n’ai pas réussi à digérer depuis ce moment, car on ne m’avait pas crue. Et je ne voudrais pas qu’aujourd’hui il se réfugie derrière la maladie. Il ne se rend pas compte de ce qu’il m’a fait ! Être intéressé par sa nièce et ses filles, ça me fait vomir ! »

La jeune femme, ajoute que l’agression sexuelle qu’elle vient de décrire n’était pas la première fois où elle subissait les assauts de son oncle.

Elle précise :

« Déjà plus jeune, j’avais été choquée par ses comportements. Par exemple, un jour, alors que j’avais 8-10 ans, il avait cherché à me toucher les seins… J’avais été paniquée également la fois où pour me réprimander, il m’avait enfermée dans une chambre, j’étais petite à ce moment-là et j’avais eu peur ! »

Marc baisse la tête, durant tout ce récit… il ne conteste pas les dires de sa nièce, mais assure ne pas s’en souvenir.

Le président Clarissou, termine l’examen de la personnalité du prévenu et relève le fait sous la signature des experts que la souffrance du prévenu lui a fait rechercher de l’affection auprès de personnes évoluant sous son autorité.

À présent Marc vit chez sa mère et ne travaille pas.

Le président lui demande :

– Vous faites quoi de vos journées ?

Soulignant que son objectif est de retrouver du travail et de suivre des soins, Marc répond :

– Rien !

Me Émilie Geffroy, représentant les intérêts de la mère et des deux filles, se demande quel sera l’impact de ces agressions sexuelles envers les victimes, quand on entend la nièce expliquer plus de 6 ans après les faits, qu’elle ne s’en est toujours pas remise…

Elle souligne l’importance de l’audience « qui libère la parole ».

Elle demande le retrait de l’autorité parentale et l’interdiction pour Marc d’entrer en contact avec son ex-épouse et leurs deux filles.

Elle sollicite 4 000 € pour chacune des filles au titre du préjudice moral et 2 000 € pour la mère, plus 50 € pour la consultation d’un psychiatre et 1 000 € pour frais d’avocat.

Me Sonia Hadot-Maison, avocate de la nièce du prévenu fait valoir pour sa part la souffrance endurée par sa cliente qui a été confrontée à la prédation de son oncle, de longue date, sans que cela soit pris en compte.

Elle dénonce le comportement malsain de cet oncle, qui voulait profiter de l’innocence de sa nièce.

Elle affirme :

« Elle a maintes fois ressassé en silence ce qu’elle a vécu, avec un retentissement évident sur son rapport aux autres et aux hommes en particulier »

L’avocate est convaincue de la nécessité d’un suivi psychologique pour Marc, afin d’éviter une réitération des faits.

Elle sollicite 3 000 € (plus 800 € pour frais d’avocat) pour le préjudice moral de la nièce et demande le prononcé d’une interdiction du prévenu d’entrer en contact avec elle.

Le Substitut du Procureur, Patrick Serra rappelle :

« Du père, de l’oncle, on attend protection et assistance »

Le magistrat se demande si le prévenu mesure l’ampleur des dégâts causés à ses victimes.

Il requiert 1 an de prison avec interdiction d’entrer en contact avec la nièce, 10 ans de suivi socio-judiciaire et 3 ans de prison en cas d’inexécution, injonction de soins, interdiction d’exercer une activité en présence de mineurs, privation d’éligibilité, retrait de l’autorité parentale…

Me Mustapha Yassfy, défenseur du prévenu, évoque un drame familial, commis par celui-là même qui avait su chérir ses filles, avant d’être atteint de bipolarité.

L’ancien bâtonnier fait part des phases qui perturbent l’existence de son client victime d’un syndrome maniaco-dépressif, le faisant passer de la morosité à des pertes de poids, de l’insomnie à l’apathie, des difficultés à se concentrer à des pensées suicidaires…

Il s’exclame :

« Il est des phases où il ne contrôle plus rien ; désinhibé, il aborde ses deux filles avant de repasser dans la culpabilité ; oui il a besoin de soins ! »

Me Yassfy décrit une personne psychiatriquement malade, bipolaire, qui doit suivre des soins.

Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné Marc à :

– dossier de sa nièce : 18 mois de prison avec sursis, 2 000 € (+ 800 €),

– dossier des deux filles : 12 mois de prison ferme, suivi socio-judiciaire de 6 ans, obligation de soins, de travail, interdit de contact avec ses deux filles pendant 2 ans, interdiction de toute activité avec des mineurs pendant 10 ans, inéligibilité pendant 5 ans, retrait de l’autorité parentale, 3 000 € pour chacune des deux filles, 50 € pour la consultation médicale, 600 € pour la mère et 1 000 € pour frais d’avocat.

Le prévenu dispose d’un délai de 10 jours pour interjeter appel.

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